Lettres à la ministre

La FSE (syndicat de l’enseignement d’environ la moitié des enseignants au Québec – l’autre grand syndicat étant celui des enseignants de la région de Montréal) fait actuellement signer une pétition pour envoyer à la ministre Courchesne qui a littéralement semé la confusion avec son imposition du bulletin chiffré. Chez nous, les bulletins sont supposés être préparés entre le 21 et le 28 novembre, puisque nous devons avoir placé dans le système informatique nos notes, cotes, cotes-notes, notes-cotes (not, not cut, shortcut, cot-nut, …) pour le 20 novembre au plus tard. Les bulletins seront remis aux parents le 29 novembre.

C’est cette semaine seulement que les règlements définitifs semblent survenir dans mon milieu immédiat (Commission scolaire). On tente tant bien que mal de se débattre avec la patate chaude envoyée dans nos dents par madame Courchesne… Échelle de 0 à 100 ? Échelle de A à E transposée en pourcentages arbitraires ? Cylindre gradué ? Oups ! Ne fait pas partie du choix de réponses !
Alors, en bout de ligne, beaucoup de gens se retrouvent “dindons de la farce”, et ils pédalent à qui mieux mieux, dans une course folle à l’incertitude, n’ayant vraiment plus besoin de salle d’entraînement physique, faute de temps et faute d’énergie à force d’avoir tant pédalé à peu près dans le vide depuis les dernières semaines.
Oh ! Bien sûr, nous continuons d’évaluer nos élèves ! Après tout, nous savons faire preuve de professionnalisme, mais nous savons à peine comment nous pourrons communiquer les résultats de cette évaluation aux parents de nos élèves… Et, comme je l’ai déjà dit, les nombres figurant au bulletin ne signifieront pas grand’chose, étant le plus souvent le reflet d’une cote convertie en nombres, desquels on extraira une moyenne tout aussi artificielle ! (Missmath, une autre prof blogueuse,  parlait de quantifier le qualitatif, ou quelque chose du genre : exact !)
Pendant que circule la pétition dénonçant “l’ingérance politique” dans notre (profs) pratique évaluative, l’AQPDE (Association québécoise du personnel de direction des écoles) a envoyé, via son président Yvan Ouellet, une lettre à la ministre dénonçant son ingérance dans les CE (Conseil d’établissement) des écoles qui doivent décider des modalités de communications aux parents (bulletins et autres), ainsi que la contradiction entre la décision chiffrée de la ministre et l’article 96.15, par. 4e, de la loi sur l’Instruction publique, qui devrait donner une certaine autonomie aux écoles quant aux modalités de communications aux parents.
Je ne crois pas contrevenir aux droits d’auteur, si j’ai le temps, en fin de semaine, de numériser la lettre de l’AQPDE et l’entête de la Pétition syndicale : vous pourrez alors juger de ces textes par vous-mêmes si vous ne les avez pas déjà lus.
Voir aussi cette autre lettre à la ministre sur le blogue du RAEQ.

Image… 1 / Contenu… 0

Voilà à mon humble avis le score affiché devant nos yeux hier soir à TLMEP.

Bien sûr, je parle, comme tous les blogueurs en lien dans la colonne de droite ci-contre (Ça va éviter d’écrire 15 fois le mot ici avec un hyperlien différent sur chacun ;-)), de la visite de notre chère ministre de l’éducâtion à l’émission d’hier du roi au grand menton (Pas Mulroney… l’autre plus jeune, ex-RBO et un peu plus baveux, mais si peu…)

Aucun leadership de Guy-A hier soir. La ministre a pris le contrôle de l’image, appuyée par un Patrick Huard extrêmement téteux, méconnaissable… (La quête de subvention et la prostitution, ça se ressemble, mis à part la volonté de l’abaissement qu’on retrouve seulement dans le premier cas).

Que de la poudre aux yeux du bon peuple qui, ce matin, appuie inconditionnellement ou presque (dans ce cas-ci à ma grande surprise – l’auteur nuance plus, d’habitude – preuve que la ministre finit par convaincre à force de séduire l’électorat de grands coups de gueule !)

Il y avait bien une ou deux phrases intéressantes, pas mal diluées parmi tout ce show de boucane médiatique, mais ce seront rarement les phrases qui auront été retenues. Je parle ici entre autres de la mini-lilliputienne tirade sur les bienfaits de la littérature…

Pour ce qui est de l’animateur-roi, passer comme ça à côté d’une entrevue qui aurait pu être très intéressante relève soit d’une inconscience hors du commun ou de la non-préparation presque volontaire… Quoique un show de variété et un show politique, ça se ressemble beaucoup, non ?

Éthanol, une panacée ?

Ce soir à l’émission Enquête, un intéressant reportage sur l’éthanol et son utilisation que l’on veut rendre de plus en plus répandue…

Volonté politique évidente, mais à quel prix !

