Expérience Tiki-Wiki — La fin :-(

Depuis environ 3 ou 4 ans, j’essaie de développer des outils facilitant l’intégration des TIC pour mes élèves. Évidemment, dans un milieu qui en est à ses premiers balbutiements en la matière, on se doit de développer une autonomie professionnelle la plus grande possible. Sauf que, quand on ne connait pas tout, il faut alors faire appel aux aides disponibles, via nos réseaux, ce qui, justement, aide beaucoup ! Voici donc un petit bilan de ces années où j’ai développé des réseaux d’apprentissages d’abord sur la plateforme Ning, puis sur TikiWiki, et maintenant, Buddypress, mon nouveau petit réseau qui démarre à peine…

 

L'éducation saura-t-elle intégrer les TIC ?
Sylvain Bérubé - ©2011

Il y a environ un an et demi, à la suite du changement de politique de Ning (qui devenait payant), j’avais décidé de migrer mon site de classe (que je voulais interactif — j’y reviendrai) vers une autre forme de réseautage. Lire ici : apprivoiser un nouvel outil.

Je lorgnais du côté de ELGG ou de Buddypress. Je me suis fortement fait déconseiller ELGG, qu’on risquait de s’y casser les dents si on n’était pas un peu programmeur dans l’âme, etc. J’avais donc choisi Buddypress. Mais comme je n’y connais rien, que mes semaines ont déjà 80 heures et plus, j’ai demandé de l’aide et j’en ai eu. 🙂

En tentant d’installer Buddypress, une mésaventure arriva, sans qu’on ne sache, au départ, à quoi c’était dû. On a fini par savoir, avec une autre aide, à distance celle-là, qu’il y avait un problème dans la base de données, chez mon hébergeur… un “pas trop cher” et américain… (Autonomie et débrouillardise, je disais : incluant celle du portefeuille ! Sans déduction fiscale possible…)

Mais tout ça, c’était après que cette précieuse aide extérieure m’ait convaincu d’installer Tiki-Wiki au lieu de Buddypress. Alors je me fiai à mes ressources externes et j’installai, avec cette personne, un beau “moteur” Tiki-Wiki tout neuf et commençai à faire mon site de classe. Puis, je dus partir en congé de paternité, “fiston 2” étant né au printemps dernier.

Cet automne (2011), je renoue avec Tiki-Wiki. Des bogues commencent alors à me taper sur les nerfs de plus en plus. J’inscris quand même mes 120 élèves. On commence à l’utiliser tout en cherchant à solutionner les bogues. Avec mon aide externe, on décide de faire une mise à jour. Mal nous en prit : elle introduisait plus de bogues qu’elle n’en réglait : tout s’affichait tout croche, impossible de trouver un “thème” qui permette un affichage cohérent, etc. Bref, un site non présentable en public. Moi qui voulais inscrire les blogues de mes élèves sur Partajeunes… on reporte… encore !

En désespoir de cause, et en dépit du fait qu’on m’ait vanté la fantastique et merveilleuse communauté de Tiki-Wiki (De qu’ossé ???), on a fini par décider d’installer… Buddypress ! Mon premier choix qui revient, après un an et demi de presque perdu 🙁 !!! Bon OK, disons que j’ai appris… à haïr un outil. C’est déjà ça. J’ai aussi appris que cette communauté peut être muette le moment venu où on en a besoin. Je dois être “une mauvaise expérience”… Je ne saurai sans doute jamais. Et je n’ai pas le temps de chercher à savoir. Dommage.

Et voilà où j’en suis, après des mois passés à tenter de résoudre des maudits problèmes insignifiants qui, additionnés, sont une perte de temps pour qui n’a pas ce précieux temps à consacrer à toutes ces “geekeries”… et pour qui n’a pas l’argent pour acheter des solutions clé en mains.

