Généralisations et vérités…

Un peu d’insomnie (ça commence seulement par ici ;-)) fait parfois accoucher de drôles de réflexions…

Cette nuit, donc, pendant l’attente qui sera de plus en plus interminable dans les heures/jours à venir (voir le baby counter en bas de la sidebar ci-contre, à droite, qui ne parvient pas à afficher moins 1 day to go…), je me disais à peu près ceci :

Il est au moins un domaine où la plupart des humains ont finalement compris que la généralisation abusive ne sert ab-so-lu-ment à rien : la grossesse ! En effet, pas une femme ne réagit de la même façon et, chez la même femme, les grossesses sont toutes différentes, nombreux exemples à l’appui.

La généralisation a ceci d’utile, et seulement ceci, à mon humble avis : elle permet de mieux comprendre un phénomène, globalement, généralement, en général, … MAIS, en aucun cas, la généralisation ne peut se faire pour accoucher de LA vérité. Tout au plus, aurons-nous parfois UNE vérité, celle de quelqu’un, qui tente d’ériger son raisonnement, SA vérité en vérité absolue, dans lequel cas la généralisation peut aisément être qualifiée d’abusive et LA vérité supposée devient rapidement UNE opinion parmi d’autres…

Par extension, si on regarde rapidement ce qui se passe dans une campagne électorale, pour prendre un exemple actuel ici, la plupart des candidats tentent de nous proposer LEUR vérité comme étant LA vérité, la seule valable, au détriment des autres. À moins que ce ne soit des “journalistes d’opinion”, des chroniqueurs érigés au rang de juges de LA vérité (LEUR vérité – LEUR interprétation des faits) qui nous inondent de leurs jugements PARFOIS préfabriqués… (Faut quand même que je fasse attention de ne pas généraliser abusivement tout de même 😉

Tout ceci me fait conclure qu’en cette époque, j’ai l’impression d’assister à un glissement du développement du jugement dans la population : on tend de plus en plus à vouloir adopter du prêt-à-porter pour le cerveau, de la réflexion prémâchée, du Pablum, comme j’ai déjà mentionné dans ce billet. On veut aussi parfois que LE BON gouvernement se substitue au jugement des gens qui composent la population : que le gouvernement décide de ceci ou de cela, etc.

Vitement, il nous faut aider nos élèves à développer leur jugement critique, sinon nous vivrons très bientôt dans une société où le jugement sera l’apanage d’une petite élite qui dictera quoi penser au reste de la société ! Et ça, je n’en veux ab-so-lu-ment pas de cette société de moutons suiveux ! Qu’on se le dise !

Buzzz.tv – débuts prometteurs et laborieux :-)

Pendant le débat des chefs d’hier, version française donc, a eu lieu la première “véritable” expérience pour l’équipe de Buzzz.tv. Dans le premier quart d’heure, le taux de participation a eu raison du serveur qui recevait trop de requêtes en même temps et qui a fini par flancher.

Les irréductibles sont demeurés, dont un groupe d’environ 35 à 40 personnes partageaient en même temps un chatroom IRC sur le Net. (Une de mes anciennes élèves, qui est en 5e secondaire et dont je supervise le projet personnel de fin d’études, est venue nous rejoindre dans ce chatroom pendant un bon moment :-))

Par la suite, après moult sueurs froides, les vaillants techniciens ont réussi à redémarrer le tout et à nous faire profiter du Buzzz, malgré une limitation des participants (environ 200) pour assurer le fonctionnement du “laboratoire” jusqu’à la fin du débat…

Réactions ici (Yves Williams), là (Mario Asselin), là (CFD) et là (Jacques Cool qui voit déjà un potentiel pédagogique à l’outil).

Cartographie du Buzzz ici (Merci à Greg de chez Poly9 !)

Tableau statistique ici aussi. Disons que ça fait ressortir le fait que ceux qui ont pu faire partie des 200 chanceux avaient tous une aversion contre les conservateurs… 😉
Ce qui a fait dire plusieurs choses pas toujours gentilles de la part d’anglophones plutôt pro-conservateurs – voir les commentaires… Ils n’ont qu’à participer ce soir, on verra bien !

Buzzz – interactivité en ligne

Expérience beta ce soir où nous avons, plusieurs dizaines de personnes à la fois, testé le truc pendant l’émission de télé Tout le monde en parle.

Il sera intéressant, au cours des prochaines heures, de voir ce que la gang d’iXmédia et les collaborateurs va faire avec les données. Déjà, visuellement, on pouvait voir très nettement l’inactivité pendant les pauses pub, voir aussi que Marie-Chantal Toupin, par exemple, favorisait le rouge (qui correspond à Je n’aime pas ce que je vois), voir aussi certaines fluctuations en temps réel entre le J’aime et le J’aime pas directement pendant les entrevues… tout en alimentant le tout avec nos perceptions, opinions, etc.

Fascinante expérience où on pouvait aussi chatter tout le groupe sur Onelinr, un service Google (?) qui a planté régulièrement au cours de l’expérience.

