Temps perdu … à compter le temps

CartePunch…ou la carte-à-punchisation des profs 🙁

Ça fait longtemps que le sujet me fait rager, qu’il me dérange profondément de par son absurdité fondamentale, et que, si le ridicule tuait, il serait mort et enterré depuis sa naissance au moins…

Je parle ici de l’entourloupette nationale qui fut un «cadeau» reçu avec une supposée équité salariale obtenue, supposément de force, et avec un bonheur béat de remerciement au bon gouvernement pour faveur obtenue, etc. Quelle faveur ? Je ne suis pas sûr qu’on ait reconnu ce à quoi nous avions vraiment droit. Des ententes alambiquées au superlatif comme ça, on pourrait s’en passer. Quel ri-di-cu-le.

Trêve de préambule, voici ce pourquoi j’enrage chaque année…

Une fois toutes les tâches attribuées aux enseignants, soit l’enseignement comme tel (les cours qu’on donne), les ATÉ (Autres Tâches Éducatives – en présence d’élèves), les TCO (Tâches COmplémentaires – appels aux parents, comités sur lesquels siègent des enseignants, réunions, etc.), sans compter les heures reconnues – mais qui doivent être faites à l’école, sauf les 8 dernières heures pour un total de 40h – de TNP (Travail de Nature Personnelle – lectures, préparations de cours, corrections, etc.), une fois toutes ces tâches attribuées, en nombre de minutes par semaine ou par cycles de 9 jours, selon l’horaire suivi, il nous faut sombrer dans le ridicule d’entrer dans un horaire fixe des tâches à durées variables, qui surviennent la plupart du temps – sauf pour les cours – à des moments variables et d’intensité tout aussi variable !!! La jungle des chiffres décortiqués, des calculs de quantité de non-sens au cube, etc. Et le temps que l’on prend pour remplir et calculer n’est pas reconnu ni déductible, un coup parti dans le ridicule !!!

En plus, les abréviations et autres acronymes peuvent varier d’une CS (Commission scolaire) à l’autre, ou d’une école à l’autre peut-être même…

Au secondaire, nous avons en moyenne ceci :

Enseignement (Autrefois appelé le “A”) : 24 périodes de 75 minutes par cycle de 9 jours. En fait, la véritable moyenne doit se situer à exactement 24,6, budgétairement parlant, pour les administrations des écoles, de sorte que certains enseignants ont 25, 26 ou 27 périodes de cours au lieu de 24.

ATÉ (Autrefois appelé le “BCD”, qui complétait le “A”) : 4,8 périodes par cycle de 9 jours. (Ou moins, si l’enseignant dépasse 24 périodes de cours: le total A + ATÉ doit donc être de 28,8 périodes par cycle de 9 jours exactement !)

TCO: 10,08 périodes par cycle de 9 jours, dont 4,08 reconnues pour accueil et déplacement, etc.

TNP: 7,2 périodes par cycle de 9 jours pendant 22,22 cycles ou 5 heures par semaine pendant 40 semaines. De ce 7,2 périodes, on doit en entrer 6,2 dans l’horaire, car 1,0 période/cycle est reconnue pour les rencontres de parents aux bulletins, les rencontres de niveaux (10 rencontres par année).

Au total, donc, l’enseignant est réputé travailler 46,08 périodes de 75 minutes par cycle de 9 jours ou, si l’on veut, 32h par semaine à l’école. (La majorité fait plus que cela, c’est d’une évidence même, mais il faut calculer tout ça quand même et l’entrer dans un horaire tout aussi fictif, car il correspond très rarement à la réalité.)

À cela s’ajoute 8 heures par semaine de TNP reconnu pour être fait à la maison. (En cette ère où le télétravail est de plus en plus répandu, il apparait quand même un peu (!) anachronique de comptabiliser le TNP fait à l’école et celui fait à la maison: distinction bien inutile à mon avis !)

