De déduction d’impôts pour les profs

RentreeScolaireRécemment, lors du dépôt du dernier budget fédéral (mars 2016), le nouveau gouvernement Trudeau (Justin) annonçait que les enseignants allaient enfin pouvoir déduire une partie (15%, 150$ maximum) de leurs dépenses réalisées dans le cadre et pour leur travail, mais avec leur budget personnel.

Évidemment, cette nouvelle a suscité certains remous au sein même de la profession enseignante. Certains sont heureux de la reconnaissance d’un fait qui existe depuis très très longtemps, d’autres, bien au contraire, sont en colère que ce fait, pour les profs, de dépenser annuellement souvent plusieurs centaines de leurs dollars personnels soit ainsi “institutionnalisé” et normalisé, voire même banalisé.

Pour ma part, j’hésite encore à me positionner d’un côté ou de l’autre. Je m’explique.

Il y a très longtemps que je constate qu’un nombre assez grand de profs dépensent plusieurs centaines de dollars par année pour élaborer du matériel scolaire pour leurs élèves. (Je le constate aussi à même mon budget familial — nous sommes 2 profs à la maison). Les raisons principales tournent toutes autour du budget de classe bien trop limité pour permettre plus que ce maigre petit “ça”, qui se révèle trop vite insuffisant. Alors comme les profs aiment beaucoup (trop diront certains) leurs élèves, qu’ils veulent beaucoup (trop?) que leurs élèves réussissent tous, qu’ils veulent énormément (trop?) que leurs élèves aient en main le matériel le plus adéquat possible, ces profs n’hésitent donc pas à puiser à même leur propre portefeuille pour acheter ce matériel.

Et ceci, c’est sans compter les crayons, le papier et bien d’autres produits semblables que beaucoup de profs achètent avec leur propre argent également.

Quelques exemples :

  1. À mon école, jadis, nous avions un budget de 15$/an pour nous procurer au magasin scolaire des stylos (rouges et autres), du papier, et quelques autres babioles utiles dans l’exercice de nos fonctions. Ce montant a été aboli depuis quelques années. Alors plusieurs, plutôt que de remplir un formulaire afin de faire acheter à même un quelconque tiroir budgétaire de l’école certains de ces accessoires (et dont la pertinence de l’achat pourrait théoriquement être sujet à discussion), préfèrent acheter désormais ces objets avec leur propre argent : on gagne ainsi en rapidité et en efficacité.
  2. Parfois, dans certaines écoles, il faut fournir la liste des objets et le nom du magasin à l’avance, dans un formulaire, afin de pouvoir se faire rembourser : des profs alors décident, lors d’une visite impromptue dans un magasin, d’acheter sur-le-champ, pour pouvoir profiter d’un spécial, par exemple, mais alors la transaction se fait avec son propre argent, sans possibilité de remboursement par l’école.
  3. Dans d’autres cas, plus “extrêmes”, je connais des profs qui achètent une fois l’an un iPad pour leur classe du primaire, afin que les élèves puissent y réaliser certaines activités d’apprentissage. Oui, ça va jusque là parfois ! D’autres cas moins extrêmes : les profs qui achètent eux-mêmes des applications pour leur iPad personnel… qui sert en classe !
  4. Enfin, il y a sûrement d’autres “variantes” selon les milieux (Vous pouvez les ajouter en commentaires…)

1205208_le-numerique-pour-lutter-contre-lechec-scolaire-web-tete-021747154300Personnellement, quand j’ai décidé de prendre, en 2007, le virage numérique pour de bon (J’avais “résisté” jusque là à l’achat d’un portable, faute de budget…), je me suis acheté un ordinateur portable moi-même (en bénéficiant toutefois d’une mesure de remboursement (de ma commission scolaire) par retenue à la source pendant 2 ans : une façon de faciliter l’acquisition, mais c’est quand même moi qui paie en bout de ligne! Sans déduction fiscale.)