Vous me direz que j’ai une commission scolaire qui veille aux besoins des profs. Je répondrai que j’ai appris cet automne, grâce à un tech info de ma CS présent sur Twitter, le nom de mon nouveau conseiller RÉCIT… qui depuis, veut me voir. Je vais émerger de mes piles de corrections et le voir, oui ! (Formation ce 6 février) De plus, ma CS a un outil qui se veut polyvalent, mais qui dans les faits (je l’ai testé à son implantation — je sais, ça date, mais bon !), s’avère être ultra non-convivial et, surtout, pas du tout interactif, pédagogiquement parlant : et j’ai nommé le malheureux et trop cher Portail Édu-groupe de la GRICS qui sera abandonné après cette version dont on estime la durée de vie à 3 ans (3 ans en informatique, pour paraphraser quelqu’un, c’est une éternité, au moins !) Je pense sincèrement que les gens de ma CS auraient intérêt à consulter ce qui s’est déjà fait et devraient utiliser l’expertise déjà présente, comme dans l’exemple ci-dessous où un ex-collègue (il est rendu au MELS) a élaboré plusieurs stratégies facilitantes…

Faciliter l'utilisation des blogues scolaires — François Guité

Donc, d’ici peu, vous aurez sur cette page, un lien qui conduit à mon site de classe fraichement (ré)implanté, en espérant que ça fonctionne mieux, cette fois-ci. En attendant, j’ai fait faire à mes élèves CHACUN une page blogue personnelle. Ce sera leur blogue (indépendant) pour le temps qu’ils voudront. Mon site de classe deviendra un agrégateur de leurs publications, en plus des autres fonctionnalités, comme les liens à consulter, les forums, etc. Comme ça, ça devrait être un peu plus simple, ose-je espérer.

Pour réaliser ceci, j’ai décidé de séparer l’hébergement des sites également. De sorte que j’ai dû allonger une autre somme pour héberger mon site de classe, devenu distinct de ce site-ci. Comme je ne voulais pas payer ladite somme, j’ai essayer de trouver du financement à l’interne… mais comme je voulais ouvrir mon site cette année (!), j’ai finalement trouvé, au fil d’une conversation impromptue, un généreux mécène (pour cette année !) qui préfère entretenir le mystère sur son identité. En cette époque, je trouve quand même étonnant qu’une école ou une CS, quelle qu’elle soit, ne développe pas plus ou ne consacre pas plus de son budget aux projets d’intégration des TIC reposant sur le pur volontariat. Juste une petite aide budgétaire, parfois, ça fait (ferait) toute la différence…

Je me dis, par contre, qu’au moins je conserve toute mon indépendance dans mes projets, vu que mes aides, financières comme techniques, sont entièrement externes ! Mais l’indépendance est parfois lourde à porter, en temps consacré comme en dollars… et alors je me dis qu’il faut vraiment vouloir, pour intégrer les TIC à la pédagogie. Car intégrer les TIC à la pédagogie, ce n’est PAS ajouter un tableau blanc et un portable par prof (1). L’outil aide l’utilisation, mais l’intégration pédagogique, elle, est quelque chose de beaucoup plus profond, qui vient de l’intérieur du prof, une motivation intrinsèque en quelque sorte… et qui apporte plusieurs modifications sur le plan pédagogique, je vous le jure.

Note :

(1) J’ai ouï dire que de plus en plus de ressources du MELS sont mobilisées, ces temps-ci, pour trouver (au plus vite ?) des applications pédagogiques pour TBI. Tout devient progressivement centralisé sur cette question… balounes politiques oblige ! Et le reste, lui, l’intégration véritable des TIC ? On reporte aux calendes grecques ? J’ose encore espérer que non, éternel optimiste que je suis, mais le réalisme et les difficultés érodent parfois sérieusement cet optimisme, même s’il est d’une résistance quand même importante. Heureusement.

La prise de parole en éducation

Voici un texte qui peut servir de “réponse” à celui de Mario Asselin sur la prise de parole en éducation… Les guillemets sont ici importants, car ce texte a été écrit avant (1) celui de Mario 😉 ! On y constate plusieurs points en commun, signe que les idées circulent et mûrissent dans la tête des gens avec même un certain consensus, parfois 🙂 !