Prochain rendez-vous, le vrai, après résolutions de quelques bogues, mercredi pendant le débat des chefs… Perso, j’y serai, sauf si… le compteur tombe subitement à zéro dans ma sidebar ici 😉

MISE À JOUR : 2008-09-29–08h00 :
Après lecture du retour d’expérience du ProfNoël, je dois dire que. de mon côté, voir presque en temps réel les données me plaisait, même si, selon lui, un biais peut être ainsi introduit… Je comprends fort bien sa réaction, car elle est logique. Mais on pourrait alors réconcilier les deux visions en mettant une “timeline” sous le graphique qui s’afficherait alors avec un délai de quelques secondes ou une minute maximum, ce qui permettrait aux visuels d’avoir un rétroregard quelques instants après avoir inscrit son opinion*. Pour les gars de iXmédia, c’est sûrement chose possible 🙂
*Hier, on ne savait pas du tout s’il y avait délai et quel pouvait être ce délai. Avec une timeline, on saurait.
Un deuxième truc auquel je pensais en me levant ce matin : c’est quand même extraordinaire qu’en si peu de jours, quelque chose passe de l’état d’idée vague autour d’une table à projet concrétisé, non ? Ce n’est pas dans nos écoles ou dans le secteur public en général qu’on verra ça un jour !

Syllogisme administratif

Il y a des directions qui ont une peur bleue du précédent.
Pour eux, créer un précédent introduit nécessairement un biais, une injustice potentielle qui est indéfendable, par surcroit.

Il n’y a aucune innovation sans création d’un précédent (ou sans création tout court?).

Conclusion : les directions qui ont peur ne favoriseront JAMAIS l’innovation, point final.

Re-fonder l'éducation ?

Projet ultra-ambitieux soumis par Gérard De Vecchi, à propos de l’éducation en France : voir ce long texte.

À l’échelle locale, chacun dans nos écoles, on voit des problèmes, on vit des problèmes, on cherche des solutions, qui finissent par être simplement souvent de beaux plasters (BandAid™) sur un bobo, qui ne règle rien, qui ne guérit rien : le cancer continue alors à ronger sournoisement, jusqu’à l’éclatement encore plus grand du problème au grand jour…

Sur une échelle un peu plus grande, on propose parfois une Réforme, qui devient Renouveau pédagogique, pour donner un peu dans l’euphémisme ou la tautologie (la pédagogie, me semble que ça doit constamment se renouveler, ça, non?), et qui au final ne règle rien, faute de véritables moyens (et je ne parle pas seulement de finances) pour vraiment mettre en place quelque chose de véritablement nouveau ou même, à tout le moins, évolutif.

Triste constat alors. Rien ne fonctionne vraiment comme on voudrait et ceux qui sont plus perfectionnistes déchantent en premier… ou s’échinent plus longtemps que “la masse”… à leurs risques et périls.

Dans son texte, De Vecchi propose ni plus ni moins qu’un changement encore plus global, wow ! Ça m’impressionne au départ, ça me fait peur en passant, et ça me démotive finalement, tant la montagne est immense à franchir…

Comment alors parvenir à quelque chose qui se traduira concrètement par un véritable changement ? Un peu plus tôt cette semaine, sur Twitter, j’évoquais, avec un directeur d’école du Nouveau-Brunswick (et quelques autres Twitteux de mon réseau), le fait que bloquer des sites ne règle rien, qu’on ne fait que jouer au chat et à la souris… Ce qui m’a fait conclure par une sorte de slogan mi-publicitaire “Éduquons, point final” (À la réflexion, je pourrais enlever le final peut-être…). Bref, centrons-nous sur l’essentiel, l’éducation de nos élèves ! En cela, je rejoins De Vecchi qui nous dit que l’impérialisme économique (je ne le dénonce pas, je mentionne simplement qu’il prend toute la place) fait perdre le sens de la durée, obnubilé qu’il est par la satisfaction immédiate, etc.

Alors arrêtons de tout sacrifier sur l’autel de la «rentabilité à court terme à tout prix», élaborons un système où l’éducation est une valeur au moins aussi importante que l’économie et nous finirons par bâtir quelque chose de plus durable, de moins éphémère.

Une fois cela dit, maintenant, comment peut-on faire ? Comme je disais plus haut, le projet de De Vecchi apparait trop gros pour être réalisable tant la tâche est immense et joue sur tous les plans à la fois… Est-ce que les réseaux sociaux (comme celui-ci, qui regroupe des éducateurs et des formateurs de tous pays), avec leur maillage presque infini, peuvent être une piste de solution ? Je pense que oui.

Tout comme Apple, il nous faudra «penser autrement». Il en va de notre survie. Sinon, nous sombrons ! Nous ne pouvons attendre après le politique pour régler ce problème. On n’a juste à regarder notre campagne électorale au Canada, une campagne “contre” l’autre, au lieu d’être une campagne avec des idées à mettre en valeur, une campagne de projet de société… Encore une fois, rentabilité à court terme en priorité… Désolant !

Alors il nous faut agir, hors des structures presque pourrissantes en place… C’est peut-être ça, re-fonder, ré-inventer. Tout un contrat !

Finalement, quand je pense à mon fils à naître très bientôt, je me dis que j’ai une autre très grande raison d’agir, de vouloir un re-fondement quel qu’il soit, ou presque, même si je sais que tout ne sera pas parfait, loin de là…