Fracture numérique et alphabétisation

Article rédigé pour la plus grande partie en 2016… et oublié dans mes brouillons. Je le publie aujourd’hui, car en cette ère de “fake news”, certains paragraphes m’apparaissent toujours très actuels !

Alors que je revenais de #Clair2016, pendant que nos cerveaux surchauffés (et contents de l’être) tournaient à grande vitesse, ça jasait fort dans les voitures sur le chemin du retour. (Faut dire que quand tu voyages avec Mario Asselin, Serge Goyette et sa conjointe Hélène Beauchemin, ça aide à avoir de ces conversations où l’on réfléchit parfois pas mal ! 😉 )

À un moment donné ou l’autre d’une discussion, une chose a commencé à me frapper.

aa-300x300Je me suis rappelé d’abord qu’une de mes profs d’université nous avait déjà dit qu’à une certaine époque lointaine, “savoir écrire” signifiait être capable de signer son nom. “Savoir lire” allait à peine plus loin que de lire une liste, etc. Depuis, les choses ont évolué, la vie s’est complexifiée, de plus en plus, et de plus en plus vite ! À une autre époque, plus récente, était considéré alphabétisé quelqu’un qui était capable de faire son rapport d’impôt, à supposé que c’était un rapport d’impôt de salarié normal, sans ajout de gestion multiple et de comptabilité inhérente au travailleur autonome, par exemple.

Puis, vers la fin du 20e siècle, ont commencé à poindre des réalités qui font maintenant partie de notre quotidien au 21e siècle (dont le 1/6e est déjà passé, soit dit en passant!). Je parle bien sûr de l’explosion du nombre des outils numériques, de l’explosion de leurs utilités possibles et de la place grandissante des réseaux, sociaux et autres, incluant l’infrastructure physique qu’il faut pour soutenir le tout. (Le sans-fil, c’est pas juste “dans les airs” que ça se passe : ça prend des machines pour fournir et diffuser le signal, etc. Parlez-en aux gens de Zap-Québec, ces pionniers du sans-fil à Québec, par exemple!)

Désormais, et nous n’y échappons plus, le quotidien EST numérique, et continuera de l’être de plus en plus. Ce qu’on disait “du futur” habite désormais notre présent, et ce, chaque instant ou presque ! (Un peu comme l’électricité jadis s’imposa progressivement comme une composante essentielle du quotidien : bien sûr, on peut arriver à “faire ou vivre sans”, lors de panne, mais l’électricité fait partie de notre quotidien depuis 7 ou 8 décennies au Québec, de sorte que tous considèrent normal de dépendre de ce courant électrique au quotidien.)

infobsit-et-curation-du-net-2-728Afin de pouvoir évoluer dans le monde désormais numérique, il faut posséder, maitriser certaines compétences qui ne sont plus exactement les mêmes qu’à l’époque pré-numérique. Ainsi, nous sommes devenus submergés d’informations de toutes sortes (l’infobésité), du bon comme du moins bon, nous obligeant ainsi à développer une certaine expertise dans l’évaluation du contenu qui nous est présenté en quantités industrielles, en plus de devoir savoir naviguer dans des flots de plus en plus gigantesques de données, présentées souvent de toutes sortes de façons.

Obligation, donc, de savoir chercher, de lire de grandes quantités d’informations, de confronter les informations qui nous sont présentées, obligation de développer à vitesse grand V son esprit critique, etc. Et obligation de faire des liens parmi tous ces hyperliens rencontrés lors de nos lectures. (Un ancien directeur d’école, Lucien (dont j’oublie le patronyme), qui suivait les cours avec nous à l’université, juste pour voir ce qu’on nous enseignait, disait lors d’une de nos mémorables pauses où ça jasait fort : “L’intelligence, c’est l’art de faire des liens.”)

Et c’est là, enfin, que je me suis permis de faire la comparaison avec les critères d’alphabétisation dont je parlais au début de ce texte, critères qui évoluent selon les époques. Nous sommes désormais rendus à une époque où quiconque ne veut pas être largué (ou ne veut pas être dépendant de ceux qui contrôlent l’information, ou encore en décalage) doit absolument développer les compétences informationnelles ci-dessus mentionnées.

Il en va de même pour ces compétences qu’il en allait récemment avec le “savoir lire des instructions dans un manuel” ou “savoir remplir un rapport d’impôts de base”.

Sinon, les gens qui ne maitrisent pas ces compétences informationnelles pourront être considérés plus ou moins “alphabétisés”, pourront être considérés comme plus ou moins fonctionnels dans une société qui modifie (et complexifie) constamment ses exigences au fur et à mesure de ses évolutions, qu’on soit d’accord ou pas (ou moins) avec ces évolutions. Et en bout de ligne, un citoyen analphabète (au sens d’analphabète numérique selon ce qui vient d’être défini ci-dessus) dans une société, ça donne un citoyen mal ou pas informé qui ne peut exercer son devoir de citoyen. Ceci, à supposé que la société prétendument démocratique dans laquelle on vit se fasse un devoir de publier les données dont chacun devrait disposer pour décider de façon éclairée (Voir “données ouvertes” dans Google pour un peu plus de détails 😉 )

C’est ce que nous avons nommé jusqu’ici la “fracture numérique” : ce décalage entre les compétences requises pour évoluer dans la société et les compétences acquises. En éducation, dans l’élaboration des programmes de formation, il me semble que ça doit (devrait) être une préoccupation constante! Et il me semble aussi qu’à la vitesse où le tout évolue, la compétence “savoir apprendre à apprendre tout au long de la vie” devrait être au centre des programmes et des formations !
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Note : On devrait lire ouvertS et gratuitS sur cette image 😉

 

Changer ou ne pas changer – fausse question !