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Avec l’avènement du web dit 2.0, la prise de parole s’est répandue de plus en plus, beaucoup en quantité, parfois en qualité également. Dans le monde de l’éducation, nous avons vu d’abord l’apparition de blogues d’enseignants, il y a un peu plus de 5 ou 7 ans. De quelques uns au départ, ils sont devenus de plus en plus nombreux… avant de se diversifier via d’autres canaux de communication web comme Twitter et autres réseaux sociaux. Facebook a moins la cote, côté discussions, avec l’aspect plus anecdotique des publications qu’on y retrouve en général. Il y a bien quelques exceptions intéressantes, par contre. (2)

Bien entendu, ce n’est pas la majorité des enseignants qui ont pignon sur web, mais de par le nombre d’interventions, nous avons fini par avoir tout de même une présence et une prise de parole qui se remarque : nous sommes lus, et souvent plus qu’on ne le croit. Ces écrits, parfois, dérangent un peu aussi, n’ayons pas peur des mots.

Comme dans toute prise de parole en contexte de difficultés vécues (le monde de l’éducation vit des difficultés, c’est indéniable, et ces difficultés inspirent souvent les billets), nous avons assisté, au début, à des dénonciations des travers du système, puis des échanges, des propositions de solutions, des collaborations, voire même quelques signifiantes co-constructions ! Le tout en marge des voies officielles de communication, souvent alourdies par les procédures ou les palliers multiples… Dans d’autres cas de collaborations, le « hors frontières physiques » de l’école favorise les collaborations par affinités ou intérêts, collaborations souvent plus efficaces parce que volontaires, en plus.

À travers tous ces sujets de rédaction, des exemples, souvent, tirés du quotidien de ces enseignants qui investissent toute leur passion et une grande proportion de leur temps libre dans ces rédactions, parfois exutoires scripturaux de leur quotidien toujours de plus en plus lourd.

Vu les exemples réels tirés de situations quotidiennes, beaucoup d’enseignants ont choisi de bloguer, de prendre la parole, sous le couvert de l’anonymat, ou plus souvent du pseudonymat. Cette pudeur s’explique facilement : on peut aller plus au fond des choses en étant (un peu) caché. Mais, d’un autre côté, comme aucun pseudonymat ou anonymat n’est parfait, il est arrivé que ces personnes soient découvertes. Ainsi, certains se sont vus inviter à se taire. D’autres ont continué, sous leur pseudo ou leur vrai nom. On en a muselé aussi quelques-uns…

Je pense ici au cas « Charles Samares » (un regroupement de quelques enseignants), dont le site internet était presque le même que celui de « sa » Commission scolaire (un « s » de différence dans l’adresse). On a fait fermer « Charles » parce qu’«il» dérangeait. Pourtant, même si le ton était souvent ferme, je n’ai jamais vu « Charles » manquer de respect. Bien sûr, il y avait quelques coups de gueule bien sentis, qui ont pu faire peur à certaines administrations plus frileuses : c’est probablement pourquoi on a voulu — et on a malheureusement fini par réussir — à le faire taire une bonne fois pour toutes.

Au lieu de censurer, de faire taire, de finir par faire comme si tout ce discours n’existait pas (L’autruche, vous connaissez ?), pourquoi ne pense-t-on pas, en haut lieu, à utiliser cette formidable énergie pour aider et construire, pourquoi ne la canalise-t-on pas, cette énergie passionnée présente chez ces gens qui s’expriment et qui peuvent faire avancer les choses en éducation au Québec ? Quand quelqu’un critique les travers du système, il nous indique qu’il VOIT des choses, en les dénonçant. C’est le premier pas vers l’amélioration de ce système. Par la suite, on identifie, ENSEMBLE, les solutions possibles, on choisit les plus simples à appliquer, mais aussi les plus « efficaces » à moyen et long terme (le court terme est parfois dangereux en éducation, selon moi !), celles qui vont aider à la réussite du plus grand nombre d’élèves possible, celles qui vont favoriser un meilleur apprentissage et, pourquoi pas, une meilleure créativité. (Mais la créativité dérange et fait peur, même si nécessaire à toute évolution de système : j’appelle ça le « précédent » —dont on a si peur— nécessaire à toute innovation.)

