Énergie à gaspiller :-(

Mauvaise nouvelle apprise hier d’une source très sûre : moi qui pensais avoir contribué à régler le problème, voilà que le problème risque de refaire surface, et de façon dite permanente à partir de l’année scolaire prochaine : ma Commission scolaire veut vraiment restreindre fortement l’accès à YouTube.

Disons simplement qu’en fin d’année scolaire, alors qu’on est littéralement écrasé par le rouleau compresseur inhérent à tout mois de mai-juin, personne n’avait besoin de cette perspective qui n’augure rien de bon pour les pédagogues branchés pour l’année scolaire qui vient.

Le mot d’ordre semble donc être : «Utilisez les nouvelles technologies, mais faites en sorte que ça ne nous coûte pas cher en bande passante, car on est en déficit et ça coûte trop cher.»
Tant qu’à y être, extrapolons (si peu!) : «Continuez de faire faire bêtement des travaux au traitement de texte comme en 1985, sur WordPerfect avec des 8086». Comme dirait André Girard : «NIAISERIES !»

Le problème, ce n’est pas tant de restreindre à l’excès (pour ainsi rendre à peu près inutilisable) la bande passante de YouTube, mais plutôt de restreindre les moyens pédagogiques utilisés par des enseignants qui, eux, sont spécialisés en pédagogie, contrairement au gestionnaire qui ne regardent que des colonnes de chiffres sans penser aux vraies conséquences sur le terrain.

De toute façon, restreindre YouTube plus qu’un autre ne fait qu’enclencher un jeu du chat et de la souris… Bientôt, des moyens seront pris pour copier des vidéos de YouTube vers DailyMotion, TonTuyau.com et tutti quanti… Pourquoi pas TeacherTube, tant qu’à y être. Bref, un problème, ça se contourne allègrement, surtout un problème de cette sorte. Mais il faudra passer par des étapes de plus, au lieu de simplement accéder presque instantanément au bon fichier.

J’entends déjà les objections de nos gestionnaires informatiques : «On n’a pas coupé YouTube, contrairement à d’autres Commissions scolaires bien pires, on l’a juste ralenti». Le problème avec ce ralentissement, c’est que c’est tellement ralenti que même les reprises des émissions de sport apparaissent accélérées comparé à YouTube à cette sauce ultra-lente ! On ralentit, certes, mais a-t-on testé in situ dans une vraie classe ? J’en doute tellement…

Youhou ! On est en 2008, à l’ère du multimédia. De la bande passante, il va en falloir toujours plus pour fournir. Il est inutile d’essayer de sauver des sous là-dessus pour éponger un déficit. Le déficit, on sait à quoi il est dû, alors que les responsables assument au lieu de toujours faire porter le chapeau à ceux qui ne l’ont jamais cherché, les profs.

En plus, de l’autre côté, on nous propose des TBI et autres moyens technologiques, mais sans nous donner les moyens de pouvoir les utiliser pleinement… Paradoxe de la nature humaine, mais paradoxe qui ronge les initiatives pas à peu près…

Donc, en cette fin d’année scolaire, je nous vois encore devoir gaspiller un paquet d’énergie, complètement inutilement, en discussions plus ou moins stériles, avec des gens qui souvent ne comprennent rien à la pédagogie et à l’éducation, mais qui comprennent beaucoup l’argent et la répression. Je sais bien que, dans la réalité, on doit tenir compte de tous les facteurs, mais y a-t-il quelqu’un qui a déjà parlé du véritable coût de l’énergie mise à la mauvaise place ? On en a un très bel exemple ici.

À nos administrateurs, salut !

Aaaaaahhhhhh !

Et voilà ! Fini le temps des corrections ! Youppi ! Enfin ! Joie ! Bonheur ! La période d’esclavage est terminée ! Les résultats sont compilés, les bilans terminés (à part quelques menus détails qui devront attendre à demain, puisqu’il me faut être à l’école pour compléter quelques détails dans très peu de “dossiers”)

Je sais que la correction, ça fait partie de la job, comme on le dit si “bien”, mais quand ça se termine, ça fait toujours le même effet : un immense poids qui s’en va des épaules d’un seul coup. Tellement soudain comme truc qu’on a l’impression, parfois, que les épaules se mettent à se soulever dans les airs, comme ça, tout seul… Effet de légèreté assuré ou argent remis !