Tout le reste doit être fait à l’école obligatoirement. Ne manque que la carte à punch !

Toutes ces heures doivent être passées à l’école pour prouver ainsi qu’on mérite d’avoir le salaire désormais équitable. Lors des négociations de cette équité (quel drôle de concept), les enseignants avaient été invités à faire la preuve qu’ils travaillaient environ 40 heures par semaine au total, car les profs, ça fait bien plus que donner des cours. Et bien plus aussi que les préparer et faire les corrections des piles de travaux tout au long de l’année…

Là où le bât blesse, c’est que la très grande majorité des enseignants se donne généreusement à l’ouvrage et qu’à chaque fois qu’on tente de comptabiliser ce coeur qu’on met à l’ouvrage, l’effet en est un de grande démotivation… S’il y a quelques enseignants qui ne se forcent pas, les directions ont simplement à les avertir, les encadrer, eux. Pour le reste, c’est une insulte à notre professionnalisme, une logique “ouvrière” (probablement héritée des syndicats des années 1960 ! – Je n’ai rien contre les ouvriers ou les usines, mais l’école n’est PAS une usine, tout simplement, quoique parfois, à la regarder, on pourrait la confondre avec une usine à notes, ou à résultats à entrer dans un éventuel palmarès !!!)

Un autre élément irritant au maximum, ce sont les quelques congés de maladie que plusieurs prennent pour, entre autres, corriger les interminables piles de travaux d’élèves. Déjà cette réalité, juste comme ça, est un pur non-sens en soi. Je connais des enseignants qui seraient prêts à monnayer ces congés de maladie, comme ça se fait ailleurs et comme ça s’est déjà fait en enseignement avant 1996. Cette année-là, on a aboli la monnayabilité des congés de maladie pour les enseignants permanents (Les précaires, vu la fin de leur contrat, se voient monnayer ces congés en juin, puisqu’ils n’ont plus de lien d’emploi avec la CS), les congés étant, après une soustraction d’une journée, versés dans une banque qu’il sera éventuellement possible d’écouler un jour… Pour avoir déjà vu des gens dans ce système-là il y a près de 20 ans, qui voulaient écouler une demi-année accumulée, voire plus, se faire refuser un tel “congé”, les profs se disent que les règles auront bien le temps de changer 3 fois avant que la retraite n’arrive, de sorte qu’on perdra sûrement cette banque, etc., de sorte qu’ils prennent au fur et à mesure ces congés, chaque année.

Là où le ridicule tue (!), c’est lorsque l’on applique l’horaire “fictif” mentionné plus tôt à cette banque de congés. Un enseignant qui est absent pour donner son cours doit être remplacé, normal ! Un enseignant voit à la préparation des périodes où il s’absente, à moins d’un grave accident sur le chemin du boulot ou d’une maladie subite, etc. Sinon, pour un rendez-vous médical, par exemple, la période se planifie. Les autres tâches, comme les ATÉ, TCO ou TNP, sont reprises à d’autres moments dans la semaine ou le cycle de 9 jours; encore là, normal, car il faut bien que “la job se fasse” d’une manière ou d’une autre ! C’est lorsqu’on coupe une demi-journée pour une seule période de cours que l’illogisme apparait: situation d’autant plus questionnante pour une demi-journée où l’enseignant n’aurait rien d’inscrit à son horaire, autre que la période de cours… Etc. Vous voyez le genre de manque de logique 101…

Bref, si on se met à baliser trop de détails juste pour satisfaire Pierre, Jean, Jacques, son père et sa mère, on arrive rapidement à ce genre d’illogisme institutionnalisé.

Alors,

  • qu’on laisse donc les enseignants enseigner et faire apprendre leurs élèves en les plaçant dans des situations d’apprentissages pertinentes et signifiantes,
  • qu’on laisse donc les enseignants travailler de façon professionnelle et autonome sans les encadrer avec des trucs alambiqués, ridicules ou simplement infantilisants,
  • qu’on laisse donc les enseignants passionnés se développer et faire se développer leurs élèves au rythme des passions de chacun,
  • et qu’on encadre les quelques uns qui restent !