Il est important qu’on écoute ceux qui prennent la parole, et non qu’on ne fasse juste les lire pour mieux les « espionner » ou les coincer. Ça devient alors malsain et contre-productif pour une administration quelle qu’elle soit.

Là-dessus, on a beaucoup de chemin à faire… Je regarde la prise de parole chez les autres intevenants en éducation. Il y a de plus en plus de conseillers pédagogiques qui le font, mais trop souvent dans le seul but de diffuser des informations. Il en est de même pour les gens travaillant au MELS : rares sont les libre-penseurs qui peuvent parler ou qui prennent la liberté de parler. Par ailleurs, certaines directions d’école commencent aussi à s’exprimer sur le web, je ne sais vraiment pas avec quel temps disponible, mais il me fait toujours plaisir de saluer de nouveaux « joueurs » sur la place publique où on peut discuter et échanger.

Pour favoriser une meilleure prise de parole, il faudra se débarrasser — ou sinon, sérieusement modifier — le concept du « droit de réserve ». Je comprends et conçois très facilement que tout ne peut pas se dire n’importe comment et n’importe où. Mais entre la censure excessive et l’autocensure normale de nos discours, je préfère la deuxième option : les échanges y gagnent en authenticité et en transparence et on peut avancer, si tous ont un but clair (une autre condition essentielle). Car pour faire avancer le débat, il faut obligatoirement un but commun, sinon on tombe dans les excès de « bruits » dans les discussions, où l’accessoire prend toute la place au profit des idées intéressantes et intelligentes.

Il est donc temps de sortir de cette culture du consensus qui, au final, devient une anti-discussion. Les choses ne peuvent avancer si on ne débat pas (intelligemment, s’entend – ne prenons pas exemple sur les dialogues de sourds de nos politiciens, souvent « orchestrés » pour l’image projetée sur la « galerie médiatique »). Discutons, prenons cette parole qui est accessible plus que jamais, le tout avec respect des personnes, sans pour autant tomber dans la mièvrerie de la complaisance.

Et encourageons les gens à continuer, ouvrons des portes : avec le Web2.0, l’école n’aura jamais été aussi… publique !

NOTE :

(1) Il était supposé être publié ailleurs qu’ici, au départ, et il le sera d’ici quelques semaines, mais pour des raisons “x”, sa publication a dû être reportée.

(2) Plusieurs exemples nous montrent que certains enseignants, malheureusement, prennent parfois la parole sur Facebook d’une façon telle que l’on interprète parfois un manque de jugement. Une éducation est à faire, sur cette prise de parole, et ce phénomène est normal, selon moi.

Être bon à l’école, est-ce une bonne chose?


À la demande de Jean Desjardins, je publie ici ce billet, publié à l’origine sur le défunt Blogue du RAEQ par  Amine Tehami, en septembre 2009.
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«Plus tôt cet été, Stéphane Laporte écrivait:


Vous connaissez Are You Smarter Than a 5th Grader? Au Québec, ça s’intitule Êtes-vous plus brillant que Charles Lafortune? On y constate souvent que les élèves en cinquième année sont plus intelligents que les concurrents adultes.


Je connaissais l’émission américaine. J’étais tombé dessus un jour, en zappant. Je me souviens m’être fait une réflexion du genre:
“Humm, voilà une émission qui devrait être obligatoire en préambule à tout débat opposant connaissances à compétences”.


Je me souviens aussi de m’être dit :
“Humm, comme elle est mal nommée, cette émission. Ce n’est pas smarter, à proprement parler, qu’il aurait fallu dire, mais bien “scholarly”, au sens premier et propre—êtes-vous plus scolaire qu’un écolier de 10 ans?”.