Je me rappelle alors avoir discuté avec le vice-président de mon syndicat (rencontré par hasard dans les couloirs de l’école) du fait que cette dépense devrait faire l’objet d’une déduction fiscale à raison du pourcentage d’utilisation de l’appareil dans le cadre de mon emploi, jusqu’à concurrence d’un seuil entre 50 et 75%. Je m’étais alors fait regarder d’une façon presque extraterrestre 😉 Mais je sais que depuis, l’idée a fait son chemin…

lenovo-ibm-thinkpad-e431-notebook-computerChemin qui a été interrompu en cours de route (!), lorsque l’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, annonça en grandes pompes que tous les enseignants du Québec auraient désormais un portable. Évidemment, ce que ces annonces ne disent pas, c’est que, trop souvent, l’appareil est au choix de la Commission scolaire, qui est elle-même soumise au choix du Centre de services partagés du Québec (ou autre décideur semblable dont j’ai déjà parlé ici, avec déception et presque colère), etc. Et je ne parle pas ici des lobbys parfois amis du régime au pouvoir, qui influencent parfois grandement le choix. Bref, du matériel non choisi, parfois avec des configurations barrées, dans certains milieux, etc., et qui peut répondre souvent de façon inadéquate aux besoins pédagogiques. Personnellement, je me rappelle avoir pensé et dit à ce moment que j’aimais mieux choisir l’appareil avec lequel je suis plus productif et avec lequel je peux être plus efficace plus rapidement, quitte à n’avoir accès qu’à un remboursement partiel de la valeur de l’appareil : pourquoi pas ? Apple_Macbook_Pro_15_35781448-4070Ça me semble plus logique d’aller dans le sens du choix utilisateur, selon les véritables besoins, plutôt que ce choix se fasse exclusivement en top-down où l’employé doit encore subir plutôt qu’agir avec plus d’efficacité. Bref, j’ai eu mon PC portable “de Jean Charest”, il ne sert qu’occasionnellement, et je continue d’être beaucoup plus rapide et productif avec mon Mac, voilà !

Alors pour en revenir à la déduction du gouvernement Trudeau, je trouve qu’elle ne va pas assez loin, pour ma part. Le fait des dépenses personnelles existe depuis trop d’années pour que l’on puisse revenir en arrière en un nombre suffisant d’années avant que je ne prenne ma retraite !!! Plus sérieusement, je doute fort que l’on puisse renverser la vapeur efficacement, compte tenu de plusieurs facteurs : les profs aiment trop voir réussir leurs élèves pour sacrifier environ une génération, le temps que ça prendrait sans doute pour faire valoir les revendications matérielles en lien avec les dépenses personnelles des profs pour du matériel “de bureau” (ou d’éducation et d’apprentissages).

Je sais bien, pourtant, que dans bien des corps d’emploi, l’employé ne fournit ABSOLUMENT RIEN de sa poche pour pouvoir exercer ses fonctions. Mais je sais aussi que, dans le cadre de leurs fonctions, d’autres catégories employés doivent fournir leur matériel (chauffeur de taxi qui fournit l’auto, musicien salarié qui fournit ses instruments de musique, etc.), MAIS ALORS ces employés bénéficient de déductions fiscales parfois substantielles ! DONC, les profs qui fournissent ainsi du matériel (et ils sont légion) devraient pouvoir avoir la reconnaissance de leur commission scolaire ou de leur direction, afin de pouvoir remplir le formulaire T2200 (et T777) au fédéral (TP64.3 et TP59 au provincial au QC) et ainsi bénéficier d’une déduction fiscale. Le gouvernement Trudeau a créé une “case spéciale profs” au lieu d’utiliser le T2200, d’accord, mais alors la déduction doit aller BEAUCOUP plus loin qu’un petit 15% dont le maximum est de 150$ (ce qui représente tout de même 1000$ de dépenses au départ !). De plus, cette déduction doit se faire autant au fédéral qu’au provincial (Après tout, l’éducation est une compétence provinciale, non ?).*

Voilà, au final, ce que je pense actuellement de cette mesure. Libre à vous d’en discuter ici 🙂

*NOTE : je sais, pour l’avoir vu passer sur le groupe Facebook “Enseignants et enseignantes du Québec”, qu’il y a eu discussion à propos du formulaire fédéral de “conditions d’emploi” (T2200). Au moment où j’écris ce billet, je ne sais pas encore combien de profs ont réussi à faire signer ce papier par leur employeur, mais tout cela me semble indépendant de la nouvelle mesure Trudeau dont il est question ici.

