Des réseaux Ning compromis

NING$Vendredi matin dernier, une bombe éclate dans le milieu des réseaux sociaux. Ning.com, en pleine restructuration financière, décide de faire passer à la caisse tous les réseaux Ning gratuits jusqu’ici : finie la gratuité, vive l’argent…payant.

(Pour les néophytes, sachez que Ning est un fournisseur et hébergeur de réseaux sociaux Web2.0 ultra-simples à utiliser et à mettre en oeuvre. La compagnie fournissait jusqu’ici des réseaux gratuits, mais aussi un service appelé premium, payant celui-là, avec plus de fonctionnalités ou autres trucs du genre.)

Face à cette décision unilatérale et surtout rapide, la surprise peut être totale pour certains, mais pour moi, qui possède un réseau Ning encore un peu (beaucoup!) expérimental avec mes élèves et qui est aussi membre de quelques réseaux Ning s’intéressant à l’éducation et aux médias dits Web2.0, la surprise n’est que partielle.

En effet, et c’est une réalité qu’on a souvent tendance à occulter trop facilement (pensée magique?), ce genre de réseaux, qui hébergent toutes les données et fournissent des services en formule-propriétaire (ils ont le contrôle sur à peu près tout, en fait), place les gens dans des positions qui peuvent s’avérer très vulnérables si les données confiées à ces réseaux sont plus sensibles ou essentielles… Ces compagnies peuvent souvent changer, comme Facebook et bien d’autres, les conditions d’utilisation sans préavis ou presque. Dans le cas de Ning, on est supposé avoir des précisions le 4 mai, mais je ne m’attends pas à des miracles de la part d’une entreprise qui a congédié 40% de son personnel et qui veut faire passer à la caisse tous ses clients.

Ning nous laisse en fait un choix: payer… ou partir. Et je parie que beaucoup de gens, frustrés ou mécontents, et avec raison, vont choisir la deuxième option, ne serait-ce que pour s’accrocher à l’idéologie de moins en moins présente (?) d’un web-gratuit. Devant ce choix de payer ou partir, LA question à 1000$ est la suivante: partir pour où, migrer vers quoi ? Les données sont-elles toutes “migrables” ou transférables sur une autre plateforme ? Par expérience, je peux craindre un peu pour ce genre de transfert: les exportations de données ne réussissent jamais à 100%, il y a toujours un os quelque part… De plus, une foison de nouveaux réseaux vont tenter d’attirer ces clients “floués” en proposant tous LA meilleure solution… Parmi celles-ci, se cachera sans doute une perle, mais elle est dure à trouver en général… et pensons à nos données à plus long terme avant de bouger trop vite sur un coup de tête !

Bref, les nouvelles sont tristes pour tous, et seront dommageables pour plusieurs de ces réseaux, je pense ici principalement à tous ces réseaux éducatifs qui disposent de peu de moyens financiers (sinon pas du tout !). Que feront-ils ? La majorité parle de partir, bien sûr, de migrer ailleurs. Pour de tout petits réseaux, cela pourra peut-être (!) se faire sans trop de heurts, mais pour les plus grands réseaux, la partie n’est pas gagnée…

Tout cet épisode dont on ne connait pas encore le dénouement (une pétition circule entre autres pour l’éducation, mais je doute de ses effets) commence à mettre en lumière un fait: il existe un très (trop) grand nombre d’outils web2.0, mais la fiabilité de ceux-ci repose parfois sur pas grand chose. Il faut donc être vigilant face à une pérennité somme toute assez floue, tout comme la garantie de longévité des outils, qui est pratiquement inexistante.

Par ailleurs, Ning affirme que 75% des réseaux qu’elle administre sont des réseaux déjà payants. J’ai des doutes sur ces chiffres (mais je peux royalement me tromper aussi), car si c’était le cas, on n’«écoeurerait» pas les 25% restant qui représentent supposément que peu de trafic, etc.; on aurait déjà assez d’argent pour passer la crise, non ? Ning fait un pari risqué, à mon humble avis. L’avenir nous dira si Ning a eu raison de faire ce virage drastique…

Pour ma part, je quitte le navire et m’en vais m’en construire un nouveau (encore du temps à y consacrer…), en espérant avoir pu emporter quelques morceaux de l’ancien lors d’une exportation qui sera sûrement partielle… Et j’aiderai sûrement d’autres naufragés de Ning à s’établir ailleurs aussi.

À suivre…

NOTE : hier soir, Michel Dumais nous faisait connaître, via Twitter, un truc à lire(en anglais) sur les données confiées aux réseaux sociaux. À LIRE et relire afin de développer de meilleures pratiques de sauvegarde et de protection de ces données très souvent trop importantes pour les laisser à n’importe qui n’importe comment.

