Cette semaine, à Enjeux, une émission très intéressante (2 volets : 1 et 2) qui fait ressortir le débat qui existe entre Santé Canada et les cliniques de fertilité : vous l’aurez deviné, il s’agit de l’argent, ces petits billets verts souvent au coeur de plusieurs controverses ! Bien sûr, des valeurs morales guident aussi la réflexion dans cette histoire ! Et les couples, eux, voient passer le débat au-dessus de leurs têtes… ou sortent leur portefeuille pour aller ailleurs…
D’une part, Santé Canada veut que tous les donneurs canadiens soient des altruistes convaincus qui n’acceptent aucune rémunération. On veut que ce soit un DON, purement et simplement. On veut éviter le commerce humain sous toutes ses formes : l’objectif est louable, du point de vue de l’éthique pure.
Or, ailleurs, le don de semence est payant pour le donneur ou la donneuse… Ce qui vient de créer en quelque sorte un commerce international de la semence. Les Canadiens infertiles vont s’approvisionner ailleurs (USA, Mexique, etc.) Mais voilà que Santé Canada se propose d’interdire ce commerce avec l’étranger : les couples infertiles n’auront d’autres choix que de se tourner vers l’adoption si ça continue.
Le problème avec ces voeux pieux, c’est que le Canada est seul dans sa croisade. Et LA question qui tue (comme dirait Guy-A) : est-ce que donner de sa semence reproductrice est monnayable ou non ? Commerce-t-on l’humain comme dans un trafic d’organes, par exemple, quand on donne de sa semence ? Poser la question n’est pas nécessairement y répondre, car la réponse n’est pas aussi simple que la question !
Un élément intéressant dans le reportage apportait une partie de réponse : on ne paye pas pour la semence en tant que telle, mais on dédommage le donneur pour le temps qu’il a consacré entre autres à l’«enquête préliminaire», pendant laquelle on s’informe de la santé génétique du donneur, en prélevant ici et là, etc. Chez la femme, le don d’ovule présuppose une anesthésie générale, précédée de la prise d’un stimulant hormonal favorisant la production d’ovules : ce ne sont pas des choses qui peuvent être faites complètement gratuitement sans aucune compensation dans le monde d’aujourd’hui…
Bref, le rêve de Santé Canada est beau sur papier, mais en pratique, il est très difficilement applicable ! Avec le taux d’infertilité qui augmente, dit-on, à cause de la pollution ou d’autres facteurs plus ou moins hypothétiques en cours de vérification, on pourrait être en droit de se demander ce qu’il adviendra de la population ou de la fécondation dans quelques décennies… Mais s’il y a un prix à payer au donneur (ou au vendeur, s’il reçoit rémunération !?!), quel doit-il être pour ne pas être qualifié d’exagéré ?
Le débat n’est pas clos !