Être réseau

social-networkingÇa fait longtemps que je nourris une forme de réflexion (dans l’action) sur et à propos des réseaux sociaux. Ça fait longtemps que j’ai personnellement choisi la ligne du compte unique, où je suis moi-même en tout temps. Par exemple, sur Twitter, je diffuse, parfois beaucoup, lors de colloques où j’ai la chance d’être présent, question d’alimenter les absents, je diffuse parfois dans le cadre de ma profession, en partageant de l’information, ou encore en échangeant, en discutant avec d’autres collègues éducateurs, et enfin, parfois à titre personnel, juste pour jaser!

Tout ça avec le même compte : ce que j’appelle (pour moi, mais je respecte les choix différents du mien) la schizophrénie web, non merci, pas pour moi.

Et ainsi, au fil des ans — j’étais sur les babillards électroniques (Agora, les plus vieux se souviendront) dans les années 90, puis sur la blogosphère, twittosphère, etc., depuis 10 ans —, je me suis bâti un réseau sur le web.

Avec la mort de Jean Lapierre et avec tous les témoignages qu’on a entendus, tous empreints profondément de l’émotion innommable des circonstances de la tragédie tout aussi innommable, j’ai nourri ma réflexion à propos de cet homme très apprécié (et cette appréciation n’est pas du “fake posthume” qu’on voit parfois à la mort de certains!). Il m’apparaît clairement que Jean Lapierre, fortement présent sur les réseaux sociaux (Twitter et Facebook), était vraiment un gars de réseaux. En fait, les réseaux sociaux, pour lui, n’ont été que la continuité de son réseautage amorcé et construit depuis des décennies, en étant simplement proche des gens, les “petits” comme les grands. Ce genre de réseau se construit une personne à la fois, de façon authentique et sincère. Ma conclusion est qu’un tel réseau ne peut se construire sans qu’on s’intéresse profondément aux gens qui composent et qui forment ce réseau, un tel réseau ne peut exister sans ce que je nomme les échanges véritables et humains.

NetworkingEt ça m’a naturellement amené à la façon avec laquelle les “gestionnaires de communautés” —comme le veut le titre consacré à cette fonction de plus en plus présente dans les entreprises— sont parfois présent sur les réseaux sociaux. [Ici, je me dois de souligner le très bon texte de Sylvain Grand’Maison où il aborde cette question, principalement son point 2]. Quand tu es présent sur les réseaux sociaux juste pour faire ton “pitch” de vente, sans jamais échanger avec les gens, quand tu ne fais que diffuser tes lignes et tes phrases pré-écrites, ne t’attends pas à développer un réseau signifiant. Il y a peut-être quelques méga-vedettes qui peuvent parfois le faire et être suivies par des milliers de personnes, mais encore ici, on ne parle pas d’échange et de discussions avec les gens. Ça reste alors une “machine” qui débite son information à coup de 140 caractères à la fois, mais on ne peut pas parler de véritable réseau. Dans un véritable réseau, les mots, les informations, les opinions, les discussions circulent dans les deux sens. Si tu veux bâtir un vrai réseau, implique toi, échange avec les gens, les êtres humains, sois toi-même, authentique, vrai, point final. Alors pour une entreprise, ça peut vouloir dire que la personne responsable de la communication aux réseaux s’implique plus, en défendant bien sûr la ligne de pensée de son entreprise, oui, mais il faut alors qu’elle y croie, qu’elle y adhère et qu’elle s’implique en tant que personne humaine, qui échange avec d’autres humains. J’ai déjà croisé sur les réseaux de telles personnes, mais pas en si grand nombre que ça, parmi les gens de communications !

