EtherPad du RÉCIT – expérience EPad

À la demande de quelques personnes, j’écris ce billet relatant une expérience menée avec un de mes 4 groupes d’élèves.

Comme beaucoup le savent, le service EtherPad.com, un logiciel en ligne permettant à plusieurs personnes d’écrire sur une même page simultanément et en temps réel ou pas, a été racheté par Google qui, avec ses GoogleWave et autres Buzz, essaie d’avoir une présence certaine (et/ou un certain contrôle ?) dans le monde de l’édition collaborative en temps réel. J’avais testé EtherPad.com pendant le colloque Clair2010 (Lien ci-contre) et j’en avais été enchanté.

Pour ce qui est de EtherPad, comme le code source était libre, Pierre Lachance du RÉCIT (un réseau pour l’intégration des TIC en éducation au Québec) a décidé d’implanter ce code source sur un serveur dont il dispose: le service est ici. Pour l’instant, on en est à la phase des tests: on se sent un peu pionnier quand on fait travailler ses élèves là-dessus, car il faut s’organiser pour que le serveur ne soit pas surchargé par d’autres activités du RÉCIT, etc., ce à quoi Pierre veille de façon très efficace, en autant qu’il connaisse les dates où mes 30 élèves prennent le serveur d’assaut 😉 !

J’ai su entre les branches que, dans un futur plutôt proche, l’intention est d’implanter le service sur un autre serveur qui permettra à plus de gens d’utiliser le service simultanément, etc. Bref, les expériences menées démontrent facilement que le service peut-être très efficace pour l’écriture collaborative et qu’il fait réaliser des apprentissages aux élèves, en plus de leur procurer un outil motivant ! Le RÉCIT doit donc se pencher sur ce sujet, budgétairement parlant aussi 😉 !

L’expérience de mes élèves: qu’en est-il plus précisément ?

Nous (Nathalie Couzon et moi) avons décidé de greffer l’outil EPad du RÉCIT à un projet que nous poursuivons et dont j’ai déjà parlé dans ce billet, car il nous semblait naturel que les élèves se servent de cet outil pour collaborer. Ainsi, mes élèves avaient à choisir des mots, des mots porteurs de sens (au pluriel!), des mots à choisir méticuleusement, car ces mots servent par la suite à l’élaboration de courtes phrases-chocs, de très courts textes aussi, qui seront intégrés à une présentation plus visuelle dans un deuxième temps (31 mai au 7 juin 2010).

Tout le travail sur les mots, l’élaboration des phrases et des textes courts, s’est fait sur EPad. Au début, les élèves avaient tendance à effacer généreusement les idées qu’ils jugeaient non pertinentes, au grand dam de celui ou celle qui avait eu cette idée. Ils ont appris, et nous avons assisté en direct à cet apprentissage, le respect de l’idée de l’autre et comment faire avancer une idée lors d’une discussion en ligne.

Par la suite, le climat collaboratif s’est installé de mieux en mieux, générant ainsi un intérêt tel que les élèves en oubliaient la fin du cours. N’eut été du rappel qu’on leur a alors fait de sauvegarder leur précieux travail, ils auraient continué plusieurs minutes, ignorants les bruits ambiants dans le corridor 😉 !!!

Quelques considérations techniques :

EPad est donc un gros bloc-note qu’on peut utiliser à plusieurs simultanément, en temps réel ou non. En temps réel, il arrive qu’Internet Explorer (seul navigateur installé à mon école 🙁 ) cafouille, car ce logiciel archaïque et sur-patché en arrache parfois beaucoup avec le temps réel, obligeant les élèves à recharger manuellement la page… Tous ceux qui peuvent installer ou faire installer Firefox auraient donc intérêt à utiliser ce navigateur plutôt que la cochonnerie (désolé, je suis sincère) de Microsoft !

L’autre “heureux problème” est que ce même temps réel oblige à avoir un serveur assez performant, ce que Pierre pourrait préciser ici, car ce genre de détails techniques m’échappe complètement, dois-je ici avouer humblement ! (Merci Pierre de commenter s’il y a lieu, afin de permettre à d’autres d’utiliser cet EPad sur leur propre serveur – ou encore de placer un lien qui mène vers ta documentation).

Un autre petit problème mineur vécu fut l’intrusion de quelqu’un dans le travail d’une équipe: tout était resté ouvert afin de faciliter la connexion par tous les élèves sans avoir à entrer d’adresse courriel ou de se créer un compte. Je n’ai pas réussi à retrouver cet intrus, mais disons que ses traces furent vite effacées par les membres de cet équipe, insultés par les propos imbéciles de l’intrus.

Un aspect intéressant pour le prof est l’historique auquel on a accès, qui rend compte de toutes les traces à tout moment. Ainsi, on peut voir qui travaille beaucoup et qui se laisse plus porter par le travail des autres membres de l’équipe ! Car, même dans ce groupe d’élèves, il y en a quelques rares…

Comme EPad est limité à du texte, quelques élèves voulaient se laisser les références d’images trouvées pour agrémenter la présentation à être élaborée pour la suite du projet. Ils ont donc dû se laisser uniquement l’hyperlien, ce qui est déjà beaucoup pour le travail à faire cette semaine !

