Retour au travail agréable le lundi 5 janvier dernier : je revois avec plaisir les collègues et, après les épisodes de rhume-grippe de ce monde qui frappèrent solidement plusieurs d’entre nous pendant les Fêtes, je me sens un peu mieux…
Puis la nouvelle tombe : les appels d’offres, concernant l’achat de matériel techno-pédagogique, que j’attends personnellement depuis août dernier (procédures d’achat retardées au 1er décembre pour le dépôt de l’appel d’offres, etc.), ont été bloqués ! QUOI ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Non, mais… Etc. Tout ça me lève le coeur, me monte à la gorge, j’ai envie de crier de désespoir, mais que puis-je y faire, tout se passe si haut et si loin de nous, pauvres mortels sur le plancher des vaches 🙁
Et hop, on re-re-re-re-re-retarde encore et encore et encore des projets qui pourraient motiver nos élèves souvent en difficultés, les aider à réussir par delà cette motivation, etc. Tant de choses re-re-re-re-reportées. Frustration. J’en saigne… (D’où le titre, vous l’aviez deviné.)
Tout ça s’ajoute à un cocktail d’annonces plus pessimistes les unes que les autres qu’on nous avait poivrées juste avant Noël… Ça finit par faire lourd à digérer, tout ça.
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Alors, tout en exprimant quand même, sur le coup, un tout petit peu mon immense frustration sur les réseaux sociaux, je me suis aussi questionné publiquement : je voulais savoir pourquoi ce blocage ? Qui a bloqué ? D’où vient ce blocage ?… Parce que sans l’info, on peut imaginer un paquet de choses allant des lobbys puissants visant à imposer un produit quelconque (et dont souvent personne SUR LE TERRAIN ne veut) jusqu’à une procédurite aigüe provenant de l’immense structure souvent perçue comme castrante pour quiconque a des projets et veut les réaliser pour cette génération-ci d’élèves…
Aussi, je suis bien content que des gens aient eu l’idée de creuser le dossier. Il y a d’abord eu un billet de blogue de Mario Asselin qui faisait état de cette source d’information du CCSR (Centre collégial des services regroupés), centre par lequel on est cette fois passé pour cet achat de masse, laquelle info n’est pas très explicite et qu’on peut plus ou moins bien interpréter. Par exemple, en voyant une petite liste de 4 modèles ou types de tablettes, on pourrait déduire à tort que seuls ces modèles sont admis, et on ne connait pas tous très bien ces modèles… ou bien le milieu n’en veut tout simplement pas ou n’en a jamais fait la demande…
Puis, en jasant ici et là, au moins deux personnes, plus ou moins explicitement selon le cas, m’ont mis sur une piste tout aussi intéressante que déplorable : il y aurait eu des problèmes dits techniques avec la procédure d’appels d’offres et de soumissions. Mais alors de quel côté est le bogue ? me suis-je demandé. Les formulaires d’appels d’offres auraient été mal remplis ? Une source m’a alors dit que c’était une grande compagnie* qui aurait volontairement introduit des bogues techniques sur les formulaires de soumissions envoyés au CSSR, pour soi-disant protester contre la lourdeur de la procédure.
Cette information devait être “confirmée”, sans toutefois qu’on nomme la compagnie, par Yves Therrien le lendemain, dans son article paru dans Le Soleil du 9 janvier dernier.
Et là, mon questionnement se fit encore plus grand : mais pourquoi ? Pourquoi “casser du sucre” sur nos pauvres dos déjà surchargés par les lourdeurs du système, par la tâche, par les dernières nouvelles de nos dirigeants politiques qui ne savent pas vraiment ce qu’on fait réellement sur le terrain, qui nous abreuvent d’inepties en ces temps d’austérité, laissant planer le pire pour l’avenir de NOS enfants ? Etc. Et surtout, pourquoi mettre un frein à des projets élaborés pour ces enfants, afin de les aider à développer des compétences essentielles au 21e siècle dont le 1/6e est déjà passé, soit dit en passant ! Bref, la “folle du logis” s’est emballée un moment, le temps de me verser un café, de respirer un grand nombre de bouffées d’air, puis de (re)commencer à réfléchir.