Ceci dit, je ne suis pas en vacances… Il reste quand même les sempiternelles réunions (fort ou trop nombreuses, c’est selon) dans les prochaines journées… ainsi qu’un peu de ménage qui s’impose (QUI S’IMPOSE, devrais-je écrire en majuscules !)

Et après ça, je ne serai toujours pas en vacances, mais plutôt en convalescence : comme le disait si bien Sylvain Lelièvre, lors d’une entrevue jadis à un talk-show coallien bien connu à une certaine époque, alors qu’il enseignait le français au Collège Maisonneuve, «les profs n’ont pas 2 mois de vacances, mais bien un mois de convalescence suivi d’un mois de vacances» : j’avais adoré cette phrase, car, à l’époque, je commençais à peine dans le métier et je me faisais régulièrement “écoeurer” avec cette affirmation qui a la couenne dure dans l’opinion publique…

De toutes façons, y a-t-il quelqu’un qui a déjà trouvé un interrupteur pour mettre à la position OFF un prof ? En tout cas, moi, je ne l’ai jamais trouvé.

Pablum pédagogique… (modifié)

Ce matin, je lisais chez François un billet qui fait mention de cette étude sur l’utilisation des TIC à l’école. (Allez lire ici plutôt, ce n’est pas très long !)

Le moins que je puisse dire, c’est que les (quelques?) enseignants qui utilisent les TIC à l’école semblent le faire d’une façon telle que l’on privilégie largement ce que j’appellerai le Pablum pédagogique.

Pour ceux qui ne se rappelleraient pas, le Pablum™ est cette espèce de mélange de céréales pour nourrisson. Bref, du manger-mou pour ceux qui n’ont pas de dents (et plusieurs années plus tard, pour ceux qui n’en ont plus ;-))

Par extension, on peut donc parler de quelque chose de pré-digéré, de facile à prendre. Le genre d’utilisation des TIC que je voyais dans les exemples rapportés par Martine Rioux de lInfobourg, dans son compte-rendu de l’étude, m’a fait faire ce raisonnement : les enseignants (moi inclus par moments – je m’en confesse) privilégient les activités où les informations sont pré-sélectionnées, où le travail est fortement encadré, où l’ensemble se compare plutôt bien avec de la bouffe pré-mâchée.

Or, ainsi, on ne développe pas ou très peu l’esprit critique et la capacité de jugement, compétence (dite transversale) si utile. Je veux bien croire qu’il faut une progression en éducation, mais parfois je m’interroge énormément sur le fait qu’on ne semble pas passer aux aliments solides assez vite, comme profs. La ouate dans laquelle on veut bercer le plus longtemps possible nos petits chérubins (qui grandissent plus vite qu’on pense, parfois) semble n’être présente, en bout de ligne, qu’à l’école, une fois que les élèves ont passé un certain âge. Au secondaire, en tout cas, il m’apparaît de plus en plus évident que les élèves mangent du solide, mais un peu n’importe comment parfois, et surtout, surtout, hors classe ! L’école devient ainsi un vase clos qui, si la tendance se maintient, n’aura (n’a peut-être déjà plus) plus rien à voir avec la réalité à laquelle elle est supposée servir de préparation, en quelque sorte…

Devant tant de contenus, d’informations, d’infobésité (dit le néologisme de plus en plus “répandu”, sans jeu de mot), la capacité de développer son esprit critique et son jugement sera de plus en plus une compétence ESSENTIELLE ! Alors si on veut la développer, cette compétence, commençons par lâcher la manipulation d’outils plus ou moins en lien avec la tâche à accomplir, favorisons le plus possible les mises en situation qui permettent l’exercice, même imparfait, du jugement ! D’ailleurs qui a dit que les exercices devaient donner des résultats parfaits du premier coup ? L’apprentissage de l’exercice du jugement va de même que les autres formes d’exercices : mais pour ça, il faut des situations où l’apprentisage peut se faire (TIC ou pas, d’ailleurs – varier n’a jamais tué personne, mais la statique dans laquelle sont enfermés – par définition – les manuels fait en sorte de scléroser l’école). Et si on continue de tout pré-mâcher, comment alors allons-nous participer à la formation d’individus éclairés et autonomes ?

