Radio-Canada – le vrai et le faux…

Ça fait longtemps que je veux écrire un tantinet à propos des faussetés de notre (j’ai bien dit NOTRE) société d’état radio-télévisuelle…

En effet, j’accumule les constatations à propos de l’ineptie dont fait parfois preuve la SRC (Société Radio-Canada) depuis plus d’un an, alors je vais faire sortir le méchant, qui rejoindra sûrement d’autres auditeurs ou utilisateurs des sé(r)vices offerts «à porte plus ou moins fermée» par notre société d’état…

Tout d’abord, un détail : il y a environ un an, j’ai écrit à l’équipe du téléjournal-Québec (18h), pour critiquer la présentation graphique de la météo “locale”, qui fait dans le style mauvais PowerPoint de la part d’un élève de 1re secondaire qui, venant à peine de découvrir les effets d’animations, cherche à en mettre plein la vue en faisant apparaître le texte de tous bords tous côtés. Quand les transitions nuisent à l’efficacité de la communication… ou comment faire des effets-bébelles complètement inutiles !

Ensuite, nous nous sommes concertés, quelques blogueurs et moi, pour envoyer à notre société d’état une lettre dénonçant le fait que certaines personnes, sur Mac, ne peuvent avoir accès à la zone audio-vidéo (Mac OS X 10.3 et moins). Nous n’avons reçu ABSOLUMENT AUCUNE réponse, même pas un accusé-réception. Plus mort que ça comme sé(r)vice à la clientèle, tu meurs automatiquement ou instantanément… Désolant. Frustrant. Navrant. Déplorable.

De là à dire que la SRC n’est vraiment pas à l’écoute de son public, il n’y a qu’un pas que je vais franchir allègrement.

Jusqu’ici, on pourra alléguer, peut-être avec quelques bonnes raisons, que je donne dans les détails. Soit ! Mais ce qui suit est un peu plus fondamental encore.

La SRC, comme d’autres médias il est vrai, mais privés, ceux-là, fait semblant de s’ouvrir aux nouvelles réalités du web. La société d’état fait effectivement semblant de s’intéresser vraiment au phénomène des blogues et des interactions possibles sur le web. Pire encore, elle estime en faire partie (de ce “rayonnement web”), mais n’ouvre que très très (trop) partiellement les portes d’une pseudo-collaboration qui n’a d’interaction que le nom et l’apparence, car quiconque a déjà véritablement interagi sur le web comprendra ici que la SRC fonctionne encore sous le désormais-ancien schème du déversoir de connaissances qui possède la vérité absolue…

Je m’explique un peu. La SRC a créé des carnets (faux blogues, car simulacres de vrais blogues) tenus par quelques uns de ses journalistes vedettes. On y dit de bonnes choses; ça, je ne le remets pas en question : le contenu est généralement, très souvent, de grande qualité. Mais là où ça ne fonctionne plus, c’est dans la pseudo-ouverture aux commentaires. Les limitations sont tellement grandes que ça finit par ne plus avoir rien de comparable avec les véritables blogues.

Bien entendu, je comprends que la SRC ne veut pas se ramasser avec une armée de trolls qui sévit sur son site. Mais de là à interdire tout hyperlien (principe de base de la navigation web) et tout pseudo (des gens tiennent à préserver un tantinet leur vie privée qui devient forcément un peu publique sur le web si on dévoile tout de soi), il y a une marge ! De plus, il arrive régulièrement, plus ou moins à mots couverts, qu’un journaliste (un détenteur de vérité…) décide de snobber (jeu de mot imperceptible?!) les blogueurs en les qualifiant de producteurs de contenus nuls, ou presque…

Il est évident que les blogues renferment toutes sortes de contenus. Mais il est aussi vrai (ce que les “vrais” journalistes se refusent d’admettre) que certains blogueurs, experts en leur domaine, peuvent informer véritablement. On parle parfois de journaliste-citoyen, ou autres termes semblables qui tentent de désigner quelqu’un de sérieux qui produit un contenu de qualité, comme d’autres, journalistes officiels, peuvent également le faire.

Alors à la SRC, on parle des blogues, on crée un volet «Sur le web», mais tout cela n’est que façon de suivre une mode, d’avoir l’air à la page, d’être de son temps tout en proposant un mode d’information traditionnel avec un emballage pseudo-actuel, sans interaction véritable possible. De la poudre aux yeux ? À la limite, pourquoi pas ! J’ose encore espérer que c’est un peu plus que ça, même si ce n’est pas beaucoup plus que ça, malheureusement.