À l’ère des fausses nouvelles (fake news), on parle beaucoup du mot changement. D’un côté, les partisans du changement, les «bons» (vus comme des «méchants» par le clan adverse) qui veulent le changement, car ça presse, ça urge, etc., ou juste parce que nécessaire… De l’autre côté, les «méchants» (vus comme les «gardiens des traditions» par eux-mêmes), «partisans du statu quo à tout prix» (dit-on chez les partisans du changement!)…

La polarisation… ou la pensée binaire : tout est bon ou tout est mauvais. Irréel, point.

Vous voyez la dynamique : en fait, il n’y en a pas, de dynamique vraiment constructive, tellement la polarisation paralyse le tout et empêche, au final, tout changement sur une échelle le moindrement grande. Bref, plein de petites initiatives ici et là, un fil conducteur plus ou moins clair ou bien défini, et plein, tout plein (trop plein) de commentaires sur Facebook et autres réseaux sociaux où les partisans suivent leurs lignes de partis (même pas politiques, très souvent), partisans de leur opinion élevée au rang de quasi-absolu, trop occupés à «argumenter» sans trop écouter ou saisir l’ensemble d’un message, trop occupés à passer de force «leur» propre message,trop occupés à démolir la petite faille ou la petite faiblesse de quiconque émet une
opinion qui ne va pas à 100% dans «leur sens», etc.
Bref, un «dialogue» de sourds. Aucune conversation. Que des monologues parallèles. Triste. Infiniment triste. Et un manque criant de nuances en général.

Bien sûr, on peut choisir de ne pas lire les gens que nous trouvons «toxiques» (Personnellement, je n’ai jamais employé cette expression, car trop caricaturale, mais certains l’emploient) ou moins inspirants, mais alors on tombe dans l’autre extrême, celui de ne lire et de n’échanger qu’avec des gens qui pensent exactement comme nous ! Aucun enrichissement au final… Et aucune évolution des idées.

Entre le dialogue de sourds et les faux débats ultra-stériles qui ne feront jamais avancer aucune question d’une part, et le repliement sur soi et sa petite gang qui fera avancer ce petit groupe mais personne d’autre, d’autre part, il y a peut-être une troisième voie que les obsédés des débats binaires et de la polarisation ne sauront voir ou imaginer. Personnellement, après des années de lectures sur les réseaux sociaux, j’en arrive à la conclusion que si on veut avancer, la 3e voie est peut-être la seule option où je n’ai pas encore découvert de cul-de-sac frustrant qui finit par scléroser les opinions bien retranchées dans leur camp respectif.

Alors, qu’en est-il du changement et de cette troisième voie?

Changer ou ne pas changer est ici une question piège qui anéantira le sain débat..

Il faudrait plutôt se demander si on veut évoluer ou ne pas évoluer. Ce qui ne présuppose pas le même revirement drastique que le mot changement laisse trop souvent sous-entendre. Jeter le bébé avec l’eau du bain n’a jamais été vraiment avantageux… Le statu quo sans se poser de questions non plus.

Notre société évolue, c’est un fait indéniable. Il en a toujours été ainsi, parfois pour le mieux, mais toujours avec son lot plus ou moins important d’inconvénients et d’ajustements nécessaires, et toujours avec certains avantages, si on sait bien se placer, se positionner. Bref, on compose avec cette évolution et on tente d’influencer ce sur quoi on a le pouvoir de le faire sans jamais être capable d’arrêter ou de contourner ces évolutions plus ou moins rapides selon les époques et les soubresauts de l’Histoire. (Il n’y a rien de linéaire ou à vitesse constante.)

L’évolution permet parfois de ramener certains paramètres près de ce qu’ils étaient (grosseur des appareils), avec plusieurs modifications, cependant (ici, la puissance).

Actuellement, notre société —et les outils technologiques de notre quotidien en particulier— évolue à une vitesse jusqu’ici jamais vraiment rencontrée. C’est à en donner le tournis parfois. La vitesse constatée est tellement élevée que le temps de prendre du recul semble avoir disparu. On peut être alors tenté de plonger sans réfléchir ou, à l’inverse, de carrément se braquer, mais, dans tous les cas, on ne peut y échapper quand même.

