La FSE (syndicat de l’enseignement d’environ la moitié des enseignants au Québec – l’autre grand syndicat étant celui des enseignants de la région de Montréal) fait actuellement signer une pétition pour envoyer à la ministre Courchesne qui a littéralement semé la confusion avec son imposition du bulletin chiffré. Chez nous, les bulletins sont supposés être préparés entre le 21 et le 28 novembre, puisque nous devons avoir placé dans le système informatique nos notes, cotes, cotes-notes, notes-cotes (not, not cut, shortcut, cot-nut, …) pour le 20 novembre au plus tard. Les bulletins seront remis aux parents le 29 novembre.
Rencontre avec de futurs profs…
J’étais invité, cet après-midi, entre deux cours à mon école secondaire et une bouchée trop vite avalée, à rencontrer pendant 45 minutes un groupe d’étudiants futurs profs de français à l’Université Laval. Le titre officiel qu’on me donnait (sur papier) était un tantinet pompeux : conférencier invité !
Ma mission, si je l’acceptais (et je l’avais accepté quelques semaines auparavant), était de mettre un peu de concret dans un cours de littérature «I». J’y abordai donc quelques exemples de littérature qu’on propose à nos jeunes, quelques stratégies qu’on utilise (que j’utilise surtout) pour intéresser le plus possible les jeunes à la lecture, etc. J’avais eu l’idée, mais j’ai oublié de mentionner le projet du Prof Masqué (Je m’en excuse sincèrement) : je réparerai mon oubli en envoyant un courriel à la professeure de ces étudiants, dans lequel je mentionnerai quelques liens intéressants de la blogosphère.
Bien entendu, il n’était pas question de passer sous silence la qualité (et la maîtrise) de la langue (écrite, surtout, mais aussi orale) chez les futurs enseignants en général, encore plus pour ceux qui se dirigent vers l’enseignement du français ! Je n’ai pu m’empêcher de faire quelques liens avec les discours foisonnant l’actualité ces temps-ci.
Par contre, le temps fila tellement vite, que je n’eus qu’environ 5 minutes pour quelques questions intéressantes, dont celle sur le texto (MSN) qui, bien qu’il faille s’en préoccuper, ne peut être le seul bouc-émissaire de la piètre qualité de la langue, tout comme la réforme ne peut être seule responsable de tous les maux. Les boucs-émissaires uniques, c’est trop facile pour être réel !
En terminant, j’ai eu quelques secondes pour mentionner que de plus en plus d’enseignants aiguisaient leur crayon virtuel en réfléchissant ensemble sur leurs blogues. Et j’ai aussi mentionné que plusieurs de mes élèves se partiront ces jours-ci un blogue chacun, dans le but d’écrire plus… et éventuellement mieux, entre autres.
Une expérience à renouveler, donc, mais un peu différemment. Peut-être à la prochaine session, qui sait !
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Voilà à mon humble avis le score affiché devant nos yeux hier soir à TLMEP.
Bien sûr, je parle, comme tous les blogueurs en lien dans la colonne de droite ci-contre (Ça va éviter d’écrire 15 fois le mot ici avec un hyperlien différent sur chacun ;-)), de la visite de notre chère ministre de l’éducâtion à l’émission d’hier du roi au grand menton (Pas Mulroney… l’autre plus jeune, ex-RBO et un peu plus baveux, mais si peu…)
Aucun leadership de Guy-A hier soir. La ministre a pris le contrôle de l’image, appuyée par un Patrick Huard extrêmement téteux, méconnaissable… (La quête de subvention et la prostitution, ça se ressemble, mis à part la volonté de l’abaissement qu’on retrouve seulement dans le premier cas).
Que de la poudre aux yeux du bon peuple qui, ce matin, appuie inconditionnellement ou presque (dans ce cas-ci à ma grande surprise – l’auteur nuance plus, d’habitude – preuve que la ministre finit par convaincre à force de séduire l’électorat de grands coups de gueule !)