Et dans le système actuel, structuré comme il l’est présentement, je commence à douter fortement de la possibilité de mettre en place des mesures qui vont vraiment dans ce sens. Le cadre se devra d’éclater, comme je le disais chez François en commentaire : avec les technologies et les divers réseautages qui naissent partout, le cadre de la classe apparaît de plus en plus limité et hors réalité…

Bien des conventions (collectives et autres ;-)) devront être revues en profondeur pour tenir compte des importants changements de paradigmes qui doivent se produire à l’école aussi. Car ailleurs, la partie est déjà bien commencée…

Si nous ne voulons pas devenir des fossiles vivants (ou plutôt vivotants)…

MISE À JOUR : 2008-06-06–12h00 :

Lu chez Photosmax un exemple d’utilisation “papier” d’un outil “technologique” : une entreprise qui fait sa comptabilité sur Excel comme si c’était sur papier : aucun gain de temps ! Comme quoi la maîtrise de l’outil est importante pour pouvoir en profiter au maximum ! Et vu que la technologie évolue très rapidement, la collaboration élèves-enseignants deviendra très vite essentielle sur ce plan… Quand les “tech-natifs” et les “non-natifs” se rencontrent…

Publication papier obligatoire ?

Hier, j’ai eu l’occasion de vivre un Skypecast (conversation audio seule) avec des gens du réseau Apprendre 2.0. À 5 personnes qui ont réussi à faire coincider leur horaire, nous réunissions 3 continents, c’est peu dire 🙂

Ainsi, nous avons pu nous pencher ensemble, pendant environ une heure, sur quelques questions sur l’intégration des TIC (mes amis européens diront TICE ;-)) à l’éducation en général et à l’enseignement en particulier. Nous avons aussi parlé de partage de ressources (comment collaborer vraiment entre personnes), de l’assez faible convivialité des “outils”-TIC actuellement disponibles (à notre connaissance en tout cas – quelqu’un d’autre a peut-être trouvé la perle rare et il pourra nous la partager bientôt, qui sait !).

Là où j’ai parfois accroché (Ceci se veut une hypothèse, peut-être une constatation, mais sûrement pas un reproche !), c’est quand j’avais l’impression que les initiatives de partage qui marchent doivent presque obligatoirement déboucher sur une publication : ça sonnait dans le style “preuve d’une consécration” ou “célébration officielle d’une réussite”.

Je n’ai malheureusement pas eu le temps d’aborder ce sentiment dans la discussion, mais je me demandais pourquoi faut-il toujours une sorte de mise sur papier publiée pour officialiser quelque chose. On parlait de changements de paradigmes, eh bien ici aussi, ça pourrait se produire, non ?

Je sais bien que la pérennité du papier semble plus véritable que celle des données informatiques, mais il n’empêche qu’un manuel, aussitôt publié sur le marché, a cet aspect figé, voire coulé dans le béton, qui contraste avec la réalité de plus en plus mouvante à laquelle nous sommes confrontés. Alors pourquoi s’embarrasser (!) du papier et de la publication figée en cette ère de l’information constamment mise à jour ? Je sais bien qu’une publication permet d’immortaliser en quelque sorte quelque chose non pas au terme de son élaboration, mais plutôt à UN TERME de son élaboration, car l’élaboration n’est jamais complètement finie…

De là à passer au débat sur les manuels scolaires, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement ! Vivement qu’on mette ces énormes budgets ailleurs 🙂
Dans des TBI, par exemple ? Ou des tablettes PC ? Ou… … …

Homo

À la demande de Zed (avec beaucoup de retard, je sais, désolé Zed, sincèrement), voici le billet promis.