Nier l’évolution de la société m’apparait aussi utile que nier qu’une langue puisse évoluer, par exemple. Quand une langue n’évolue plus, on dit qu’elle est devenue une langue morte. Bien sûr, on ne laisse pas une langue évoluer n’importe comment : il y a des règles. La langue doit évoluer de façon assez structurée, les organismes officiels tentant de donner une direction, même si, au final, comme le disait entre autres Dany Laferrière récemment, c’est l’usage qui définit la langue. Alors comme on ne veut pas être partie prenante d’une société morte, nous acceptons plus ou moins son évolution, et il est normal, je dirais, de ne pas être en accord avec toutes les composantes de cette évolution.

Alors que faire ?

Concernant la vitesse d’évolution, la solution que j’ai trouvée et qui peut me convenir est de bouger, d’évoluer, parfois de provoquer certains changements, tout en réfléchissant le plus possible, même si le temps pour ce faire a considérablement diminué avec mes diverses obligations ou implications, et aussi à cause de la vitesse à laquelle la société bouge. Réfléchir dans l’action est souvent possible si on s’en donne la peine, mais il s’avère que, de temps en temps, on a besoin quand même de moments de repos pour pouvoir prendre un peu de recul momentanément. Est-ce que c’est l’idéal? Sûrement pas. Ce n’est que le moyen que j’ai trouvé, pour moi. D’autres sauront en trouver d’autres qui leur conviennent mieux.

D’autre part, en éducation, il semble que la résistance au changement serait plus forte qu’ailleurs. Est-ce parce que l’école est encore perçue comme lieu de déversement du savoir de la cruche pleine qu’est le prof vers les cruches vides que sont les élèves? Est-ce parce que l’école doit être considérée comme le sanctuaire d’un savoir sacralisé, mais surtout pas démocratisé (Je croirais lire ce cher Mathieu Bock-Côté ici 😉 )? Est-ce parce que tout le monde se considère comme spécialiste de la pédagogie parce qu’il a passé quelques années de sa vie assis «sur les bancs d’école»? Est-ce parce que les actuels profs tendent à reproduire le modèle de profs qu’ils ont vu dans leurs écoles lorsqu’ils étaient élèves? Etc? Je ne saurais trop dire. Plusieurs éléments de réponses existent et ils ne tirent pas tous dans le même sens… À questions complexes, réponses complexes. D’autant plus qu’on parle ici de pédagogie et que, la pédagogie, ça ne se voit pas. «L’essentiel est invisible pour les yeux», écrivait St-Exupéry 😉 Et c’est d’autant plus vrai que, quand on intègre le numérique, on voit bien en évidence la «bébelle» sans souvent se donner la peine de voir ou plutôt de comprendre la pédagogie qui se cache derrière.

De «impossible» à «possible» : 2 petites lettres de différences 😉 — L’évolution n’est parfois pas si drastique !

De plus, il existe plusieurs pédagogies que les gérants d’estrade qui ont déjà ÉTÉ à l’école quelques années dans leur vie ne sauront voir. Il existe même, selon moi, des pédagogies différentes pour chaque prof. Alors comme prof, qui suis-je pour juger de la pédagogie d’un collègue? Je n’ai pas le contexte de SA classe et de SON cours. Juger de la pédagogie des autres profs (ou des profs de mes enfants), c’est un peu comme faire une citation hors contexte : le résultat est souvent malheureux. Bien sûr, je peux avoir quelques idées, quelques informations sur ce contexte, mais au final, je n’ai pas le contexte complet, alors on devrait toujours se garder une petite gêne.

Pire encore, comme prof, je suis bon dans certaines compétences professionnelles et moins bon dans d’autres. Et c’est normal. Loin de moi l’idée de m’assoir sur mes lauriers … et mes défauts, on doit continuer de travailler chacun sur ses faiblesses et continuer de faire valoir chacun ses forces.

Et pour ce qui est de changer nos pratiques, nous devons constamment nous remettre en question. Pas pour tout foutre en l’air à la moindre brise, mais pour évaluer ce qui va bien et ce qui est à ajuster. Et cette dynamique devrait nous habiter chaque jour. C’est ce que j’appelle l’évolution. Et qui dit nier l’évolution se retrouvera tôt ou tard (plus tôt que tard à la vitesse grand V à laquelle on roule ce siècle-ci) soit dans un cul-de-sac, soit dans une immense fracture, qu’elle soit numérique, pédagogique ou autre… ou les deux.

Est-ce à dire qu’il faut sauter dans le train sans réfléchir? NON. La réflexion et la prise de conscience sont essentielles.

Est-ce à dire qu’il faut tout accepter et tout valoriser d’égales façons? NON PLUS. Il faut s’informer, savoir ce que dit la recherche (mais attention à qui paie l’étude par contre!!!), etc.

Est-ce à dire qu’il faut blâmer tantôt les gouvernements, tantôt les syndicats, tantôt les commissions scolaires pour les malheurs (souvent amplifiés) de l’éducation? NON encore une fois. Malgré que tous aient des torts à redresser, il est toujours trop facile de ne blâmer que les grands systèmes impersonnels. Ensemble, nous pouvons agir au lieu de juste constamment se plaindre…

Le monde n’est ni noir ni blanc ! La logique binaire, c’est bon pour nos outils technologiques ! Et encore ! Soyons donc conscient de l’infinité de tons de gris qui existent et de l’infinité de couleurs qui sont teintées plus ou moins pâle ou foncé par cette infinité de tons de gris. C’est ça, les nuances ! Et au final, avançons tout en se respectant dans tout ce bouleversement, mais en se plaçant en posture d’apprenant à vie.