Pour en revenir à Jean Lapierre, en terminant, je dirais que sa façon de faire réseau, sa façon d’être en réseau est que, finalement, l’homme était réseau. Être réseau tout court. Personnellement, j’en retire une sorte de “modèle” que j’apprends à connaître à titre posthume (je n’ai malheureusement jamais rencontré ce personnage qui n’en était pas un, parce que vrai en tout temps), et qui me montre que, finalement, je pense avoir choisi la bonne route en privilégiant constamment le contact humain avant toute chose, sur les réseaux sociaux comme dans la vraie vie.

P.S.: Mes sympathies aux gens de la famille Lapierre qui restent, ainsi qu’à ses (nombreux) amis…

#Clair2016 — Le plein d’énergie !

Lab-4Ça faisait 2 ans que je n’étais pas allé à Clair, au CAHM, comme en fait foi mon dernier billet, écrit ici il y a presque UN AN déjà !

Ça faisait un bout que j’étais en panne d’écriture aussi, faut croire… De là à conclure que Clair inspire, il n’y a qu’un pas… que je franchis allègrement 🙂

Avec l’automne qu’on a connu, où la morosité austère fut reine de tous les jours, pendant lesquels on pouvait déprimer souvent-longtemps-énormément sur nos conditions de travail et autres salaires à la hausse plus qu’infinitésimale, avec cet automne, donc, le niveau d’énergie était en baisse constante, de façon directement proportionnelle !

Alors depuis le retour des Fêtes, je ressentais encore plus fort un besoin urgent de recharger mes batteries, de retrouver mes motivations pédagogiques. En attendant Clair2016, je “roulais sur le radar” mes petits projets (ceux que j’appelle comme tels, à tout le moins). Comme quelqu’un en attente d’illumination. Comme quelqu’un en attente de motivation à créer. Comme quelqu’un en attente tout court. Comme quelqu’un qui survit, pédagogiquement, plutôt que de vivre (et faire vivre) !

Comme j’étais allé à Clair assez souvent malgré tout (2010, 2011, 2012 et 2014 — manqué 2 éditions, donc, 2013 et 2015), je savais que la rencontre allait répondre à mes attentes ! J’avais hâte de voir le labo créatif implanté en 2014 et visité par les gens présents à Clair2015, j’avais hâte d’entendre les conférences des gens que nous avions choisis, nous les membres du comité de programmation (Une équipe dont je suis très fier et honoré de faire partie). Mais surtout, j’avais hâte de retrouver ces gens qui m’inspirent (souvent et régulièrement via Twitter et mes autres réseaux), de les voir ou revoir avec un immense plaisir, et ce, en personne ! (Catherine Lapointe, qui en fait partie, en a fait une liste partielle que vous retrouvez dans son billet – retour sur Clair2016).

Clair, c’est devenu au fil des ans mon incubateur à idées, mes retrouvailles dans mon compte Twitter qui compte beaucoup de ces gens qui ont le don d’être des motivateurs. Ces gens, ces humains, avec qui on échange, avec qui on partage bien plus que des trucs ou des “apps”, avec qui on co-construit et avec qui on vit notre pédagogie et nos apprentissages, ces gens grâce à qui on arrive à faire apprendre nos élèves, à devenir un catalyseur, une bougie d’allumage (bon, vlà-ti pas que j’arrive dans le thème “flamboyant” du billet de @catlap78, là 😉 )

Clair, c’est ça : de l’inspiration à l’état pur, le tout enrobé d’humour, de plaisir, d’apprentissages multiples* qu’on décante tranquillement, et qui nous redonnent le goût de refaire le monde, pas juste en théorie, mais AVEC tous ces collègues qu’on côtoie en personne et/ou sur les réseaux, AVEC tous nos élèves aussi, qui sont notre première raison d’être.