On subventionne abondamment une production qui, somme toutes, semble vouée à une non-rentabilité énergétique. En effet, on trace un bilan mitigé, voire négatif, au plan énergétique, concernant cette production de carburant qui s’avère en plus moins efficace que l’essence. Outre les considérables surfaces de culture du maïs, on constate un dégagement de gaz à effet de serre tout au long du processus et de la combustion du carburant, quantité de gaz qui est supérieure à la quantité de CO2 absorbée par les plans de maïs pendant leur croissance.

De plus, l’éthanol offre un rendement énergétique moindre que l’essence : petit test à l’appui, dans le reportage, qui semble prouver ce qu’on savait déjà…

Bref, une balloune politique, de la poudre aux yeux pseudo-environnementale ou encore la voie de la facilité ? C’est ce qui se dégage de l’ensemble de ce dossier.

Il faudra donc que l’humain trouve à moyen terme une autre source d’énergie ou, mieux, qu’il apprenne à limiter ses appétits voraces en terme énergétiques. Qu’on développe mieux les transports, qu’on fasse de meilleurs choix dans nos investissements ou dans les subventions qu’on accorde souvent à gauche et à droite pour garantir quelques votes influents. Et aussi, qu’on apprenne à ne pas tout sacrifier sur l’autel de la sacro-sainte économie qui prend parfois plus de place que celle qui devrait lui revenir. L’argent est certes important, mais il n’est pas tout.

Cot-cot-cotes ? Notes not notes !

Cet après-midi, en journée pédagogique, présentation du nouveau modèle de bulletin chiffré, proposé par la Commission scolaire, modèle à être ajusté localement, ajusté très légèrement, la marge étant très mince, dû au délirium très mince de notre grande et sainte patronne qui a LA vérité surtout en entrevues… Lapidez-moi, j’exagère toujours un peu ! Un peu. Si peu…

On aura au moins convenu, comme plusieurs (dont le prof malgré tout dans ce billet) que des compétences, ça ne s’évalue pas en notes, pas avec 100 échelons dans l’échelle; ce serait l’absurdité consacrée. Je veux bien croire qu’on joue malgré nous à une «game» politique, mais quand même !

Là où ça se complique, c’est lorsque l’on traduit ces cotes en notes, en nombres (les chiffres étant de 0 à 9, point final, bon !) La meilleure aberration consiste en la cote E (cote attribuée potentiellement, éventuellement à un élève qui n’aurait rien fait) convertie au résultat de 32. Ça vient d’où, ça ? On ne sait pas… Puis tout à coup, je m’exclamai, probablement pour détendre une atmosphère beaucoup trop tendue à force de voir autant d’incohérences en si peu de temps : «Ben voyons ! Ils ont oublié de convertir les unités de mesures. 32°F, ça fait 0°C !»…

LE problème avec l’évaluation des compétences, c’est celui de l’incompréhension assez générale (chez quelques profs quand même encore trop nombreux, chez beaucoup de parents et, visiblement, chez la ministre) de l’évaluation holistique (voir ici : holisme). Le prof masqué en parlait dans un billet récemment. (Voir ici.)

Alors on a tout ça, ainsi qu’une ministre qui joue à acheter des votes à peu de frais en suivant une quelconque vague aux dépends de la cohérence, votes essentiels à un gouvernement minoritaire qui pourrait aller en élections n’importe quand… On a tout ça et plus encore… Et ce qu’on aura ne me laisse guère d’espoir pour les prochaines semaines ou les prochains mois. On aura des rencontres de parents fin novembre où nous devrons nous débattre face à l’incompréhension créée de toutes parts. Parfois, comme certains collègues, j’aurais le goût de dire : allez donc demander à la ministre qui a eu cette idée du bulletin chiffré, mais d’un autre côté, je me sens mal de ne rien expliquer aux parents de mes élèves. Comment expliquer l’incohérence ? Comment expliquer une incohérence ? L’évaluation ne devrait-elle pas appartenir aux profs à 100% (Ai-je dit pourcent ?) Encore un empiètement du politique sur les compétences professionnelles des enseignants ?

Le problème avec les nombres (une adjointe disait ça cet après-midi, vers 16h40), c’est leur signification culturelle différente de celle qu’on veut donner au bulletin chiffré des compétences… La double signification des nombres amènera forcément des distorsions. Or un bulletin se devrait d’être une communication claire !…

Que de travail à faire encore, à la suite de ce bonbon politique, véritable cadeau de Grec dans la mare de l’éducation…

Vivement un peu de repos (je ne peux dire correction, je ne sais plus comment la faire…). C’est la fin de semaine !

MISE À JOUR : 2007-11-04–23h00 :

Un billet très intéressant ici, qui vient d’un non-prof en plus !