Anecdote authentique, survenue dimanche soir dernier, pendant un concert de Noël où j’accompagnais, au piano (clavier) et à l’orgue (à tuyaux) un choeur, le temps de quelques chansons de Noël, bien sûr !
Dernière pièce de la première partie. Le 3e “couplet” est chanté a cappella. J’arrête donc de jouer au bon endroit, comme prévu… et je dois reprendre un petit interlude avant le 4e “couplet”.
Sauf que… la première phrase du 3e “couplet” (a cappella) n’était même pas rendue à la moitié que “tssssioumm”, les lumières de mon clavier s’éteignirent soudainement, de même que mon module de son, mon mixeur, mon ampli de moniteur… et, par absence du bruit de fond, je m’aperçus aussi assez rapidement que les amplis du système de sono, situés quelques pieds derrière moi, ne fonctionnaient plus eux non plus.
Je vis alors le technicien de son arrivé en trombe, regarder partout, cherchant le problème. On savait déjà tous deux à ce moment qu’un disjoncteur avait lâché, mais lequel…
Le 3e “couplet achève”. Étrangement zen, je me dis que le choeur va pouvoir continuer. Coup d’oeil rapide à ma partition: HORREUR (mais aucune panique – il ne me reste après tout qu’une demi-seconde de temps de réaction, maximum) ! Il y a un autre petit interlude d’à peine deux mesures dont la première se superpose à la finale du 3e “couplet” des choristes. Je regarde les notes: c’est trop haut pour être turluté… Alors sifflons-les, ces notes. Doucement. Délicatement. En déposant la finale. Dans le style du truc (un arrangement de John Rutter)…
Les choristes me regardent d’un drôle d’air. Je ne les vois même pas, seul dans ma bulle à tenter de combler le vide le plus musicalement possible. Pendant ce temps, la chef de choeur comprend la situation et espère que les choristes vont partir à temps pour le 4e “couplet”, une fois l’effet de surprise passé.
Le 4e “couplet” se déroule très bien, dans cet a cappella imprévu. La finale ne détonne même pas (oreille absolue à l’appui !)
La foule (témoignages à l’appui, aussi) n’y a vu que du feu. Même le violoniste, en coulisse puisqu’il ne jouait pas dans cette pièce, a trouvé l’arrangement particulièrement original, sur le coup. Je lui répondis que c’était tellement “original” qu’il ne l’entendra jamais une autre fois… même pas sur l’enregistrement maison du concert, sur mon portable, puisqu’il était branché dans la console de son et que celle-ci a forcément réduit à néant le signal qu’elle envoyait à mon ordi… Dommage. Ça aurait fait un bon souvenir autre que ce simple texte 🙂
Note: tout ça me rappelle un truc déjà lu sur papier et dont je ne retrouve pas la référence sur le web (devrai-je le transcrire si je retrouve la feuille ?) qui parle du métier de musicien en concert: c’est le métier qui “oblige” un cerveau au plus grand nombre d’opérations par seconde, toutes catégories confondues. J’l’ai toujours dit: la musique, c’est excellent pour un cerveau humain !
Alors là, je suis soufflée par cette débrouillardise. Comme quoi, l’adrénaline, quand on sait s’en servir, ça fait faire des prouesses !
«[…] du métier de musicien en concert: c’est le métier qui “oblige” un cerveau au plus grand nombre d’opérations par seconde, toutes catégories confondues.»
Je devrais me remettre au piano, car j’ai vraiment de la difficulté à exécuter plusieurs tâches en même temps! Je suis tellement gaffeuse que j’essaie d’éviter le pire en étant «monotâche»…lol
C’est vrai toutefois que le seul fait de décoder une partition et de l’interpréter, en lecture à vue, par exemple, fait l’objet d’une activité cérébrale importante.