Et comme la réponse est un plat et très ado :
“Duh! bien sûr que non, la concurrence est vraiment trop injuste entre un adulte qui n’a pas mis les pieds à l’école depuis au moins une génération et un écolier à plein temps.


… je me souviens avoir changé de canal en me disant:
“Garde ta job, tu n’es pas très doué pour penser un concept télé vendeur”.


En constatant que Laporte, comme tant d’autres, faisait l’équation “bon à l’école=intelligent”, je me suis souvenu de ce texte contre-intuitif de Perrenoud: Vouloir être premier de classe, est-ce bien raisonnable ?


Un duo d’extraits pour le lecteur pressé:


Pour qu’un bon élève devienne ou reste un excellent élève, il lui en coûte (sauf s’il a une facilité peu commune) :

* du travail, donc du temps et de l’énergie soustraits à d’autres activités ;
* du stress, de l’angoisse ;
* des exigences nouvelles (” Peut mieux faire ! “) ;
* un contrat implicite (ne pas déchoir, ne pas décevoir maîtres et parents) ;
* des tensions possibles avec une partie de ses camarades de classe ;
* une allégeance inconditionnelle aux exigences de l’école ;
* une accoutumance à la première place, avec la peur de la perdre.

Parfois le coût est plus dramatique : conduites obsessionnelles, angoisses aiguës, tensions psychologiques destructives, enfermement dans le rôle de bon élève, risques de dépression.
On dira sans doute : prendre régulièrement un centième à ses concurrents, n’est-ce pas justement manifester une surcroît d’intelligence ou de savoir ? Pour l’affirmer, il faudrait être sûr que ces écarts reflètent des acquis durables et transposables. Or tout suggère au contraire que la différence se creuse souvent grâce au perfectionnisme, à l’obsession de ne faire aucune faute, à l’imitation servile des tics du maître.

Les épreuves scolaires ne testent pas que des savoirs et savoir-faire fondamentaux. Elles vérifient pour une part le conformisme, lesérieux, la discipline, l’application de l’élève. On sait aussi que, très souvent, on demande aux élèves de refaire, en situation d’évaluation, des exercices du type de ceux qui meublent les manuels et le travail scolaire quotidien. La réussite scolaire est alors fonction non pas tellement de compétences de haut niveau que d’une capacité de reconnaître des indices, des consignes, des problèmes comme ” déjà vus ” et de mobiliser des procédures de résolution qui ont fait leur preuve dans un contexte voisin. Être premier plutôt que septième de la classe, c’est donc souvent être plus attentif, plus sensible aux formes, plus soigneux, plus ordonné. Et pas nécessairement plus capable de résoudre un problème nouveau dans un contexte nouveau. Il y a donc des raisons de penser que l’obsession du classement est un mauvais calcul si on la considère essentiellement comme garante d’une meilleure formation.»

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Nouvelle orthographe? Quelle nouvelle?

Voici une copie d’un article que j’ai rédigé et qui a été publié il y a un an à propos de l’orthographe rénovée. Cela pourra être instructif pour certains, comme mes recherches l’ont été pour moi-même l’an dernier, le tout grâce à la précieuse collaboration d’internautes qui gravitent dans mes cercles de conversations…
Bonne lecture.
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NouvelleOrthographeL’an dernier (novembre 2009), les médias publiaient des textes qui mirent en émoi une partie de la population : l’orthographe était réformée, elle aussi, tout comme les programmes d’enseignement de la langue française quelques années plus tôt (vraiment ?) et le programme de formation de l’école québécoise également. Tout cela entraina une confusion des réformes sur certaines tribunes, faisant dire des faussetés à tout un chacun !
Qu’en est-il au juste ? Tout d’abord, il importe de ne pas mélanger les réformes : celle de l’orthographe possède des origines qui nous ramènent à la fin des années 1980 – moment des débats en France -, ce qui en fait une nouveauté passablement âgée, puisque cette réforme de l’orthographe française date de 1990 : 20 ans !…

Alors pourquoi avoir attendu si longtemps, au ministère de l’Éducation, avant d’affirmer que les deux orthographes (la « vieille » et la « nouvelle ») étaient dorénavant acceptées et que, du même souffle, on conseillait aux enseignants de commencer à l’accepter ?