Je comprends très bien que la procédure d’achat est d’une lourdeur incommensurable, ou presque. Il faut aussi dire que, depuis la saga scandaleuse des TBI payés bien trop cher, le gouvernement joue de prudence. Avec toutes les directives austères du Trésor actuel, il y a une raison de plus pour être frileux sur les achats. Je me suis même fait dire que la partie “contribuable” en moi devrait être heureuse, puisque “mon” argent était dépensé avec parcimonie et prudence, etc. Mais mon jupon de prof refusait de ne pas dépasser cette fois-ci, peut-être parce que ça fait trop d’années que j’attends de voir se concrétiser des projets qui me tiennent à coeur pour mes élèves et pour lesquels projets j’ai déjà investi beaucoup de mon temps et de mon énergie. Alors malgré que je comprenne la lourdeur de la procédure, que je comprenne qu’une grosse compagnie veuille probablement s’en affranchir et faire affaire directement avec les écoles ou les Commissions scolaires (CS), je déplore haut et fort que cette protestation de compagnie se fasse sur notre dos et qu’elle ait pour effet très pervers de tout arrêter encore une fois et que nous nous retrouvions devant rien OU PRESQUE.
J’ajoute “ou presque”, car, grâce à la bonne volonté de certaines personnes dans nos CS et dans nos écoles, des commandes plus petites (moins de 100 000$) pourront être passées et nous pourrons avoir UNE PARTIE de l’équipement requis pour la réalisation de certains projets. Par exemple, chez nous, ça devrait (au conditionnel—voir MISE À JOUR ci-dessous) être le tiers de l’équipement prévu. Concrètement, je ne sais pas encore comment ça pourra se réaliser : faire moins de projets parce que équipement moindre, rendre l’équipement plus mobile d’une classe à l’autre (avec les contraintes de réservations et de déplacements du matériel entre les pavillons…), privilégier un projet dit plus important au détriment des autres projets. Bref, vous voyez allègrement le genre de choix déchirants qui seront à faire, tout ça si une autre brique ne nous tombe pas sur la tête entretemps, car on ne sait jamais en ces temps incertains.
Pendant ce temps, tempus fugit, comme on dit. Et comme je le disais plus tôt, après toutes ces années à attendre (activement, mais attendre quand même, avec des “en-attendant”**), après toutes ces déceptions accumulées, après que le 1/6e du 21e siècle soit passé déjà sans que l’intégration des TIC, presque omniprésente dans les sphères de notre société, n’ait toujours pas vraiment franchi le seuil des écoles***, après tout ça, donc, je me demande sincèrement si nous allons finir par entrer dans le 21e siècle quand les calendriers seront rendu… au 22e !
MISE À JOUR : 2015-02-16 :
1/3 de la commande prévue est arrivé depuis plus d’une semaine. Il y a eu bogue concernant les étuis des iPad : la commande de ces étuis a dû être reprise… Malédiction, dirait mon collègue. Le problème est sur le point d’être réglé, cependant.
Beaucoup de gens ont travaillé fort afin de concrétiser le tout, mais des obstacles demeurent. Comment, par exemple, gérer l’utilisation d’un charriot de plus de 150 lbs qui ne sera pas transportable d’un étage à l’autre (escaliers seulement)? Comment procéder pour réserver ledit charriot ? Etc.
Ça avance, au moins… c’est ce que je me dis. Et me répète.
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*Certaines sources m’indiquent le nom de LA grosse compagnie, mais je ne la nommerai pas…
**Les “en-attendant” dont je parle, c’est pallier le manque d’équipement :
- en continuant d’aller au laboratoire d’informatique (façon de faire un peu “années 1990” pour “pratiquer” les TIC au lieu de les intégrer vraiment, au quotidien)
- en demandant aux élèves qui ont leurs appareils de les apporter et de se relier au sans fil (une chance, dans ma CS, au secondaire du moins, nous avons un bon réseau). Ceux qui n’ont pas d’appareil doivent alors se jumeler à quelqu’un qui en possède un.
- en demandant aux élèves de faire des trucs chez eux, avec les équipements disponibles à la maison. Évidemment ici, pour ceux qui peuvent…
***Par contre, dans les écoles privées, les tablettes entrent actuellement en grand nombre, ces écoles n’étant pas soumises au même règles que les écoles publiques qui, regroupées en CS, forcent la procédure d’achats, ceux-ci dépassant alors facilement les 100 000 $ fixés comme limite. De là à dire que le gouvernement avantage le privé, il n’y a qu’un pas… que je ne franchirai pas (pas tout de suite !).
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