Être. Ensemble. Apprendre. Et bâtir. L’avenir. Humain!

Voilà !

P.S.: Autre chose qu’on constate : l’évolution des éditions de Clair20XX : on a dit “de la technologie à la pédagogie… à l’être humain” ! (Billet de Roberto Gauvin à relire)

—————————————–

*Ces apprentissages multiples, les discussions que nous avons eues, sur place ou en voiture pendant le trajet, tout ça pourra éventuellement faire l’objet de billets futurs ! Alors il me faudra trouver un peu de temps perdu à rabouter pour pouvoir les écrire ! À suivre !

En attendant, allez voir les traces de Clair2016. Cette page se bonifie constamment ces temps-ci !

Quelques images prises ici et là pendant le colloque, en ordre à peu près chrono : les autres se retrouvent sur le compte Flickr de Clair.

 

Conférence d’ouverture de Benoit Petit

petitbenoit

…conférence qui s’est terminée dans la fête, Benoit célébrant son anniversaire le jour même 🙂

petitbenoitgateau

Musique d’ambiance avec Bruno-Jacques Pelletier et sa merveilleuse 10 cordes !

Ambiance-BrunoJcPelletier

Musique à l’honneur avec des élèves du CAHM :

Eleves-musique

Des élèves en action le vendredi avant-midi :

Lab-1

Lab-2

Lab-3

Acadiepédia : une radio par des jeunes.

RadioAcadiePedia

Même Christophe Batier, qui rêvait de revenir cette année, a trouvé le moyen de faire acte de présence grâce au robot de téléprésence du CAHM. On l’a même vêtu.

Batier

Musique au violon, pendant le souper brayon avec des ployes !

Violon

Conférence principale du vendredi soir avec Biz, que j’avais l’honneur de présenter.

Biz

Première conférence du samedi avec Thérèse Laferrière :

ThereseL-Fracture

2e conférence : Yves Doucet :

YvesDoucet

ANECDOTE : Quand Jacques Cool manque d’essence pour retourner à l’hôtel, le jeudi soir 😉 Merci à Willie Corriveau, bon samaritain par excellence !

DepanneurGaz

 

Roberto présente le nuage de mots programmé par Patrick Drouin à Montréal. Voyez les mots clés au centre de nos tweets.NuagePatDrouin

Roberto, chef d’orchestre depuis 2010. Leader visionnaire et inspirant qui nous pousse à nous surpasser. (Et qui s’est surpassé lui-même à travers tous ces projets et ces idées !)

Roberto

#Clair2015 — LE colloque à ne pas manquer, même à distance !

…même si ce n’est pas pareil d’être sur place !!!

Les 29-30-31 janvier dernier, se tenait dans le village de Clair au Nouveau-Brunswick, la 6e édition de ce colloque international devenu très rapidement un incontournable pour quiconque se préoccupe de faire entrer l’éducation dans le 21e siècle avant que le 22e siècle ne commence (phrase entendue à #Clair2014 ;-)). Un seul et unique thème : Voir l’éducation autrement ! Et au fil des ans, force m’a été de constater que les gens de cette école savent vraiment y faire en terme de voir autrement 🙂 !

Déjà, une pléthore de billets ont été écrits à la suite de ce colloque si spécial où toute l’école (élèves, enseignants, direction, parents) et tout le village de Clair (ou presque!) se réunit pour nous faire vivre une expérience formatrice, enrichissante, nourrissante, primordiale, même.

Comme je vivais l’évènement à distance cette année (comme en 2013), j’ajoute mon grain de sel de celui qui a dû vivre le tout de loin, tout en me sentant si près de temps en temps, malgré tout.