Merci !

P.S.: Ah oui, j’ai oublié de mentionner, pour les chiâleux de ce monde, que les profs sont payés seulement 200 jours par année, mais que, depuis la fin des années 1990, le tout est réparti sur 260 jours, de sorte que les profs moins prévoyants reçoivent un montant (déjà travaillé) pendant leurs «vacances» d’été qui se trouvent, techniquement, à être à leurs frais… Alors mieux vaut en être informé également avant de conclure trop rapidement 😉 !

Un cri du coeur

Hier soir, une amie me fait part de l’agression qu’a subie son fils à son école primaire. Triste événement comme il s’en produit malheureusement trop dans une seule journée… Pour son fils, c’est une énième épreuve, puisqu’il y a déjà eu pareils événements, le tout durant depuis plusieurs mois.

Que faire pour que cesse cette violence insensée ? Que faire à part crier sa douleur ?

Voici un cri du coeur écrit par cette mère à qui j’ai offert humblement de publier ici, pour laisser des traces et pour que de plus en plus de gens prennent conscience de l’urgence d’agir... Pour partager sa douleur, aussi…

munch_TheScream

Je suis tombé par terre, c’est la faute à…

De Gavroche, aujourd’hui, mon fils avait l’air dépenaillé : culottes déchirées, mine défaite, visage couvert de larmes. Pourtant, il n’était pas monté aux barricades, brandissant l’étendard rouge de la Révolution. Il n’avait pas défendu de grands principes comme l’égalité, la liberté ou encore la fraternité. Non, il s’était contenté comme tout jeune Québécois de dix ans d’aller à l’école et d’y aller pour en revenir plus instruit, plus socialisé et plus qualifié[1]. Il l’avait fait avec sa bonne humeur et sa naïveté naturelles, persuadé comme chacun de ses camarades de classe qu’il n’y avait rien de risqué, rien de dangereux là.

Et pourtant, ce soir, c’est les hanches couvertes d’ecchymoses, c’est la douleur dans le corps et dans l’âme, c’est l’air triste et abattu qu’il est sorti de l’école, clopinant sur une jambe et grimaçant à chaque fois qu’il posait le pied par terre! Comment ça? Pourquoi? Que s’est-il passé? Il s’est fait agresser. Simplement. Gratuitement. Sans aucune raison sinon d’avoir attrapé un ballon à la place d’un autre. Ce même autre qui, il y a six mois, le rouait de coups de pieds dans le ventre parce qu’il lui avait coupé le chemin! Ce sera quoi la prochaine fois? Parce qu’il y aura fatalement une prochaine fois. Pas que je souhaite du mal à mon fils, vous pensez bien! Non, mais parce que je sais, et ça me fait un mal de chien d’écrire cela, que ça recommencera, encore et encore, que ce soit mon fils la victime ou un autre enfant.

Il y en aura toujours un pour se croire plus fort, pour se croire tout permis, pour violenter un plus petit, un plus doux, un plus inoffensif, parce qu’il n’y a jamais de véritables actions qui sont posées contre ces bourreaux en culottes courtes. Il y a le laxisme des éducateurs, le laxisme des parents, le laxisme de la société qui banalisent les gestes violents, intimidants, harcelants et destructeurs.

J’en ai plus que marre d’essayer de convaincre mon fils de mettre en pratique les cours de karaté que je lui ai payés il y a deux ans et de se faire justice lui-même parce que j’en suis rendue là aujourd’hui, parce que je suis tellement écœurée que ça tombe toujours sur lui que j’en viens moi aussi à prêcher la violence!