À voir comment la nouvelle graphie du mot ognon a fait pleurer (!) tant de personnes, je me dis qu’il existe peut-être là un mécanisme de résistance très fortement ancré, une sorte d’attachement nostalgique à des traditions immuables propres aux langues mortes et qui prend le dessus sur tout effort de compréhension ou de logique. À preuve, j’ai creusé un peu pour trouver la logique derrière la réapparition de l’orthographe ognon (Le mot s’écrivait ainsi, sans i, au 13e siècle !). Il faut savoir que l’apparition du i avait pour but de transcrire la prononciation du son « gn » (ɲ en alphabet phonétique). On pensait à l’époque qu’il fallait écrire les lettres ign, dans l’ordre, pour rendre à l’écrit la prononciation, un i symbolisé par j en alphabet phonétique comme on en retrouve dans le mot bail (baj), par exemple, suivi du gn symbolisé par ɲ.

Ainsi, au lieu d’écrire montagne, on écrivait montaigne. Dans ce cas-ci précisément, le i s’est transféré avec le a à la prononciation dans le cas du nom propre Montaigne, donnant ainsi le son è, et laissant le pauvre « gn » seul. Voilà pourquoi le nom commun montagne a fini par perdre son i, mais pas l’écrivain célèbre. Il en va de même pour le mot poignée (prononcé au départ p-o-gn-é ou poɲe) qui maintenant se prononce (du moins en français international) pwagné ou pwaɲe), de sorte que le mot poignée et ses dérivés ne perdront pas le i, car il est utile à la prononciation, maintenant qu’il s’est associé à la lettre o. Avec tout ça, on comprend mieux pourquoi le i de ognon est resté parfaitement inutile à ce jour, et qu’il vaudrait mieux arrêter de pleurer sa disparition…

Il est donc totalement inutile de couper les légumes en quatre et d’en pleurer. Il nous faut plutôt tenter de saisir la logique qui se cache derrière ces changements, et de comprendre qu’il n’est pas plus compliqué de modifier la graphie de mots déjà existants que de créer de nouveaux mots répondant à une nouvelle réalité, comme le mot blogue. La modification des graphies ou des règles grammaticales entraine obligatoirement un compromis entre des traditionnalistes qui voudraient que la langue demeure immuable (elle serait alors morte !) et des progressistes qui souhaiteraient que la simplification se maximise à un point tel que la langue en perdrait ses subtilités…

Rien n’est parfait, donc, comme tout système profondément humain, mais force est d’admettre que l’effort de compréhension est souhaitable en dépit des heurts ou des meurtrissures parfois évoqués via un affectif blessé au départ !

Un autre point essentiel est de bien s’informer avant de conclure : en effet, au sujet de cette nouvelle orthographe, l’information circule vraiment au compte-goutte (sans s au singulier), laissant ainsi place à toutes sortes de rumeurs ou légendes urbaines dont la plus répandue daterait même d’avant 1990 ! (Source) Ainsi, plusieurs personnes, dont même des enseignants, parait-il, se sont laissé prendre au piège en croyant dur comme fer qu’on pouvait maintenant écrire des chevals au lieu deschevaux de la règle apprise dès notre plus jeune âge. Rien n’est plus faux. Dans les documents officiels, en aucun cas il est mentionné une quelconque modification de la règle du pluriel des mots se terminant en -al. Alors il vaut toujours mieux vérifier quand on entend ce genre de trucs…

Quelques sources pour vérifier :

Pour en savoir plus sur cette nouvelle orthographe, visiter le site suivant : http://www.orthographe-recommandee.info