En effet, on peut suivre Clair à distance, via la webdiffusion des conférences (elles sont maintenant répertoriées ici). On peut aussi interagir avec les participants sur place grâce au fil Twitter de l’évènement, ce dont je ne me prive jamais, pour ceux qui me connaissent, que je sois sur place ou non ! Ainsi, j’ai eu beaucoup de plaisir à écouter les conférences, que j’ai beaucoup appréciées, même si parfois je devais laisser quelque temps mon ordi pour vaquer à d’autres occupations. Une chance qu’on peut réécouter assez rapidement (selon le temps qu’on a de disponible).

clair2015-pedagogie-cahm-technologie-colloqueLes colloques à Clair, c’est devenu comme une source où je dois aller puiser chaque année, question de me ré-énergiser pour l’année qui suit ! Une sorte de nourriture essentielle ! Il y a plusieurs façon de faire le plein d’énergie, de faire le plein de pédagogie.

Il y a d’abord les conférences, où la réflexion se fait, où les idées fusent, où les liens se font, dans nos têtes attentives. Nourriture pour l’esprit très souvent.

Il y a les témoignages, où l’inspiration passe en même temps que le courant, où les idées fusent encore, où le coeur embarque aussi. Nourriture pour l’esprit et le coeur alors.

Puis il y a la visite de l’école, où l’allumage se fait, où l’inspiration déborde, où l’envie de tenter des trucs, de faire des projets nait ou se poursuit. Cette visite ne peut se faire à distance : ça m’a manqué.

clair2015-pedagogie-cahm-technologie-colloque-002-620x348Mais ce qui m’a encore plus manqué, ce sont tous ces échanges informels où ce ne sont pas juste les neurones qui tournent à “spin” dans notre tête, mais où tout notre coeur et tout notre être s’engage dans la pédagogie du “voir l’éducation autrement”. Lors de Clair2013, n’étant pas présent physiquement, j’avais quand même réussi, avec 3-4 autres personnes, à faire un “hangout”. On avait alors jasé une heure ou deux : échanges informels en parallèle à Clair, car on s’ennuyait fortement de ne pas y être. Cette année, il n’y a pas eu ce hangout de consolation. Alors le groupe, la gang, les échanges m’ont profondément manqué. Bien sûr, il y a eu le fil Twitter (plus de 9000 tweets, cette année, un record absolu ! Tout comme l’assistance : environ 300 personnes.). Mais le fil Twitter seul ne peut réfléter toute la richesse des échanges, des discussions, des co-constructions de projets, du brassage d’idées qui peut se faire à Clair pendant ce 48 heures intensif !

Alors merci à tous pour vos partages. Ils sont hyper-importants pour nous qui ne pouvons parfois nous rendre là-bas et qui devons suivre à distance. Quand on y est déjà allé d’autres années, on sait en plus le “gros morceau” qu’on perd en n’étant pas sur place. Vous êtes donc nos sauveurs et vous nous donnez une partie de ce qui se passe à Clair et dont on peut profiter à distance, même si on sait que ça demeure imparfait par rapport au fait d’y être à 100% 🙂

Et en espérant très fortement pouvoir vous rencontrer (à nouveau pour plusieurs) en 2016 🙂

Frustration en saignant — TIC dans les écoles (mis à jour)

Retour au travail agréable le lundi 5 janvier dernier : je revois avec plaisir les collègues et, après les épisodes de rhume-grippe de ce monde qui frappèrent solidement plusieurs d’entre nous pendant les Fêtes, je me sens un peu mieux…

Puis la nouvelle tombe : les appels d’offres, concernant l’achat de matériel techno-pédagogique, que j’attends personnellement depuis août dernier (procédures d’achat retardées au 1er décembre pour le dépôt de l’appel d’offres, etc.), ont été bloqués ! QUOI ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Non, mais… Etc. Tout ça me lève le coeur, me monte à la gorge, j’ai envie de crier de désespoir, mais que puis-je y faire, tout se passe si haut et si loin de nous, pauvres mortels sur le plancher des vaches 🙁

Et hop, on re-re-re-re-re-retarde encore et encore et encore des projets qui pourraient motiver nos élèves souvent en difficultés, les aider à réussir par delà cette motivation, etc. Tant de choses re-re-re-re-reportées. Frustration. J’en saigne… (D’où le titre, vous l’aviez deviné.)