La première fois, je me disais et je lui disais : «Ne leur prête pas attention.  Sois plus intelligent qu’eux. Ne tombe pas dans ce piège. Ne réponds pas à leurs attaques. Plains-toi aux adultes responsables. Blablablabla…. » Et puis c’est arrivé une deuxième fois, et puis une troisième, et encore, et encore…

Alors fini les belles paroles, fini la gentillesse, fini la compréhension, fini les plaintes! Fini, F-I-N-I ! Demain, si la direction de l’école de mon fils ne me prouve pas que des gestes concrets, tangibles, réels, efficaces, seront posés pour que la situation change, pour que les petits bums de l’école soient rendus conscients et comprennent enfin qu’ils ne peuvent pas continuer impunément à se comporter comme des cow-boys du far-west, sans foi ni loi, je monterai moi-même aux barricades et je brandirai le drapeau rouge de la Révolution, rouge du sang de mon enfant, rouge comme mon cœur de mère qui saigne, rouge comme ma colère qui gronde en dedans, rouge comme le soleil sur l’horizon en espérant qu’il verra un jour meilleur se lever.

Nathalie Couzon, 20 septembre 2010


[1] Voir les trois missions de l’école québécoise  « L’école a une fonction irremplaçable en ce qui a trait à la transmission de la connaissance.[…] Dans une société pluraliste comme la nôtre, l’école doit être un agent de cohésion : elle doit favoriser le sentiment d’appartenance à la collectivité, mais aussi l’apprentissage du «vivre ensemble». […] L’école a le devoir de rendre tous les élèves aptes à entreprendre et à réussir un parcours scolaire ou à s’intégrer à la société par la maîtrise de compétences professionnelles. http://www.mels.gouv.qc.ca/reforme/pol_eco/ecole.htm

Des réseaux Ning compromis

NING$Vendredi matin dernier, une bombe éclate dans le milieu des réseaux sociaux. Ning.com, en pleine restructuration financière, décide de faire passer à la caisse tous les réseaux Ning gratuits jusqu’ici : finie la gratuité, vive l’argent…payant.

(Pour les néophytes, sachez que Ning est un fournisseur et hébergeur de réseaux sociaux Web2.0 ultra-simples à utiliser et à mettre en oeuvre. La compagnie fournissait jusqu’ici des réseaux gratuits, mais aussi un service appelé premium, payant celui-là, avec plus de fonctionnalités ou autres trucs du genre.)

Face à cette décision unilatérale et surtout rapide, la surprise peut être totale pour certains, mais pour moi, qui possède un réseau Ning encore un peu (beaucoup!) expérimental avec mes élèves et qui est aussi membre de quelques réseaux Ning s’intéressant à l’éducation et aux médias dits Web2.0, la surprise n’est que partielle.

En effet, et c’est une réalité qu’on a souvent tendance à occulter trop facilement (pensée magique?), ce genre de réseaux, qui hébergent toutes les données et fournissent des services en formule-propriétaire (ils ont le contrôle sur à peu près tout, en fait), place les gens dans des positions qui peuvent s’avérer très vulnérables si les données confiées à ces réseaux sont plus sensibles ou essentielles… Ces compagnies peuvent souvent changer, comme Facebook et bien d’autres, les conditions d’utilisation sans préavis ou presque. Dans le cas de Ning, on est supposé avoir des précisions le 4 mai, mais je ne m’attends pas à des miracles de la part d’une entreprise qui a congédié 40% de son personnel et qui veut faire passer à la caisse tous ses clients.