Il y avait bien une ou deux phrases intéressantes, pas mal diluées parmi tout ce show de boucane médiatique, mais ce seront rarement les phrases qui auront été retenues. Je parle ici entre autres de la mini-lilliputienne tirade sur les bienfaits de la littérature…
Pour ce qui est de l’animateur-roi, passer comme ça à côté d’une entrevue qui aurait pu être très intéressante relève soit d’une inconscience hors du commun ou de la non-préparation presque volontaire… Quoique un show de variété et un show politique, ça se ressemble beaucoup, non ?
Français et enseignement
Petit scandale aujourd’hui dans La Presse. Une mère excédée finit par contacter le journal pour y exposer le cas de son enfant, dont un des enseignants a des difficultés évidentes en grammaire et orthographe (J’aurais pu faire plus savant et dire «orthographe grammaticale et orthographe d’usage ;-)) En plus, ça se passe dans une école privée qui, c’est connu, se classe invariablement dans les rangs supérieurs au fameux (pseudo)-palmarès de la revue L’Actualité… (Mais ceci est un autre dossier.)
Il appert (voir aussi cet autre article dans La Presse) que plusieurs enseignants en arrachent avec le français. Formation déficiente pour les futurs maîtres ? Je ne saurais trop dire. Le problème est sûrement beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord.
Est-il besoin d’ajouter, à l’intention de notre chère ministre de l’éducation, que tous ces nouveaux enseignants et ces étudiants universitaires n’ont jamais bénéficié du renouveau pédagogique (ou la Réforme, pour faire court en terme d’appellation contrôlée…).
Le problème est visible, il est là, réel. Suzanne G. Chartrand, dans son langage souvent non politically correct, mais franc – à l’image de celui de son père, Michel – , le dit elle aussi. En plus, elle enseigne à ces futurs profs ! Je l’ai connue, l’imagée dame, sur les bancs d’université, il y a quelques années à peine, alors que je faisais un petit retour aux études (certificat réparti sur une durée de 3 ans, tout en continuant de travailler à temps plein et plus). Elle avait toute une réputation : elle corrigeait «sévère». J’ai eu dans ce cours une de mes plus faibles notes à vie à l’université, et pourtant, j’étais dans la moyenne supérieure. Mais vous auriez dû voir la majorité des étudiants, d’environ la moitié de mon âge (quoique, ici, l’âge, ça n’est pas un argument, mais disons que ce n’est pas la même génération…), monter aux barricades, prêts à signer une pétition «exemplaire» visant à faire rentrer la «madame» dans les rangs des «donneux de A et de A+» ! Pathétique ! Les trois “vieux” du cours ont refusé de signer ça. Donc, pour moi, note faible en apparence, mais c’est un des cours universitaires où j’ai le plus appris à vie.
Alors peut-être devrions-nous garder en mémoire les phénomènes ou les histoires de ce genre, quand il s’agit de chiffrer ou coter un bulletin.
Ceci dit, le problème de la langue, il faut s’y attaquer, mais il faut une action concertée. Quand les tâches débordent de toutes parts, il faut avoir le soutien de tous, ce qui est loin d’être le cas présentement. On se contente de voeux pieux (ministériels ou pas) et d’études à tabletter. L’action concrète : bof ! ajoutons un test par ci, un autre par là. Bien peu à mon avis… Faisons écrire plus les jeunes (pas juste de simplistes dictées, là*), conscientisons-les mieux, peut-être arriverons-nous plus rapidement qu’on pense à une meilleure maîtrise de la langue.
N’oublions pas non plus que ce scandale ne date pas d’aujourd’hui. Je-ne-sais-plus-qui disait, il y a quelques siècles, que les jeunes ne savent plus écrire… (Pas une raison pour jouer à l’autruche, mais juste une re-contextualisation ici).