Tout ça s’ajoute à un cocktail d’annonces plus pessimistes les unes que les autres qu’on nous avait poivrées juste avant Noël… Ça finit par faire lourd à digérer, tout ça.

– – –

max20eSiecleAlors, tout en exprimant quand même, sur le coup, un tout petit peu mon immense frustration sur les réseaux sociaux, je me suis aussi questionné publiquement : je voulais savoir pourquoi ce blocage ? Qui a bloqué ? D’où vient ce blocage ?… Parce que sans l’info, on peut imaginer un paquet de choses allant des lobbys puissants visant à imposer un produit quelconque (et dont souvent personne SUR LE TERRAIN ne veut) jusqu’à une procédurite aigüe provenant de l’immense structure souvent perçue comme castrante pour quiconque a des projets et veut les réaliser pour cette génération-ci d’élèves…

Aussi, je suis bien content que des gens aient eu l’idée de creuser le dossier. Il y a d’abord eu un billet de blogue de Mario Asselin qui faisait état de cette source d’information du CCSR (Centre collégial des services regroupés), centre par lequel on est cette fois passé pour cet achat de masse, laquelle info n’est pas très explicite et qu’on peut plus ou moins bien interpréter. Par exemple, en voyant une petite liste de 4 modèles ou types de tablettes, on pourrait déduire à tort que seuls ces modèles sont admis, et on ne connait pas tous très bien ces modèles… ou bien le milieu n’en veut tout simplement pas ou n’en a jamais fait la demande…

Puis, en jasant ici et là, au moins deux personnes, plus ou moins explicitement selon le cas, m’ont mis sur une piste tout aussi intéressante que déplorable : il y aurait eu des problèmes dits techniques avec la procédure d’appels d’offres et de soumissions. Mais alors de quel côté est le bogue ? me suis-je demandé. Les formulaires d’appels d’offres auraient été mal remplis ? Une source m’a alors dit que c’était une grande compagnie* qui aurait volontairement introduit des bogues techniques sur les formulaires de soumissions envoyés au CSSR, pour soi-disant protester contre la lourdeur de la procédure.

Cette information devait être “confirmée”, sans toutefois qu’on nomme la compagnie, par Yves Therrien le lendemain, dans son article paru dans Le Soleil du 9 janvier dernier.

Et là, mon questionnement se fit encore plus grand : mais pourquoi ? Pourquoi “casser du sucre” sur nos pauvres dos déjà surchargés par les lourdeurs du système, par la tâche, par les dernières nouvelles de nos dirigeants politiques qui ne savent pas vraiment ce qu’on fait réellement sur le terrain, qui nous abreuvent d’inepties en ces temps d’austérité, laissant planer le pire pour l’avenir de NOS enfants ? Etc. Et surtout, pourquoi mettre un frein à des projets élaborés pour ces enfants, afin de les aider à développer des compétences essentielles au 21e siècle dont le 1/6e est déjà passé, soit dit en passant ! Bref, la “folle du logis” s’est emballée un moment, le temps de me verser un café, de respirer un grand nombre de bouffées d’air, puis de (re)commencer à réfléchir.

Je comprends très bien que la procédure d’achat est d’une lourdeur incommensurable, ou presque. Il faut aussi dire que, depuis la saga scandaleuse des TBI payés bien trop cher, le gouvernement joue de prudence. Avec toutes les directives austères du Trésor actuel, il y a une raison de plus pour être frileux sur les achats. Je me suis même fait dire que la partie “contribuable” en moi devrait être heureuse, puisque “mon” argent était dépensé avec parcimonie et prudence, etc. Mais mon jupon de prof refusait de ne pas dépasser cette fois-ci, peut-être parce que ça fait trop d’années que j’attends de voir se concrétiser des projets qui me tiennent à coeur pour mes élèves et pour lesquels projets j’ai déjà investi beaucoup de mon temps et de mon énergie. Alors malgré que je comprenne la lourdeur de la procédure, que je comprenne qu’une grosse compagnie veuille probablement s’en affranchir et faire affaire directement avec les écoles ou les Commissions scolaires (CS), je déplore haut et fort que cette protestation de compagnie se fasse sur notre dos et qu’elle ait pour effet très pervers de tout arrêter encore une fois et que nous nous retrouvions devant rien OU PRESQUE.