Ning nous laisse en fait un choix: payer… ou partir. Et je parie que beaucoup de gens, frustrés ou mécontents, et avec raison, vont choisir la deuxième option, ne serait-ce que pour s’accrocher à l’idéologie de moins en moins présente (?) d’un web-gratuit. Devant ce choix de payer ou partir, LA question à 1000$ est la suivante: partir pour où, migrer vers quoi ? Les données sont-elles toutes “migrables” ou transférables sur une autre plateforme ? Par expérience, je peux craindre un peu pour ce genre de transfert: les exportations de données ne réussissent jamais à 100%, il y a toujours un os quelque part… De plus, une foison de nouveaux réseaux vont tenter d’attirer ces clients “floués” en proposant tous LA meilleure solution… Parmi celles-ci, se cachera sans doute une perle, mais elle est dure à trouver en général… et pensons à nos données à plus long terme avant de bouger trop vite sur un coup de tête !

Bref, les nouvelles sont tristes pour tous, et seront dommageables pour plusieurs de ces réseaux, je pense ici principalement à tous ces réseaux éducatifs qui disposent de peu de moyens financiers (sinon pas du tout !). Que feront-ils ? La majorité parle de partir, bien sûr, de migrer ailleurs. Pour de tout petits réseaux, cela pourra peut-être (!) se faire sans trop de heurts, mais pour les plus grands réseaux, la partie n’est pas gagnée…

Tout cet épisode dont on ne connait pas encore le dénouement (une pétition circule entre autres pour l’éducation, mais je doute de ses effets) commence à mettre en lumière un fait: il existe un très (trop) grand nombre d’outils web2.0, mais la fiabilité de ceux-ci repose parfois sur pas grand chose. Il faut donc être vigilant face à une pérennité somme toute assez floue, tout comme la garantie de longévité des outils, qui est pratiquement inexistante.

Par ailleurs, Ning affirme que 75% des réseaux qu’elle administre sont des réseaux déjà payants. J’ai des doutes sur ces chiffres (mais je peux royalement me tromper aussi), car si c’était le cas, on n’«écoeurerait» pas les 25% restant qui représentent supposément que peu de trafic, etc.; on aurait déjà assez d’argent pour passer la crise, non ? Ning fait un pari risqué, à mon humble avis. L’avenir nous dira si Ning a eu raison de faire ce virage drastique…

Pour ma part, je quitte le navire et m’en vais m’en construire un nouveau (encore du temps à y consacrer…), en espérant avoir pu emporter quelques morceaux de l’ancien lors d’une exportation qui sera sûrement partielle… Et j’aiderai sûrement d’autres naufragés de Ning à s’établir ailleurs aussi.

À suivre…

NOTE : hier soir, Michel Dumais nous faisait connaître, via Twitter, un truc à lire(en anglais) sur les données confiées aux réseaux sociaux. À LIRE et relire afin de développer de meilleures pratiques de sauvegarde et de protection de ces données très souvent trop importantes pour les laisser à n’importe qui n’importe comment.

MISE À JOUR : 2010-04-19–14:45

Ning (dont le mot signifie Paix en Chine – mais leur décision est loin d’être paisible pour les usagers…) suscite la méfiance de la part de ses “clients” ou “abonnés”. Un exemple ici qui déclare ni plus ni moins que Ning effectue un suicide d’affaires ou de marque (!), tentative de traduction de “destroys the brand”.

Y en a marre de la désinformation – éducation au Québec

Ça fait un moment que la question me turlupine, voire m’exaspère, surtout quand j’entends telle ou telle connerie, niaiserie, chose de la part de la ministre, etc., etc.

Aujourd’hui, je retrouve cette lettre d’une collègue, affichée sur le babillard dans la salle des profs. J’ai tout de suite eu le goût de vous partager cette lettre, avec le consentement de l’auteure, bien sûr !

Voici donc la lettre d’Isabelle Arseneau, une jeune enseignante talentueuse et prometteuse, qui se décourage parfois comme nous tous devant certaines absurdités colportées à gauche et à droite, souvent sans mauvaise volonté, bien sûr également, mais pas tout le temps peut-être malheureusement !