J’ai hâte à la suite: la suite de notre projet, mais aussi la suite de l’offre de service EPad, car je sais que plusieurs personnes travaillent là-dessus. Merci donc à toutes ces précieuses ressources du RÉCIT qui sont des gens vraiment au service de l’éducation et qui nous aident beaucoup. Je pense ici à Pierre, bien sûr, mais aussi à André Roux avec qui je suis en contact Skype pendant les périodes EPad de mes élèves 🙂

Je termine avec une citation Twitter d’André: «Les élèves de @slyberu (mon nom Twitter) en utilisant ePad n’ont pas seulement créé une mosaïque littéraire… ils sont devenus partie intégrante de celle-ci.»

Une conte-heureuse ;-)

Il y a de cela quelques jours, une conteuse, Ariane Labonté, avait l’occasion de venir nous faire une présentation, dans un de mes groupes d’élèves de 3e secondaire…

Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre d’un projet sur lequel je travaille depuis quelque temps en collaboration avec une autre enseignante sur un projet qui aboutira de façon “finale” en 2011: je ne peux en dire plus pour l’instant, parce que le tout n’est pas encore rendu public sur le site définitif du projet, site que je ne gère pas, etc. Voilà pour les délais de publications de certaines informations… … …

D’ici là, par contre, rien ne m’empêche de livrer un petit compte rendu de nos expériences et des réflexions qui les accompagnent.

Alors présentement, nous sommes dans le bain jusqu’au cou avec ce projet… et c’est motivant !

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, dit la phrase très connue de Lavoisier. Tout est parti d’une thématique sur les changements climatiques, thématique que j’avais déjà abordée sur le plan scolaire avec des élèves, il y a plusieurs années de cela. À l’époque, ce n’était qu’une évaluation en écriture d’un texte de type “ultra-scolaire” (le genre de texte qu’on ne rencontre jamais dans la vraie vie, même pas dans les journaux ;-)) Quelques années plus tard, avec une collègue, on avait fait évoluer le dossier qui était devenu un projet un peu plus ample, mais toujours tourné en fonction de la sacro-sainte évaluation dont on ne peut ab-so-lu-ment pas se passer au Québec (et ailleurs aussi) (Billet à venir ? BilletS à venir ?)… Ce projet, à mon sens, était déjà une belle évolution du traitement de cette thématique que j’estime importante.

Par la suite, lorsque l’autre prof m’a contacté pour connaitre mon intérêt dans un éventuel projet, j’ai dit oui, sans trop savoir dans quoi je m’embarquais, mais l’expérience me tentait.

Nous avons fait évoluer le dossier “changements climatiques” en y intégrant la présentation d’un conte, par la conteuse elle-même, un conte qu’elle a fini par écrire spécialement pour l’occasion: grand merci à Ariane !

Et là, vers la fin de la rencontre avec la conte-heureuse, comme elle se nomme elle-même, mon cerveau s’est mis à faire des liens…

Avant la rencontre, les élèves avaient pris connaissance de différents documents, audio, vidéo, textes sur les changements climatiques. Des trucs surtout informatifs. Cérébraux. Aujourd’hui, ils ont VÉCU une expérience, grâce à Ariane qui, en réutilisant de ces informations dont certains élèves se rappelaient encore, a su écrire un conte qui touche… le coeur. Par la suite, les élèves auront à réaliser d’autres choses à partir de ce qu’ils ont vécu aujourd’hui: il y aura donc d’autre(s) billet(s) à venir à ce propos.

Mais d’ores et déjà, je peux dire que le coeur étant touché, il y a maintenant beaucoup plus de chances que plus d’élèves se sentent motivés à agir pour protéger notre environnement, car rien ne bat la motivation intrinsèque, celle qui vient du coeur, de ce qu’on appelle “notre fond”, les fondements même de l’être humain tout entier.

Ariane, simplement un gros MERCI 🙂

Le projet se continue actuellement. Nous avons intégré des sessions de travail en équipe sur le EtherPad du RÉCIT (rebaptisé EPad) dont un des membres a installé le code open source de EtherPad sur un serveur local (Pierre, un gros merci à toi et à ton esprit de pionnier, ainsi qu’à tous ceux qui collaborent à ce projet). On teste le serveur et on se rend compte du succès qu’un tel service pourrait avoir avec une infrastructure plus solidement établie (lire ici, “avec plus de $ investi” !) D’ici là, l’expérience se poursuit avec succès: mes élèves étaient tellement absorbés l’autre jour que si on ne leur avait pas dit de sauvegarder, ils seraient restés rivés à leur chaise devant leur ordi à travailler les mots ensemble, chacun avec les membres de son équipe. C’était beau à voir travailler. Bien employées, les TIC sont une aide précieuse au climat de collaboration. J’y reviendrai dans un futur billet aussi… (Eh que j’ai des billets à écrire, moi ! ;-)))