MISE À JOUR : 2010-04-19–14:45

Ning (dont le mot signifie Paix en Chine – mais leur décision est loin d’être paisible pour les usagers…) suscite la méfiance de la part de ses “clients” ou “abonnés”. Un exemple ici qui déclare ni plus ni moins que Ning effectue un suicide d’affaires ou de marque (!), tentative de traduction de “destroys the brand”.

7 Replies to “Des réseaux Ning compromis”

  1. We’ve also heard from many Network Creators who use Ning in the classroom as an integral part of their curriculum. I am particularly excited to announce that a major education company will be sponsoring Ning Mini Networks for educators in primary and secondary education. Ning will remain free for K-12 educators and their students. We’ll have details on this program soon!

    Voilà, 4 mai, ce que Ning avait à annoncer, à travers la brochette d’autres mauvaises nouvelles. Pour faire simple, il y aura trois forfaits : mini (3 $/mois), plus (20 $/mois) et pro (50 $/mois). Ce que Ning offre pour les pédagogues c’est donc un forfait mini qui sera financé par une grosse « compagnie d’éducation ».

    Qui? Évidemment, moi, ça m’importe de savoir. Genre si c’est le fonds éducation de Vision Mondiale, je vais passer mon tour… À quelles conditions? Faut-il être un type d’école en particulier, faut-il être aux ÉÉUUA?

    Et le forfait mini, ça sonne limitant; est-ce que ça vaut la peine de l’avoir, même si c’est payé? Pis si à la limite ça ne fonctionnait pas, leur accord?

    Moi je dis que Ning a fait un pas de trop contre les principes des trois W : dès lors, vive les alternatives libres où on peut apporter les modifications qu’on veut au programme et gérer les données qui y sont stockées! Bon succès Sylvain dans la nouvelle plateforme, n’hésite pas si tu as besoin de moi 😉

  2. En fait, le Web je pense va demeurer “gratuit” (quoiqu’il nous faut un abonnement à fournisseur d’accès pour y surfer).

    Ning semble une plateforme intéressante, mais il demeure un somme toute un hébergeur Web. Enfin, j’en ai connu plusieurs des hébergeurs gratuits depuis 15 ans. En passant de Geocities, Chez, Citeweb, et principalement altern (voir l’histoire d’altern qui est je pense essentielle à connaitre: http://altern.org/alternb/defense/ ), j’ai pu constater à quel point le Web aujourd’hui a changé. Plusieurs hébergeurs gratuits ont fermé leurs portes ou y ont été obligés, d’autres ont mis en place un système de publicité pour survivre.

    Les plateformes comme MySpace ou Facebook ne risque pas de changer radicalement, à moins qu’un moment donné le système de publicité ne fonctionne plus.

    Il reste une chose cependant qui est claire, nette et précise dans ma tête. Tout ce que je mets sur Facebook est du domaine public et est hébergé sur les serveurs de Facebook. Bref, j’ai intérêt à faire des sauvegardes des textes que je publie ou des photos que je télécharge sur ce site, si je considère que c’est important.

    Honnêtement, face à votre situation, je ne comprends pas pourquoi vous ne vous mettez pas quelques enseignants ensemble, payer un hébergeur de site (il y en a de très bien avec des serveurs québécois) qui peut vous déployer une plateforme de gestion de contenu de site très intéressante, et ainsi vous pourrez avoir votre site, votre réseau dans le fond (parce qu’il ne s’agit que d’un site Web à la fin!), à coût très faible, et vous aurez pleinement le contrôle sur les données.

  3. Félix, merci pour l’offre d’aide: je m’en prévaudrai sûrement 😉

    Simon: en fait, c’est ce que je vais faire, mais seul pour l’instant… Je vais héberger un truc sous Buddypress qui servira de site-réseau pour mes élèves. Comme j’héberge déjà ce blogue quelque part, je vais juste élargir ce que j’héberge là, et continuer de faire des backups 😉

    Et si d’autres profs plus tard sont intéressés, alors il sera toujours temps pourmoi de transférer mes données. Pour l’instant, je ne veux surtout pas passer par ma Commision scolaire, car elle gère les données d’une façon qui ne correspond pas à mes façons de faire… et le portail qu’ils ont acheté à fort prix est inutilisable pour les usages que je veux en faire… Actuellement, le portail n’est utilisable que pour des dépôts de documents et la convivialité est d’une nullité exemplaire 🙁 Voilà pourquoi j’aime mieux être autonome de plus en plus !

  4. « Pour l’instant, je ne veux surtout pas passer par ma Commision scolaire, car elle gère les données d’une façon qui ne correspond pas à mes façons de faire… et le portail qu’ils ont acheté à fort prix est inutilisable pour les usages que je veux en faire… Actuellement, le portail n’est utilisable que pour des dépôts de documents et la convivialité est d’une nullité exemplaire 🙁 Voilà pourquoi j’aime mieux être autonome de plus en plus ! »

    Tout est dit!

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