PARENTHÈSE

J’en profite pour “ploguer” ici un autre texte génial, d’André Roux celui-là, qui a décidé de pondre ce fameux billet après presque 2 ans d’absence de la blogosphère (mais pas de la Twittosphère, par contre 😉

/PARENTHÈSE (fin de la)

Marre

Lettre d’Isabelle Arseneau à Claude Bernatchez, animateur du matin à la Première Chaîne de Radio-Canada.

«Bonjour M. Bernatchez,

Je vous écris, et c’est une première dans mon cas, en réaction à ce que j’ai entendu sur vos ondes concernant les déclarations de la Ministre sur ce que vous avez qualifié de «réforme de la réforme». J’étais très en colère, je le suis encore. Comment une représentante syndicale peut-elle défendre la situation des enseignants sans même être en mesure d’expliquer la différence entre une connaissance et une compétence? Ce bafouillage était non seulement une insulte pour tous les professionnels qui ont investi du temps à s’approprier ces termes, à ajuster leurs pratiques, mais c’était une preuve supplémentaire mettant en évidence l’incompréhension des détracteurs de cette dite réforme que je préfère nommer «Renouveau pédagogique».

Je suis une jeune enseignante du secondaire en science et technologie avec seulement quatre années d’expérience. Je suis aussi chercheure au CRIRES (Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire, à l’Université Laval) et je travaille justement sur des approches didactiques innovantes avec évidemment le développement de compétences comme finalité. Pour faire court, je considère avoir une excellente connaissance de ce renouveau pédagogique et je considère être compétente dans l’exercice de ma pratique. Je ne veux pas faire ici le procès de tous les maux de notre système éducatif, je veux simplement remettre certaines choses au clair. Il y en a marre de la désinformation par rapport à l’éducation!

D’abord, qu’on s’entende bien. La connaissance est nécessaire à la compétence. Il n’a donc jamais été question de mettre de côté les connaissances. Tous les enseignants que je côtoie n’ont jamais arrêté d’évaluer les connaissances! Bien au contraire. Ce qu’on demande maintenant c’est d’utiliser ces connaissances dans un contexte. C’est aussi de faire des liens, de poser un jugement, de vulgariser, etc. C’est une tâche certes plus complexe, mais qui donne un sens aux apprentissages et qui tend à former des citoyens compétents.

Prenons l’exemple que vous avez utilisé ce matin. Je ne suis pas formée en géographie, mais je peux vous expliquer que la connaissance des provinces canadienne est une chose, mais que savoir lire une carte en est une autre. Vous comprenez? Un autre exemple dans mon domaine disciplinaire, qui résume ce que je fais présentement avec mes élèves de troisième secondaire. Comme avant, l’élève doit connaître l’organisation cellulaire. Mais maintenant, il est amené à se positionner sur l’utilisation de biotechnologies comme la vaccination, l’utilisation du lait cru, l’utilisation de cellules souches ou autres sujets d’actualité lui permettant non seulement d’utiliser ses connaissances dans un contexte réel, mais aussi de se former comme citoyen responsable. Je pourrais vous expliquer longuement la grande pertinence de ce virage dans le système d’éducation, qui suit d’ailleurs une tendance mondiale. Le problème M. Bernatchez, c’est que même la Ministre de l’éducation a peine à comprendre ce qu’est la compétence.

Un dernier point, si je peux me permettre, concerne cette fâcheuse tendance à se concentrer sur le décrochage plutôt que sur la réussite, sur l’apprentissage, sur l’engagement étudiant, etc. Ce n’est pas en demandant aux enseignants de travailler le samedi qu’on règlera le problème. Leur tâche est déjà très lourde à porter. Il me semble évident qu’une des premières choses qui accroche un jeune à rester en classe, c’est un enseignant motivé et motivant qui cherche à diversifier ses approches pédagogiques stimulant ainsi tous les types d’apprenants. Le problème c’est que les jeunes enseignants, comme moi, aussi passionnés qu’ils peuvent l’être, mettent constamment en doute leur carrière dû au «bénévolat obligatoire» qu’on exige d’eux. La profession est sous-valorisée et la ministre se permet de faire de l’ingérence dans leur pratique. Est-ce que le Ministre de la santé dit aux médecins comment poser un diagnostique? Alors, pour quelles raisons Mme Courchesne se permet de dire aux enseignants comment évaluer leurs élèves quand visiblement elle n’a aucune idée de ce qu’est la compétence? L’exemple du retour aux chiffres en est le parfait exemple. Elle n’a pas non plus la vision du contexte de la classe et de ce que peut représenter le travail d’un enseignant au quotidien.