Ah oui, j’allais oublier l’essentiel : SURTOUT, surtout, écoutons-nous au lieu de juste «parler» et remplir les cases commentaires de trucs inutiles, fielleux ou réfractaires juste pour le pouvoir que ça donne de se braquer : un bien petit pouvoir… Bâtir. Ensemble. Voilà une piste de solution intéressante, à mon humble avis. S’inspirer mutuellement en collaborant, dans un climat beaucoup plus constructif, gage d’évolution, d’avancement. D’avenir amélioré.

Retour sur #Clair2018

[Attention : liens utiles à la fin de cet article, en plus de ceux intégrés dans le texte]

Nuages de bulles #Clair2018 – par Patrick Drouin alias @LeMotZuste sur Twitter

L’évènement-colloque Clair (suivi du numéro de l’année où il se déroule) est devenu au fil des ans, depuis 2010, un incontournable en éducation pour qui désire le moindrement actualiser ses pratiques et se ressourcer, continuer à avancer et à évoluer, et surtout, pour quiconque désire que ses élèves puissent progresser dans leurs apprentissages en y étant le plus actifs possible.

Cette année, j’avais la chance de pouvoir aller en personne à #Clair2018, contrairement à l’édition 2017, où j’ai suivi à distance, tout en pouvant être un peu présent grâce au robot de téléprésence du CAHM.

Cette année, j’avais aussi l’occasion d’emmener des collègues avec moi, après leur en avoir parlé pendant des années pour certains (écouter cet audio “Entrevue avec M. Stéphane Francoeur“). C’était la première fois depuis 2010 que des collègues de mon école étaient à Clair : j’étais vraiment très heureux que les horaires aient pu fonctionner.

Cette année encore, comme à toutes les fois que j’y vais, j’ai pu “entrer dans mon compte Twitter”, revoir avec un plaisir sans cesse renouvelé ces gens avec qui j’échange tout au long de l’année sur nos réseaux sociaux, mention un peu spéciale à Cyrille Simard, maire d’Edmundston qui est venu nous voir le vendredi soir en revenant de l’Ile du Prince-Edward (!), et que je n’avais pas revu depuis plusieurs années! Pendant #Clair2018, j’ai aussi pu connaitre de nouvelles personnes qui se sont jointes à mon réseau plus récemment, etc. Bref, une activité de réseautage intense. Comme je le dis, redis et “radote”, même, depuis des années, à bas les silos, en éducation comme ailleurs. On avance plus loin ensemble, même si ça ne va pas assez vite à mon goût trop souvent : l’impatience de l’innovant… qui avance en âge : sentiment d’urgence qui s’installe, lentement mais sûrement, si je veux voir se concrétiser des projets avant d’atteindre l’âge de la retraite (ben oui, on s’en va tous par là, même si on espère que ça sera dans BEAUCOUP d’années ;-))

Revenons à Clair2018 : là-bas, ça va beaucoup plus vite que dans la majorité des écoles. Les conditions pour le développement de projets y sont optimales, grâce à leur merveilleux directeur (devenu un ami déjà avant la première édition du colloque), Roberto Gauvin, qui fédère les forces de toute une équipe d’éducateurs au CAHM, en plus d’impliquer toute la communauté de Clair, le village au grand complet ou presque, et aussi des gens des alentours, jusqu’à Edmundston. Tous ces gens reçoivent le monde pendant 3 jours et en sont fiers. Et cette fierté est aussi ultra-présente chez les élèves du CAHM qui nous accueillent tantôt par une prestation, tantôt par l’explication de leur projet, tantôt par une entrevue à la radio étudiante (laquelle diffuse dans tout le village et les environs), etc. D’ailleurs, tous ces efforts de la communauté ont été grandement récompensés cette année par le premier prix Quasar décerné à l’école pour son entrepreneuriat et le tout premier prix Paul-Gérin-Lajoie décerné à Roberto pour l’ensemble de son oeuvre au CAHM.

Quand on a tout vu ça, il nous appartient à notre tour de favoriser dans nos milieux ce développement optimal des forces vives de tous nos élèves. Bien sûr, il faut des moyens pour ce faire et ces moyens nous manquent souvent cruellement. Comment aller chercher ces moyens? C’est la question que je me pose depuis les débuts et, cette fois-ci, je pense avoir trouvé des éléments de réponses plus précis. (Un peu comme Stéphanie Dionne a trouvé réponse à l’énigme Clair20XX 😉 )

D’abord les moyens financiers : si le CAHM est allé chercher des sous, projet par projet, les autres écoles le peuvent aussi. Suffit d’en avoir la vision qui se concrétisera dans un leadership collectif uni, en route vers le but à atteindre. La volonté politique est ici une précieuse alliée. J’ose espérer que la présence pendant plus des 2/3 du colloque de notre ministre de l’éducation du Québec (que l’on avait invité via Twitter l’an dernier, sur le fil #Clair2017) aidera à concrétiser certaines mesures. Sébastien Proulx a d’ailleurs mentionné à plusieurs reprises combien il a apprécié sa visite à Clair (La réciproque est également vraie : nous sommes plusieurs à avoir grandement apprécié sa visite). Depuis le temps qu’on disait que le ministère devait assurer une présence à ce colloque, même si pas sur son territoire, disons que cette année en fut une de belle concrétisation avec cette visite qui a même duré plus longtemps que prévu, tellement le ministre appréciait le colloque et l’endroit.