J’ajoute “ou presque”, car, grâce à la bonne volonté de certaines personnes dans nos CS et dans nos écoles, des commandes plus petites (moins de 100 000$) pourront être passées et nous pourrons avoir UNE PARTIE de l’équipement requis pour la réalisation de certains projets. Par exemple, chez nous, ça devrait (au conditionnel—voir MISE À JOUR ci-dessous) être le tiers de l’équipement prévu. Concrètement, je ne sais pas encore comment ça pourra se réaliser : faire moins de projets parce que équipement moindre, rendre l’équipement plus mobile d’une classe à l’autre (avec les contraintes de réservations et de déplacements du matériel entre les pavillons…),  privilégier un projet dit plus important au détriment des autres projets. Bref, vous voyez allègrement le genre de choix déchirants qui seront à faire, tout ça si une autre brique ne nous tombe pas sur la tête entretemps, car on ne sait jamais en ces temps incertains.

Pendant ce temps, tempus fugit, comme on dit. Et comme je le disais plus tôt, après toutes ces années à attendre (activement, mais attendre quand même, avec des “en-attendant”**), après toutes ces déceptions accumulées, après que le 1/6e du 21e siècle soit passé déjà sans que l’intégration des TIC, presque omniprésente dans les sphères de notre société, n’ait toujours pas vraiment franchi le seuil des écoles***, après tout ça, donc, je me demande sincèrement si nous allons finir par entrer dans le 21e siècle quand les calendriers seront rendu… au 22e !

MISE À JOUR : 2015-02-16 :

1/3 de la commande prévue est arrivé depuis plus d’une semaine. Il y a eu bogue concernant les étuis des iPad : la commande de ces étuis a dû être reprise… Malédiction, dirait mon collègue. Le problème est sur le point d’être réglé, cependant.

Beaucoup de gens ont travaillé fort afin de concrétiser le tout, mais des obstacles demeurent. Comment, par exemple, gérer l’utilisation d’un charriot de plus de 150 lbs qui ne sera pas transportable d’un étage à l’autre (escaliers seulement)? Comment procéder pour réserver ledit charriot ? Etc.

Ça avance, au moins… c’est ce que je me dis. Et me répète.

——————————————————

*Certaines sources m’indiquent le nom de LA grosse compagnie, mais je ne la nommerai pas…

**Les “en-attendant” dont je parle, c’est pallier le manque d’équipement :

  1. en continuant d’aller au laboratoire d’informatique (façon de faire un peu “années 1990” pour “pratiquer” les TIC au lieu de les intégrer vraiment, au quotidien)
  2. en demandant aux élèves qui ont leurs appareils de les apporter et de se relier au sans fil (une chance, dans ma CS, au secondaire du moins, nous avons un bon réseau). Ceux qui n’ont pas d’appareil doivent alors se jumeler à quelqu’un qui en possède un.
  3. en demandant aux élèves de faire des trucs chez eux, avec les équipements disponibles à la maison. Évidemment ici, pour ceux qui peuvent…

***Par contre, dans les écoles privées, les tablettes entrent actuellement en grand nombre, ces écoles n’étant pas soumises au même règles que les écoles publiques qui, regroupées en CS, forcent la procédure d’achats, ceux-ci dépassant alors facilement les 100 000 $ fixés comme limite. De là à dire que le gouvernement avantage le privé, il n’y a qu’un pas… que je ne franchirai pas (pas tout de suite !).