Je constate, oui, qu’il faut revisiter l’évaluation des compétences telle qu’elle se fait présentement, mais ce n’est pas nécessaire de revenir en arrière. Il y a de grandes choses qui se font dans les écoles M. Bernatchez et il faut arrêter de croire que tous les élèves du secondaire ont envie de décrocher. Plusieurs sont engagés dans leurs études et motivés (comme peut l’être un ado!) à venir en classe. Il faut se concentrer sur l’apprentissage, valoriser la réussite. Le problème est pris à l’envers. Plutôt que de monter une nouvelle marche on nivelle vers le bas. C’est bien dommage, surtout que le système est en train de drainer les jeunes enseignants motivés, déjà fatigués.

Merci pour votre lecture,
En espérant entendre une réponse aux propos tenus ce matin lors de votre émission,

Bonne journée,

Isabelle Arseneau
Enseignante de science et technologie»

Facebook – RIP dans 2 ans ?


Voilà, c’est fait, j’ai (enfin ou plutôt malheureusement…) ma nouvelle interface Facebook dont on a tant parlé, mais dont on n’avait aucune idée de ce à quoi elle ressemblerait…

Maintenant c’est fait. Facebook tente de se twitteriser à outrance. (Tournez l’un des logos ci-contre et le f peut devenir t…)

Facebook est un outil de réseautage social.
Twitter est un AUTRE outil de réseautage social.

Les 2 ont des utilités fort différentes, je ne vous apprends rien !

Alors pourquoi l’un, Facebook, 20 fois plus gros que l’autre (Twitter) selon les statistiques les plus récentes (datant d’il y a quelques jours à peine, environ), décide d’imiter de plus en plus au point de se dénaturer ?

Très simple : c’est l’histoire d’une vendetta tout ce qu’il y a de plus simple… (Au point d’en “faire simple” !) Facebook a tenté d’acheter Twitter. Twitter a refusé. Facebook est insulté, en beau joualvert (cheval vert en français international, mais l’expression perd de sa saveur). Facebook décide qu’elle va mener la vie dure à la très croissante mais encore relativement petite (comparée à Facebook) Twitter… Alors on y va par l’imitation, pour tenter de neutraliser les utilités de Twitter qui se retrouvent moins dans Facebook.

Résultat, des gars comme N.Roberge délaissent Facebook de plus en plus, car on n’y retrouve plus les utilités que CE réseau avait… Vouloir canibaliser un réseau en adoptant ses utilités, ça peut se retourner contre l’imitateur et ça peut trop le transformer au point de le dénaturer…

Si Facebook ne fait pas volte-face ou ne réajuste pas le tir, elle risque de se tirer dans le pied et, au lieu de croître encore (même si le “petit” Twitter croît encore plus vite, en %), risque de chuter un peu plus chaque jour.

Si Facebook veut devenir un nouveau MySpace qui a essayé de tout embrasser les différentes utilités au point où plusieurs ont cessé de s’y retrouver (dans tous les sens du verbe), il n’en tient qu’à Facebook et à son jeune président.

Tout ce que je souhaite à Mark Zuckerberg, ce jeune président, c’est d’avoir assez de jugement pour apprendre de ses erreurs. C’est encore possible : la balle est dans son camp !

En complément : à lire, ce billet : Facebook qui tente de re-faire le coup du nouveau Coke.