Ou celui-ci : http://www.nouvelleorthographe.info/

Sinon, il y a un excellent miniguide en format PDF à l’adresse suivante :http://www.orthographe-recommandee.info/miniguide.pdf

En terminant, ces temps-ci (fin 2010), on réclame des directives plus claires de la part du ministère que celles énoncées fin 2009 et qui s’apparentent plus au vœu pieux ou à la volonté de laisser chacun cheminer librement et d’accepter ou non la nouvelle orthographe dans les classes du Québec, alors que dans d’autres pays de la francophonie, on va déjà plus de l’avant…

À suivre…

Si ça a pris presque 20 ans avant que cette réforme se sache à plus grande échelle, il faudra bien quelques autres dizaines d’années – s’il n’y a pas d’uniformisation «forcée» – avant que le tout ne fasse partie de la réalité de chacun… La langue est ainsi, elle évolue parfois plus rapidement, mais le plus souvent, très lentement… déchirés que nous sommes entre l’attachement aux traditions et une tête qui peut parvenir, malgré tout, à expliquer à notre affectif les raisons logiques sous-jacentes à ces ajustements.

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AJOUT : 2011-09-27 :

J’ajoute ici que cette année, à la rentrée, tous les enseignants ont reçu ou recevront sous peu, dans mon école, un dictionnaire tenant compte des nouvelles graphies des mots concernés. À cela s’ajoute une formation qui fut offerte aux enseignants de français en août dernier. De plus, ces derniers ont reçu un livre intitulé Grand Vade mecum de l’orthographe moderne recommandée, de Chantal Contant. Le dossier évolue, comme on peut voir 🙂 !

2011-09-30 :

On trouvera d’autres liens très pertinents sur ce blogue d’un collègue d’une autre région 🙂 Merci !

Synthèse du #ClavEd sur l’utilisation des TIC

Voici la synthèse du 28e ClavEd (Clavardage d’éducateurs, et d’élèves, donc de tout apprenant :-)) réalisée par Marc-Olivier Gingras, un élève de 5e secondaire, qui animait cette discussion en ligne, avec le soutien de votre humble serviteur, le mercredi 21 septembre 2011, de 12h00 à 13h00 (heure du QC).

On retrouve l’intégrale des gazouillis diffusés avec le “hashtag” dans ce fichier .txt.

Bonne lecture à tous 🙂

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Synthèse du 28e #ClavEd Spécial #TIC le 21/09/11 à 12h(Est), 13h(Atl), 18h(Paris) – Rédigé par @Marcoliviero

Qu’est-ce que l’intégration des TIC apporte comme PLUS à un cours?

Le #ClavEd du 21 septembre portait sur l’utilisation pertinente et possibilités à intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC ou TICE, selon les préférences) en classe, dans un cours ou dans un contexte éducatif. Les questions, de nature moins complexes et beaucoup plus larges qu’à l’habitude, amenaient un peu moins de débats et de consolidation de réponses entre membres, mais plutôt les idées de tous, leurs points de vue et leurs préférences quant au recours aux TIC dans un contexte éducatif/scolaire.

#Q1 : Quelles utilisations pertinentes pouvons-nous faire des réseaux sociaux en classe ?

De façon générale, parmi les réponses étant revenues souvent, nous avions entre autres la mention d’intégrer des étudiants au #ClavEd, affirmation sur laquelle tout participant de la discussion peut évidemment s’entendre. Nous avions aussi l’idée selon laquelle se servir des réseaux sociaux en ouvrant sa classe aux autres communautés, comparer et alimenter d’autres projets inter-groupes améliorerait ainsi les cours/méthodes d’apprentissages de chacun, car après tout, quoi de mieux que le travail d’équipe! Un tweet intéressant faisant part  « du manque d’efficacité de la part de la communication par courriel » est ressorti, insinuant ainsi que certains réseaux sociaux pourraient rendre plus efficace une communication inter et intra-classe aiderait à vaincre certaines contraintes de communication. Également, pour reprendre les termes exacts de @jpperro, «informations, discussions, confrontations d’idées, dialogue », une fois de plus, créer et/ou faciliter un réseau de communication au sein de la classe/communauté d’apprentissage. Notamment, il fut retenu que l’utilisation de certains réseaux sociaux en classes peuvent amener des idées de l’extérieur afin d’enrichir le cours. Réseau social en classe se résume donc à ouverture de la classe à l’extérieur, améliorant ainsi le cours, en plus d’enrichir le savoir de tous et d’être « branchés ».