Au cours de mes années d’enseignement, il m’est arrivé à l’occasion d’aborder le sujet de l’homosexualité en classe. Ce sujet est toujours délicat, car on sent plusieurs préjugés complètement inutiles desquels on n’est pas toujours complètement sorti soi-même parfois (?) (Sous-entendu : ce ne sont pas tous les enseignants qui sont à l’aise avec ce sujet…)

Ainsi, il m’est déjà arrivé de raconter aux étudiants la fois où un couple de mes amis s’est embrassé (tout ce qu’il y a de plus banal et ordinaire comme embrassade) en se disant au revoir. Exactement comme un couple d’hétéro qui se sépare le temps d’une journée de travail…
Je me rappelle même avoir alors pensé au premier coup (le “jugé premier” si on veut) que ça faisait “spécial”, car moins courant, visuellement parlant. C’est une scène que je vois moins souvent, tout simplement… Et je me rappelle surtout avoir pensé, immédiatement après, que ce n’était chez moi que le fait que ça ne soit pas courant qui me faisait réagir. Car, au fond, un couple qui s’embrasse quand un va travailler, peu importe qui compose ce couple, c’est une scène courante, non ? Cette prise de conscience de jadis (ça fait moult années, cet exemple), racontée aux élèves, les faisait réagir. Et la discussion qui suivait pouvait amener à une prise de conscience plus approfondie, à une réflexion plus poussée.

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Il m’est aussi arrivé, à quelques occasions, qu’un ami ou une connaissance décide de se confier à moi, au sujet de son orientation sexuelle, de son homosexualité. Ces cas-là étaient des cas de gens qui se décident soudain à s’assumer complètement, après avoir vécu les déchirements que procure toute forme de marginalité. Dans tous les cas que j’ai connus (ils ne sont pas légion, mais tout de même), on sentait chez ces personnes une sorte de délivrance que leur donnait leur décision, même si la décision d’assumer complètement son identité (car ça fait partie intégrante de l’identité de la personne) n’avait pas été facile à prendre. Dans ces cas-là, souvent, je n’avais qu’à être l’oreille attentive dont ces personnes avaient besoin, d’être celui qui recueille la confidence, simplement, sans juger.

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Dans mes très lointain souvenirs, je me rappelle aussi celui où je m’étais à quelques occasions fait traiter de fif (3 lettres qui en disent long, comme disait récemment le Prof Masqué)… parce que je jouais du piano. C’était au tout début de mon adolescence, et ça blessait fort. Ce que j’ai su, puis constaté des années plus tard, c’est qu’au moins une de ces personnes insultantes de l’époque était aujourd’hui homosexuelle. La difficulté d’assumer au départ fait parfois agir ainsi…

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Je me rappelle aussi avoir vu grandir un enfant et d’avoir découvert plus tard que cet adulte était homosexuel. D’avoir jasé un peu avec un de ses parents et que l’on se soit dit que nous n’étions pas du tout surpris… Qu’on l’avait senti à l’époque et que c’était beaucoup mieux que cette personne s’assume pleinement, plutôt que de vivre dans l’ombre d’elle-même…

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Enfin, je me rappelle aussi cette autre personne homosexuelle, pleinement assumée dans sa vie de tous les jours, qui avait en horreur ces parades où des extrémistes (ce sont ses mots) se pavanent et font paraître l’homosexualité comme une grosse caricature (expression pléonasmique s’il en est une ;-)) – encore ses mots.

C’est aussi cette même personne qui nous racontait des “jokes d’homosexuels” ! Il y avait peut-être un peu d’auto-dérision dans ce fait : l’auto-dérision de celui qui s’assume pleinement. Mais les “jokes” étaient toujours tout de même assez respectueuses. De l’humour sain, pourrais-je dire.

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Bref, la discrimination, peu importe sur quoi elle porte, a un côté malsain, dommageable indéniable.

Mais en même temps, il faut savoir faire la part des choses (discerner là où il y a discrimination réelle et néfaste), comme dans le cas du dernier exemple de l’homosexuel qui raconte des “jokes” d’homosexuels dans un contexte où il fait la preuve de la pleine “maîtrise” de sa “condition”. Bien sûr, dans ce cas, les “jokes” ne sont pas discriminatoires. (Sous-entendu, il existe des “jokes” fortement discriminatoires et il faut avoir la sagesse de faire la différence entre les deux style de blagues…)

Donc, pour faire la différence entre les deux cas (discrimination ou non), il faut tout de même avoir un peu (beaucoup?) réfléchi 🙂

Beaucoup plus facile à dire qu’à faire, n’est-ce pas ?