Ensuite, les moyens qui découlent directement de nos administrations : il importe d’avoir une vision claire (!) au départ et la volonté de vouloir changer les choses. Pas changer pour changer, mais changer pour améliorer. Voilà pourquoi il est important d’amener nos directions à Clair. Cette année, mon directeur adjoint y était. Je me rappelle une phrase qu’il m’a dite le vendredi matin, après quelques heures de colloque seulement : «Il faut qu’on revienne l’an prochain, c’est trop hot ici!» Ça donne une excellente idée de l’état d’esprit des visiteurs de Clair quand ils comprennent avec leurs tripes ce qui se vit humainement là. Les dirigeants de nos CS devraient aussi venir y faire un tour… Ça aussi, ça fait un temps que je le dis !

Finalement, les moyens “de société”… Je ne sais trop comment nommer ce que je commence à peine à énoncer dans ma tête. Il appert que, depuis les débuts, ce qui frappe à Clair, c’est tout l’aspect communautaire de l’évènement. C’est un village qui nous reçoit. C’est une école tellement ancrée dans son milieu, qu’elle en fait partie intégrante : ce n’est pas une sorte de sanctuaire déconnecté ou un endroit où on rencontre des “peddlers de l’éducation”, comme j’appelle les “vendeux” de toutes sortes : ce n’est pas un endroit qui se vend comme on vend des salades, comme on vendrait SA salade, non. Cet endroit transcende les aspects mercantiles qu’on voit trop chez nous (et ailleurs) en éducation…

J’élabore un peu plus sur le sujet… Premièrement, cet exemple : quelqu’un demandait à un élève du CAHM s’il aimait ça aller à cette école plutôt qu’à une autre, à cause de tout ce qu’on y offre… Et l’élève n’a pas su quoi répondre, car IL N’Y A PAS de réponse à cette question pour lui. La question en elle-même n’avait pas de sens pour cet élève. Pour lui, tu vas à l’école du village, un point c’est tout. Tu ne choisis pas d’acheter ton éducation chez WalMart, Amazon ou Sears (avant que ça ne fasse faillite). NON. Tu vas à l’école de TON village ou dans TON quartier. Un point c’est tout. Et cette école a le devoir d’être la meilleure. Voilà pourquoi le sentiment d’appartenance y est tellement communautaire plutôt que “de compagnie”. Voilà pourquoi tu appartiens si fort à TON milieu (pas juste scolaire, milieu tout court), TON milieu en réseau avec tous les autres milieux, car le CAHM n’est pas une ile, et, s’il en est une, il y a une multitude ou même une quasi-infinité de ponts qui y mènent.

Quand le choix de ton école n’est pas un “choix d’achat”, tu vas à cet endroit de façon entièrement naturelle et, une fois dans cette école, tu découvres et tu apprends, tout en restant intégré à ton milieu et en le faisant rayonner. Quand tu vas à une école à cause d’un programme particulier (et, ne jouons pas à l’autruche, au Québec, presque toutes les écoles se réclament d’un programme particulier ou pas, d’une étiquette ou pas, d’une marque affichée sur sa boite comme on affiche des marques à chaque boite de jus ou de céréales à l’épicerie…), alors tu développes un sentiment d’appartenance en lien avec CE programme particulier, dans CE milieu précis qu’est alors “ton” école, mais le sentiment d’appartenance ne peut être aussi étendu au reste de la communauté, ton quartier, ta ville, etc.

D’ailleurs, un participant me disait qu’étendre le modèle de Clair à une grande ville semblait être plus difficile. Peut-être que l’ancienne unité d’appartenance appelée paroisse jadis pourrait servir de lointain modèle pour développer l’appartenance de quartier, mais c’est à supposer que le quartier soit bien défini avec tous les éléments propres à une vie de quartier (incluant SON école qui ne regroupe pas que des restants… – je caricature un peu ici). Sinon, le “quartier-dortoir” prend toute la place et la vie de quartier fout le camp. (Voir aussi les textes de Clément où on mentionne l’aspect abandonné de certains quartiers… Ici et ici.)

Bref, je suis en profonde réflexion sur le comment transférer au Québec ce sentiment d’appartenance communautaire fort qu’on peut retrouver là-bas. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de sentiment d’appartenance au Québec, mais je dis que le sentiment d’appartenance au MILIEU DE VIE (et non à l’école seule) est nettement plus fort et communautaire là-bas.

L’école à la carte (et je ne parle même pas du stérile débat ultra-trop-polarisé public-privé) favorise le développement d’individus, chacun dans leur bulle ou leur programme particulier, alors que l’école communautaire favorise le développement d’individus DANS une collectivité. Des individus IN-TÉ-GRÉS.