#Q2 : Quels projets traditionnels en classe pourraient être transposés à très court terme en utilisant les TIC pour les faire ?

La question 2, quant à elle, puisque posée de façon plus ouverte, donnait plutôt des petites réponses individuelles provenant de chacun, les préférences de tous, au fond. Parmi les projets intéressants se retrouvaient le remplacement des correspondances traditionnelles, transférer l’affichage de travaux d’élèves dans les corridors sur le Web, l’utilisation de logiciels tels que EtherPad ou MeetingWord, encourager à  intégrer podcasts, vidéos et Powerpoints aux présentations orales, remplacer certains travaux écrits par des compte rendus vidéos et rendre la production écrite d’un journal de classe interactif et public (Dernier point provenant de @PetitBenoit). Également, la mention « Intégrer les TICE plutôt que de simplement les utiliser » ( @Slyberu) a retenu l’attention, après tout, les TIC doivent être adaptées au cours, non pas le contraire. Elles doivent faire partie intégrante de l’enseignement, de l’enseignant et des apprentissages réciproques réalisés chez le prof et l’élève…

#Q3 : Quelles sont vos utilisations pertinentes et préférées des TIC dans un contexte scolaire ou d’apprentissage?

En outre, l’idée de l’utilisation du #ClavEd en soi est ressortie de nouveau au cours de la question 3, cette fois alimentant des thématiques plus précises, telles que le dialogue vu dans le programme d’Éthique et Culture Religieuse (Québec), mais c’est le fameux EtherPad, dont la mention fut retrouvée au moins cinq fois. Etherpad, outil de co-construction de texte efficace et apprécié de tous, autant chez les professeurs que les étudiants, amènent même certains éducateurs, en plus d’inciter leurs étudiants à se servir du logiciel, à essayer convaincre leurs collègues de collaborer à l’aide de l’outil, et ainsi se passer le mot. L’utilisation de Tumblr en tant que portfolio de classe branchée et ouvert à tous fut retrouvée, mais en analysant la question 3, on constate réellement que les éducateurs ont un penchant pour la collaboration de traitement de texte à multi-usagers en ligne avec les logiciels tels qu’EtherPad, Google Docs, Framapad, MeetingWords…

Conclusion: Que conclure à propos de l’utilisation des TIC et des plus que ça apporte ?

Les TIC peuvent rendre un cours encore plus intéressant qu’il ne l’était au départ, peut faciliter les communications entre étudiants et professeur (dans une certaine mesure), aux dires de certains, réformer et moderniser certaines parties de l’éducation et de l’enseignement considérées comme trop traditionnelles. Ils doivent amener un changement de pratique, pas juste une copie du traditionnel. Ils se doivent d’être d’une aide utile au cours, de le rendre plus efficace, plus compréhensible, mais, plus que tout… les TIC en classe sont présents en tant qu’aide au cours, notre but est bel et bien de les intégrer, mais surtout d’aider l’élève dans sa réussite et, mieux encore, dans ses apprentissages, sinon l’objectif en tant que pédagogue de faire apprendre (et réussir) l’élève n’est pas atteint! Les TIC ouvrent donc une porte tout grand aux apprentissages mutuels, à la communication et à la collaboration!

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Il est à noter que Marc-Olivier utilisera le contenu de ce ClavEd pour un travail de longue haleine au cours de son année scolaire : merci à tous pour vos contributions 🙂