*Je connais les forces et les limites de l’outil, tout simplement. Le développement de blogues d’élèves peut être une avenue très intéressante. Mais elle a ses forces et ses limites elle aussi…
MISE À JOUR : 2007-11-09–9h00 :
Hortensia me fait découvrir cette lettre ce matin dans laquelle on ne nie pas le problème, mais on le relativise en nuançant les divers éléments qui composent ce problème. Bien sûr, je ne souhaite pas que ces nuances amoindrissent les problèmes dans l’opinion des gens, mais je souhaite que ça apporte un éclairage démontrant la complexité d’un problème. La réalité est rarement aussi simpliste qu’on voudrait bien le croire.
Cot-cot-cotes ? Notes not notes !
Cet après-midi, en journée pédagogique, présentation du nouveau modèle de bulletin chiffré, proposé par la Commission scolaire, modèle à être ajusté localement, ajusté très légèrement, la marge étant très mince, dû au délirium très mince de notre grande et sainte patronne qui a LA vérité surtout en entrevues… Lapidez-moi, j’exagère toujours un peu ! Un peu. Si peu…
On aura au moins convenu, comme plusieurs (dont le prof malgré tout dans ce billet) que des compétences, ça ne s’évalue pas en notes, pas avec 100 échelons dans l’échelle; ce serait l’absurdité consacrée. Je veux bien croire qu’on joue malgré nous à une «game» politique, mais quand même !
Là où ça se complique, c’est lorsque l’on traduit ces cotes en notes, en nombres (les chiffres étant de 0 à 9, point final, bon !) La meilleure aberration consiste en la cote E (cote attribuée potentiellement, éventuellement à un élève qui n’aurait rien fait) convertie au résultat de 32. Ça vient d’où, ça ? On ne sait pas… Puis tout à coup, je m’exclamai, probablement pour détendre une atmosphère beaucoup trop tendue à force de voir autant d’incohérences en si peu de temps : «Ben voyons ! Ils ont oublié de convertir les unités de mesures. 32°F, ça fait 0°C !»…
LE problème avec l’évaluation des compétences, c’est celui de l’incompréhension assez générale (chez quelques profs quand même encore trop nombreux, chez beaucoup de parents et, visiblement, chez la ministre) de l’évaluation holistique (voir ici : holisme). Le prof masqué en parlait dans un billet récemment. (Voir ici.)
Alors on a tout ça, ainsi qu’une ministre qui joue à acheter des votes à peu de frais en suivant une quelconque vague aux dépends de la cohérence, votes essentiels à un gouvernement minoritaire qui pourrait aller en élections n’importe quand… On a tout ça et plus encore… Et ce qu’on aura ne me laisse guère d’espoir pour les prochaines semaines ou les prochains mois. On aura des rencontres de parents fin novembre où nous devrons nous débattre face à l’incompréhension créée de toutes parts. Parfois, comme certains collègues, j’aurais le goût de dire : allez donc demander à la ministre qui a eu cette idée du bulletin chiffré, mais d’un autre côté, je me sens mal de ne rien expliquer aux parents de mes élèves. Comment expliquer l’incohérence ? Comment expliquer une incohérence ? L’évaluation ne devrait-elle pas appartenir aux profs à 100% (Ai-je dit pourcent ?) Encore un empiètement du politique sur les compétences professionnelles des enseignants ?
Le problème avec les nombres (une adjointe disait ça cet après-midi, vers 16h40), c’est leur signification culturelle différente de celle qu’on veut donner au bulletin chiffré des compétences… La double signification des nombres amènera forcément des distorsions. Or un bulletin se devrait d’être une communication claire !…
Que de travail à faire encore, à la suite de ce bonbon politique, véritable cadeau de Grec dans la mare de l’éducation…
Vivement un peu de repos (je ne peux dire correction, je ne sais plus comment la faire…). C’est la fin de semaine !
MISE À JOUR : 2007-11-04–23h00 :
Un billet très intéressant ici, qui vient d’un non-prof en plus !