Alors je me dis qu’il est plus que primordial de réseauter au plus vite tous nos milieux, de tabler sur l’unité ou l’unification des ressources plutôt que sur les divisions souvent profondes que créent les faux débats et autres “tirages de couvertes” entre les écoles, les commissions scolaires, les écoles privées et publiques, les places dans un palmarès insignifiant, ou toutes autres divisions concurrentielles individuelles ou individualisantes, ou encore les guéguerres de pouvoir, qui favorisent le développement collectif. Les individus s’épanouiront peut-être, ou pas, c’est selon, mais une chose est sûre, ils n’auront appris qu’à se sentir supérieurs ou défavorisés, ils n’auront pas appris à fonctionner, grandir et collaborer. Ensemble. E.N.S.E.M.B.L.E.

Là est ma vision… et j’ose espérer qu’on y arrivera un jour ! Il importe plus que jamais de fédérer nos forces plutôt que de les mettre en opposition perpétuelle dans de faux débats stériles qui anéantissent tout espoir de véritable développement de société. Je crois en UNE éducation au Québec, pour tout le Québec, et au-delà des frontières !

En ajout : juste avant de publier, je tombe sur cet article de Gaston Marcotte où il fait part de sa vision globale, de sa vision du développement global, permettant d’éviter le placement de multiples frontières étanches qui rétrécissent la vision et l’empêchent justement d’être globale, pleine, entière et véritablement signifiante. À LIRE ! (Sans parler du bureau de Gaston Marcotte sur la photo, ressemblant au mien, mais en pire : un véritable bordel de paperasses, signe d’intelligence, parait-il 🙂 )

LIENS UTILES :

 

*Tweets #Clair2018 : SANS les retweets

684 avant le colloque (jusqu’au jeudi 18h00)

2867 pendant le colloque

582 après… (Jusqu’au 20 février PM)

 

Quelques photos supplémentaires ici :

Le groupe de ma CS. Avec le ministre Proulx.
Le lab créatif en pleine effervescence lors de la visite de l’école. 200 élèves qui reçoivent 325 invités !
La pianiste qui explique son piano-bananes.
Vue d’ensemble de la salle (Gymnase converti 😉 )
Les nombreux poulets… Cuits par les gens du village qui nous reçoit.
Le désormais traditionnel bar à bonbons 🙂
Photo de ma gang qui décide de «Sortir du cadre» 🙂 J’adore !
Les 5 niveaux de leadership. “Slide” de Marius Bourgeoys.

De déduction d’impôts pour les profs

RentreeScolaireRécemment, lors du dépôt du dernier budget fédéral (mars 2016), le nouveau gouvernement Trudeau (Justin) annonçait que les enseignants allaient enfin pouvoir déduire une partie (15%, 150$ maximum) de leurs dépenses réalisées dans le cadre et pour leur travail, mais avec leur budget personnel.

Évidemment, cette nouvelle a suscité certains remous au sein même de la profession enseignante. Certains sont heureux de la reconnaissance d’un fait qui existe depuis très très longtemps, d’autres, bien au contraire, sont en colère que ce fait, pour les profs, de dépenser annuellement souvent plusieurs centaines de leurs dollars personnels soit ainsi “institutionnalisé” et normalisé, voire même banalisé.

Pour ma part, j’hésite encore à me positionner d’un côté ou de l’autre. Je m’explique.

Il y a très longtemps que je constate qu’un nombre assez grand de profs dépensent plusieurs centaines de dollars par année pour élaborer du matériel scolaire pour leurs élèves. (Je le constate aussi à même mon budget familial — nous sommes 2 profs à la maison). Les raisons principales tournent toutes autour du budget de classe bien trop limité pour permettre plus que ce maigre petit “ça”, qui se révèle trop vite insuffisant. Alors comme les profs aiment beaucoup (trop diront certains) leurs élèves, qu’ils veulent beaucoup (trop?) que leurs élèves réussissent tous, qu’ils veulent énormément (trop?) que leurs élèves aient en main le matériel le plus adéquat possible, ces profs n’hésitent donc pas à puiser à même leur propre portefeuille pour acheter ce matériel.

Et ceci, c’est sans compter les crayons, le papier et bien d’autres produits semblables que beaucoup de profs achètent avec leur propre argent également.