C’est sûr que je caricature peut-être un tout petit peu dans mes descriptions, mais elles ont le mérite (la modestie ne m’étouffera pas ce soir) d’être quand même assez près de la vérité, celle que je perçois après plusieurs mois d’étude silencieuse du phénomène.

Bref, pour tenter de rejoindre le plus de gens possible, on essaie d’être présent sur le plus grand nombre de plateformes possible, web inclus, mais sans adopter le véritable mode de dommunication de ces nouvelles plateformes. Quel beau paradoxe ! ou quel belle tentative de marketing à laquelle je ne mords pas.

Le message est donc lancé à Radio-Canada : l’image est une chose, mais la réalité qui se cache dessous peut être différente, comme dans ce cas-ci. Commencez donc par répondre adéquatement à vos auditeurs, téléspectateurs, lecteurs-web, puis, par la suite, ayez donc le courage de vraiment vous aventurer dans la réalité-web collaborative et alors, je commencerai peut-être à vous apprécier mieux.

3 Replies to “Radio-Canada – le vrai et le faux…”

  1. Tu ne m’aimeras pas…

    Je n’ai pas la prétention d’avoir examiné la question autant que toi.

    Cependant, quand je regarde la quantité de commentaires que des gens comme Dominic Arpin ou d’autres reçoivent et publient, franchement, c’est un arrêt instantabé de motivation pour moi, et de lire, et, si jamais l’envie m’en prenait, ce le serait aussi à Radio-Canada ou Télé-Québec, par exemple, d’écrire.

    C’est aussi une question d’image… Celle du populisme, de jouer le VRAI (?) jeu, donner l’image de la vraie démocratie. Bof. Nos blogues, ils sont lus. Et examinés et mis en liens, parfois. Pourquoi blogue-t-on? Pour des raisons diverses, ayant des objectifs divers.

    Qu’est-ce que bloguer, qu’est-ce qu’utiliser Internet? Gérer plus de quelques commentaires et vraiment répondre aux personnes qui se donnent la peine d’écrire, devient épuisant pour plusieurs. On peut aussi se retrouver avec des gens très gentils et tout, mais qui n’ont aucun rapport avec les sujets dont on traite le plus sérieusement du monde. Beaucoup de solitude s’insinue entre les écrans. Et pour pas mal de gens, internet représente un loisir avant tout, ce qui est très bien aussi. Alors si on prend énormément de temps à penser, écrire…

    Finalement, les blogueurs finissent souvent par quitter après un ou deux ans, quand ils se rendent jusque là. Pourquoi…

    Les blogues citoyens sont très, très, très pris en compte. Parfois dangereusement. Censure, pression… Oui, le pseudo peut être vital.

    Pas qu’une façon, pour moi.

    Zed 😉

  2. En fait, Zed, j’aime beaucoup ce commentaire, car, pour une fois peut-être, j’ai volontairement pas fait dans la dentelle, y allant même d’une petite exagération ici et là, pour provoquer les réactions probablement (et ça marche ;-). Malhabilement, sûrement. Sincèrement, sûrement itou ! Également, en me relisant avant d’envoyer le billet, je me disais que certains mots étaient peut-être un peu forts, mais je me suis dit que j’envoyais quand même et que j’assumais mes petites frustrations radio-canadiennes 😉

    Ceci dit, l’argument du nombre de commentaires dans une société aussi grande que la SRC, je ne pense pas qu’il faille s’empêcher d’écrire pour ça… (Mes 2 ¢) Ces sociétés ont les moyens d’assumer leur “popularité”, il me semble. Il est par contre normal que des filtres existent plutôt que publication automatique, mais le fait de ne pas tolérer les hyperliens et autres pratiques légèrement abusives, ça va contre les principes de base de la navigation web à mon humble avis (Je me répète !)

    Et il est aussi vrai qu’une trop longue liste de commentaires rébute à la lecture de ceux-ci… On s’en sort jamais complètement quand on fait tout le tour d’une question !

    Et, malgré le nombre (J’ai déjà testé ailleurs) de lettres, il me semble qu’au moins un simple accusé-réception de la part de la SRC, ça serait apprécié du téléspectateur, auditeur, etc. Non ? Je crois que le point de départ (dans une démarche de relation à l’auditoire – et dans mes petites frustrations) se situe là !

  3. Je partage en bonne partie tes frustrations, tu le sais.
    Comme tu dis, ne même pas recevoir un accusé réception automatique est très insultant. On a l’impression, probablement fondée, qu’on se fout carrément de nous… après ça, on vient nous dire que Radio-Canada c’est nous. Ben voyons!

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