Quelques exemples :

  1. À mon école, jadis, nous avions un budget de 15$/an pour nous procurer au magasin scolaire des stylos (rouges et autres), du papier, et quelques autres babioles utiles dans l’exercice de nos fonctions. Ce montant a été aboli depuis quelques années. Alors plusieurs, plutôt que de remplir un formulaire afin de faire acheter à même un quelconque tiroir budgétaire de l’école certains de ces accessoires (et dont la pertinence de l’achat pourrait théoriquement être sujet à discussion), préfèrent acheter désormais ces objets avec leur propre argent : on gagne ainsi en rapidité et en efficacité.
  2. Parfois, dans certaines écoles, il faut fournir la liste des objets et le nom du magasin à l’avance, dans un formulaire, afin de pouvoir se faire rembourser : des profs alors décident, lors d’une visite impromptue dans un magasin, d’acheter sur-le-champ, pour pouvoir profiter d’un spécial, par exemple, mais alors la transaction se fait avec son propre argent, sans possibilité de remboursement par l’école.
  3. Dans d’autres cas, plus “extrêmes”, je connais des profs qui achètent une fois l’an un iPad pour leur classe du primaire, afin que les élèves puissent y réaliser certaines activités d’apprentissage. Oui, ça va jusque là parfois ! D’autres cas moins extrêmes : les profs qui achètent eux-mêmes des applications pour leur iPad personnel… qui sert en classe !
  4. Enfin, il y a sûrement d’autres “variantes” selon les milieux (Vous pouvez les ajouter en commentaires…)

1205208_le-numerique-pour-lutter-contre-lechec-scolaire-web-tete-021747154300Personnellement, quand j’ai décidé de prendre, en 2007, le virage numérique pour de bon (J’avais “résisté” jusque là à l’achat d’un portable, faute de budget…), je me suis acheté un ordinateur portable moi-même (en bénéficiant toutefois d’une mesure de remboursement (de ma commission scolaire) par retenue à la source pendant 2 ans : une façon de faciliter l’acquisition, mais c’est quand même moi qui paie en bout de ligne! Sans déduction fiscale.)

Je me rappelle alors avoir discuté avec le vice-président de mon syndicat (rencontré par hasard dans les couloirs de l’école) du fait que cette dépense devrait faire l’objet d’une déduction fiscale à raison du pourcentage d’utilisation de l’appareil dans le cadre de mon emploi, jusqu’à concurrence d’un seuil entre 50 et 75%. Je m’étais alors fait regarder d’une façon presque extraterrestre 😉 Mais je sais que depuis, l’idée a fait son chemin…

lenovo-ibm-thinkpad-e431-notebook-computerChemin qui a été interrompu en cours de route (!), lorsque l’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, annonça en grandes pompes que tous les enseignants du Québec auraient désormais un portable. Évidemment, ce que ces annonces ne disent pas, c’est que, trop souvent, l’appareil est au choix de la Commission scolaire, qui est elle-même soumise au choix du Centre de services partagés du Québec (ou autre décideur semblable dont j’ai déjà parlé ici, avec déception et presque colère), etc. Et je ne parle pas ici des lobbys parfois amis du régime au pouvoir, qui influencent parfois grandement le choix. Bref, du matériel non choisi, parfois avec des configurations barrées, dans certains milieux, etc., et qui peut répondre souvent de façon inadéquate aux besoins pédagogiques. Personnellement, je me rappelle avoir pensé et dit à ce moment que j’aimais mieux choisir l’appareil avec lequel je suis plus productif et avec lequel je peux être plus efficace plus rapidement, quitte à n’avoir accès qu’à un remboursement partiel de la valeur de l’appareil : pourquoi pas ? Apple_Macbook_Pro_15_35781448-4070Ça me semble plus logique d’aller dans le sens du choix utilisateur, selon les véritables besoins, plutôt que ce choix se fasse exclusivement en top-down où l’employé doit encore subir plutôt qu’agir avec plus d’efficacité. Bref, j’ai eu mon PC portable “de Jean Charest”, il ne sert qu’occasionnellement, et je continue d’être beaucoup plus rapide et productif avec mon Mac, voilà !

Alors pour en revenir à la déduction du gouvernement Trudeau, je trouve qu’elle ne va pas assez loin, pour ma part. Le fait des dépenses personnelles existe depuis trop d’années pour que l’on puisse revenir en arrière en un nombre suffisant d’années avant que je ne prenne ma retraite !!! Plus sérieusement, je doute fort que l’on puisse renverser la vapeur efficacement, compte tenu de plusieurs facteurs : les profs aiment trop voir réussir leurs élèves pour sacrifier environ une génération, le temps que ça prendrait sans doute pour faire valoir les revendications matérielles en lien avec les dépenses personnelles des profs pour du matériel “de bureau” (ou d’éducation et d’apprentissages).

Je sais bien, pourtant, que dans bien des corps d’emploi, l’employé ne fournit ABSOLUMENT RIEN de sa poche pour pouvoir exercer ses fonctions. Mais je sais aussi que, dans le cadre de leurs fonctions, d’autres catégories employés doivent fournir leur matériel (chauffeur de taxi qui fournit l’auto, musicien salarié qui fournit ses instruments de musique, etc.), MAIS ALORS ces employés bénéficient de déductions fiscales parfois substantielles ! DONC, les profs qui fournissent ainsi du matériel (et ils sont légion) devraient pouvoir avoir la reconnaissance de leur commission scolaire ou de leur direction, afin de pouvoir remplir le formulaire T2200 (et T777) au fédéral (TP64.3 et TP59 au provincial au QC) et ainsi bénéficier d’une déduction fiscale. Le gouvernement Trudeau a créé une “case spéciale profs” au lieu d’utiliser le T2200, d’accord, mais alors la déduction doit aller BEAUCOUP plus loin qu’un petit 15% dont le maximum est de 150$ (ce qui représente tout de même 1000$ de dépenses au départ !). De plus, cette déduction doit se faire autant au fédéral qu’au provincial (Après tout, l’éducation est une compétence provinciale, non ?).*

Voilà, au final, ce que je pense actuellement de cette mesure. Libre à vous d’en discuter ici 🙂

*NOTE : je sais, pour l’avoir vu passer sur le groupe Facebook “Enseignants et enseignantes du Québec”, qu’il y a eu discussion à propos du formulaire fédéral de “conditions d’emploi” (T2200). Au moment où j’écris ce billet, je ne sais pas encore combien de profs ont réussi à faire signer ce papier par leur employeur, mais tout cela me semble indépendant de la nouvelle mesure Trudeau dont il est question ici.

Être réseau

social-networkingÇa fait longtemps que je nourris une forme de réflexion (dans l’action) sur et à propos des réseaux sociaux. Ça fait longtemps que j’ai personnellement choisi la ligne du compte unique, où je suis moi-même en tout temps. Par exemple, sur Twitter, je diffuse, parfois beaucoup, lors de colloques où j’ai la chance d’être présent, question d’alimenter les absents, je diffuse parfois dans le cadre de ma profession, en partageant de l’information, ou encore en échangeant, en discutant avec d’autres collègues éducateurs, et enfin, parfois à titre personnel, juste pour jaser!

Tout ça avec le même compte : ce que j’appelle (pour moi, mais je respecte les choix différents du mien) la schizophrénie web, non merci, pas pour moi.

Et ainsi, au fil des ans — j’étais sur les babillards électroniques (Agora, les plus vieux se souviendront) dans les années 90, puis sur la blogosphère, twittosphère, etc., depuis 10 ans —, je me suis bâti un réseau sur le web.

Avec la mort de Jean Lapierre et avec tous les témoignages qu’on a entendus, tous empreints profondément de l’émotion innommable des circonstances de la tragédie tout aussi innommable, j’ai nourri ma réflexion à propos de cet homme très apprécié (et cette appréciation n’est pas du “fake posthume” qu’on voit parfois à la mort de certains!). Il m’apparaît clairement que Jean Lapierre, fortement présent sur les réseaux sociaux (Twitter et Facebook), était vraiment un gars de réseaux. En fait, les réseaux sociaux, pour lui, n’ont été que la continuité de son réseautage amorcé et construit depuis des décennies, en étant simplement proche des gens, les “petits” comme les grands. Ce genre de réseau se construit une personne à la fois, de façon authentique et sincère. Ma conclusion est qu’un tel réseau ne peut se construire sans qu’on s’intéresse profondément aux gens qui composent et qui forment ce réseau, un tel réseau ne peut exister sans ce que je nomme les échanges véritables et humains.

NetworkingEt ça m’a naturellement amené à la façon avec laquelle les “gestionnaires de communautés” —comme le veut le titre consacré à cette fonction de plus en plus présente dans les entreprises— sont parfois présent sur les réseaux sociaux. [Ici, je me dois de souligner le très bon texte de Sylvain Grand’Maison où il aborde cette question, principalement son point 2]. Quand tu es présent sur les réseaux sociaux juste pour faire ton “pitch” de vente, sans jamais échanger avec les gens, quand tu ne fais que diffuser tes lignes et tes phrases pré-écrites, ne t’attends pas à développer un réseau signifiant. Il y a peut-être quelques méga-vedettes qui peuvent parfois le faire et être suivies par des milliers de personnes, mais encore ici, on ne parle pas d’échange et de discussions avec les gens. Ça reste alors une “machine” qui débite son information à coup de 140 caractères à la fois, mais on ne peut pas parler de véritable réseau. Dans un véritable réseau, les mots, les informations, les opinions, les discussions circulent dans les deux sens. Si tu veux bâtir un vrai réseau, implique toi, échange avec les gens, les êtres humains, sois toi-même, authentique, vrai, point final. Alors pour une entreprise, ça peut vouloir dire que la personne responsable de la communication aux réseaux s’implique plus, en défendant bien sûr la ligne de pensée de son entreprise, oui, mais il faut alors qu’elle y croie, qu’elle y adhère et qu’elle s’implique en tant que personne humaine, qui échange avec d’autres humains. J’ai déjà croisé sur les réseaux de telles personnes, mais pas en si grand nombre que ça, parmi les gens de communications !

Pour en revenir à Jean Lapierre, en terminant, je dirais que sa façon de faire réseau, sa façon d’être en réseau est que, finalement, l’homme était réseau. Être réseau tout court. Personnellement, j’en retire une sorte de “modèle” que j’apprends à connaître à titre posthume (je n’ai malheureusement jamais rencontré ce personnage qui n’en était pas un, parce que vrai en tout temps), et qui me montre que, finalement, je pense avoir choisi la bonne route en privilégiant constamment le contact humain avant toute chose, sur les réseaux sociaux comme dans la vraie vie.

P.S.: Mes sympathies aux gens de la famille Lapierre qui restent, ainsi qu’à ses (nombreux) amis…